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Je ne supporte pas les trucs dilués, mous, flasques, amorphes ; les purées, les mélasses sans forme. Et donc je ne supporte plus les saisons qu’on nous sert ces derniers temps, en tout cas à Paris.
J’aime les choses nettes, franches et structurées. Et donc je veux qu’on me redonne des printemps radieux, étincelants, frais et roses menant progressivement à des étés dorés comme des blés accablés de soleil, des automnes cuivrés et frisquets précédant des hivers en noir & blanc, couverts de neige, sentant bon les feux de bois et avec de grands ciels gris où volent des corneilles noires … Bon — en gros évidemment — car il faudrait encore ajouter tout ce qui va avec et que je n’ai pas la place de décrire ici : les sons, les impressions, les parfums, les saveurs, les couleurs… spécifiques à chaque saison.
Au lieu de ça, ce qu’on expérimente en ce moment, c’est juste un dégueulis de rien du tout, un mélange qui ne veux rien dire, une sorte de brandade sans forme, du grand n’importe quoi, un peu comme la construction européenne ou la politique gouvernementale. Je ne veux pas de “saisons neutres”, je veux des saisons marquées, avec des frontières nettes qu’on ne franchisse pas sans s’en rendre compte, genre “saisons de tous les pays unissez vous”. Je ne veux pas de “saisons sans frontières”, bariolées genre “enrichissons-nous de nos différences”. Pas de saisons moyennes, banalisées, fatiguées, épuisées comme en ce moment. Non, je veux de vraies saisons : des saisons fortes, violentes, sûres d’elles-mêmes, chacune défendant sa spécificité, au besoin l’arme au pied ;-) Je veux des saisons véritables, pas déliquescentes et avachies autour du “plus petit commun dénominateur”… Marre de la bouillie, marre de la purée, marre des brandades ! Je veux juste qu’on me rende les saisons marquées de mon enfance : ardentes, impétueuses, magnifiques… Eh oui, je suis un grand nostalgique. Et alors c’est gênant ?
– Peut-être Dieu en a marre de faire touner les saisons ?
– Toutes les saisons sont belles.
– Un homme pour toutes les saisons