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Hier soir je vais dîner avec Muriel et Jonathan. En partant, je pique en vitesse un livre dans ma bibliothèque, je descend dans le métro, j’ouvre à la première page cochée il y a longtemps et je lis :
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Mars 1870. Arthur Rimbaud a dix-sept ans…
Chaque fois que je lis ce poème c’est le même ravissement. La vie est un miracle !