Je suis en train de lire Baltiques, des poèmes de Tomas Tranströmer et tombe sur cette phrase :
“Je regardai le ciel et le sol et tout droit ; et j’écris depuis lors une longue lettre aux morts sur une machine qui n’a pas de ruban, seule une ligne d’horizon ; ainsi, les mots cognent en vain et rien ne reste”.
Du coup je me relève et sors ma vieille Corona que je n’avais pas utilisée depuis des siècles. J’enlève la poussière, le ruban est complètement usé, je tape un mot. Merveille oubliée : dans une splendide claque métallique, les caractères viennent s’enfoncer profondément dans le papier comme des pattes d’oiseaux sur la neige…
C’est ce qui me manque le plus sur mon Mac : que ce soit une machine qui n’ait pas de ruban… Que les lettres ne puissent pas s’incruster dans le papier, qu’on ne sente pas que ça s’enfonce dans quelque chose… Rien : un pauvre cliquetis sans profondeur sur un écran RVB. C’était mieux avant, non ? Et ce qui manque aussi c’est le “retour-charriot”, le plaisir de pousser le chariot d’un geste vif en bout de ligne, avec la petite clochette…Allez, faut arrêter la nostalgie… Je vais aller me faire un café.
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Quelques bouts de nostalgie
Nostalgie des coquelicots et du sourire de la petite boulangère
Mesurer le temps et sa vie en matins…
Nostalgie des temps heureux…
Remonter le temps en rentrant dans les tableaux
Nostalgie des petits villages
Quand les caractères s’incrustaient dans le papier
Oui !
C’est sur ces “machines à écrire” que j’ai appris à l’âge de 12 ans environ à taper …
Je me prenais les doigts entre les touches et parfois, elles restaient coincées ..( les touches, pas mes doigts … quoi que … tout juste … )
Et le carbone et la maladresse avec laquelle je le plaçais ..
Apprendre à taper sans regarder le clavier .. mais, je ne suis pas devenue secrétaire, déjà je ne savais pas faire les choses à moitié !
Merci “Switchie” !