Je ne sais pas pourquoi, en passant au marché ce matin, en voyant des lapins pendus à la devanture du boucher, j’ai repensé à ceci : en 1945, Jorge-Luis Borgès déclarait à un journal de Montevideo que la situation était si grave en Argentine qu’un très grand nombre d’argentins étaient en train de devenir nazis sans s’en rendre compte. Quelques mois plus tard, le général Juan Peron le faisait radier de son poste de bibliothécaire et nommer … Inspecteur des Volailles et des Lapins au marché de la rue Cordoba. Bétise crasse des fascistes. En 1955, Borges sera nommé Directeur de la Bibliothèque Nationale et deviendra aveugle, évoquant “la splendide ironie de Dieu qui le gratifie simultanément de 800 000 ouvrages et de la pénombre”. En 1986, le plus grand écrivain du monde disparait sans avoir jamais reçu le prix Nobel de littérature. Bétise crasse des Nobels !
Quant à moi, je n’ambitionne rien d’autre qu’être un jour nommé Inspecteur des Laitues et des Potirons au marché de la rue Cler, Paris VII ! Ou, comme l’imaginait Nikos Kanzantzaki, “capitaine dans le vaisseau que la reine de Saba envoyait tous les trois ans à Salomon, chargé de singes et de paons”. Ou encore Messager des étoiles qui serait un bien beau métier
Texte renversant de Nikos Kazantzaki