Le président vénézuélien veut créer un “Téléjournal de la vérité» ! …

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Nicolás Maduro, le président vénézuélien, a annoncé la semaine dernière, la création de «El Noticiero de la Veridad” (“Le téléjournal de la vérité»), une agence gouvernementale d’informations plus… gouvernementales justement :-). Diffusant des programmes radio et TV gouvernementaux que les médias privés devront relayer deux fois par jour.

Pour Nicolás Maduro — qui s’y connait bien en matière de liberté d’expression — ce bulletin était devenu une nécessité car les médias privés du Vénézuela ne rendaient, parait-il, pas suffisamment compte des activités gouvernementales, et tentaient même – rendez-vous compte – de minimiser les réalisations de sa magnifique administration !

Au cours des 143 premiers jours de son administration, le président Maduro a fait 106 adresses officielles, qui ont duré un total de 70 heures 28 minutes…. François Hollande et Najat-Belkacem vont sûrement s’en inspirer. En tout cas, il faut comprendre le pauvre Maduro : c’est agaçant de voir les méchants médias décrire un pays fictif qui n’a rien à voir avec ce que le Gouvernement veut que les citoyens voient et croient ! Non mais où va-t-on si l’État ne contrôle pas également les bulletins d’information :-)

Chez nous, on n’a d’ailleurs même pas ce problème de propagande parce qu’on l’a résolu de façon beaucoup plus soft : avec des journalistes qui sont déjà des passeurs de plats. Le Président Vénézuélien n’a donc rien compris et devrait s’inspirer de notre modèle Français.

Pour m’amuser, j’ai cherché la définition d’un journaliste et j’ai appris que, dans le Code du travail (art. L7111-3 à L7111-5) était considéré comme un “journaliste professionnel toute personne ayant pour activité principale, régulière et rétribuée, l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources”.

Cette définition est totalement gagesque : En gros vous êtes journaliste si vous travaillee dans ine entreprises… de presse ! On se moque d’ailleurs complètement de leur statut juridique. Ce qu’on attend d’un journaliste, c’est avant tout qu’il soit soucieux de rechercher la vérité, comme le ferait un juge d’instruction – à charge et à décharge — en traquant les indices, en décortiquant les faits et en regardant la réalité en face. Ce n’est pas de répéter servilement ce qu’on lui aura dit de dire dans un communiqué officiel rédigé à l’Élysée, à Matignon ou par l’AFP. Communiqué qu’il ne fera que réciter en l’agrémentant un peu de la bouilie conformiste de leur catéchisme idéologique ! Depuis quelques années, — à part de très rares exceptions qui sont parties sur le web et n’exercent donc plus dans ce qu’on appelle les “grands médias” — nos journalistes sont en réalité des relais quasi officiels du Pouvoir , des passeurs de plats gouvernementaux, de zélés services après-vente de la communication officielle ou de la pensée idéologique au Pouvoir … Surtout des forcenés de l’anti-libéralisme qui est leur marque de fabrique et quasiment la condition sine qua non pour obtenir la carte de journaliste et exercer dans un grand média. Marxiste, trotskiste, Étatiste, keynésien, pas de problème. Mais libéral ? mon Dieu non, quelle horreur. C’est carrément nauséabond et vous méritez votre photo sur le fameux “mur des cons”.

Le Président Vénézuélien a donc tout faux avec sa «Noticiero de la Veridad”. Notre système français est beaucoup plus subtil et efficace : il suffit de mettre les journalistes dans la poche du Pouvoir et hop c’est fait. Pas difficile : ils sont à la fois serviles, ligotés par les budgets de pub, tenus en laisse par leurs amis, et subventionnés par l’État au frais du contribuable.

Serviles : ils font spontanément et parfaitement bien ce qu’on attend d’eux : leur psittacisme (qui consiste à répéter les paroles officielles à la façon de petit perroquets) est parfaitement rôdé. Mais attention : ils ne disent surtout pas qu’ils se sont couchés devant le Pouvoir et ses petits fours alléchants. Non, non : ils continuent à prétendre qu’ils sont vigilants, qu’ils sont des vigies de la démocratie, qu’ils exercent le “dur métier d’information de l’opinion” et que, si par malheur ils disparaîssaient des kiosques, ce serait – sortez vos mouchoirs – “une petite partie de notre démocratie qui disparaîtrait avec eux”. Sans rire !

Ligotés par les budgets de pub : s’ils sont trop critiques envers le pouvoir (et ses multiples ramifications dans les entreprises nationales ou subventionnées), on leur fera comprendre que, “voyez-vous, c’est très dommage mais votre titre de presse n’a pas été retenu dans le plan média pour la prochaine campagne de pub” ! Et le rédacteur en chef comprendra très vite que, la prochaine fois, s’il veut revoir l’argent des campagnes de pub et remplir ses caisses pour payer ses salariés, il faudra qu’il soit un peu plus compréhensif complaisant envers le Pouvoir… Ce n’est éviemment pas dit de façon aussi brutale car, voyez-vous, on est des amis de la même promo à Sc-Po ou l’ENA, mais en gros c’est comme ça que ça se passe.

Tenus en laisse (ou par la barbichette) : le journaliste qui aura eu la malencontreuse idée d’égratigner le pouvoir dans un article un peu trop critique ne sera plus invité dans l’avion présidentiel ou à tel déplacement du Premier ministre. Alors évidemment adieu le scoop ou la confidence à donner à ses lecteurs à son retour ! Et donc, là encore, on lui fera comprendre que, s’il veut une interview d’un ministre (“une interview exclusive coco ça t’intéresse?”), il ne faut pas continuer à faire des papiers trop agressifs. Un papier complaisant sur l’action d’un ministre, ça vaut bien une carte de presse et un salaire, non ? D’ailleurs ils n’ont même pas besoin d’être menacés : ils sont couchés spontanément car, voyez-vous, on déjeune ensemble, on dîne ensemble et on couche même ensemble… alors on ne se critique pas vraiment n’est ce pas ! Et puis, avec les contrôleurs du fisc, vous savez, il ne faut peut-être pas être trop agressif envers un ministre… On n’a pas tout déclaré, on n’a pas encore fait l’objet d’un redressement et, voyez-vous, ce n’est pas la peine de se mettre en situation difficile :-)

Subventionnés par l’État : les citoyens se détournent de plus en plus d’une presse qui ne les informe plus. Ils ne la lisent plus. Pire encore : ils ne l’achètent même plus. Mais, au lieu de laisser crever des titres qui n’ont plus de lecteurs (ce qui serait la loi naturelle du marché), l’État les subventionne — au frais du contribuable — soit disant pour défendre la “liberté de la presse” mais en réalité pour que des journaleux serviles, rampants et soumis, continuent à passer les plats et à leur renvoyer un miroir complaisant !

Dans un récent rapport présenté mercredi dernier au Sénat, la Cour des Comptes appelait à une mise à plat de tout notre système d’aides à la presse, un système jugé dispendieux, incohérent et inefficace (rien que ça). Et effectivement, il y a de l’argent qui se perd :
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J’ai arrêté la liste à 4 millions d’euros mais il y a évidemment aussi, plus bas, “le Parisien”, “Elle”, “Femme Actuelle”, “Challenge”, “Télé Poche” … Tous touchent entre 2 et 3 millions d’euros. Pour défendre la démocratie naturellement ! Voilà à quoi passe l’argent du contribuable : à subventionner une presse qui n’est plus achetée, qui n’est plus lue, qui s’est décrédibilisée, mais qui continue de cirer les pompes du Pouvoir. Ça vaut bien des “aides” non ?

Dans ce même rapport, la Cour brisait aussi le tabou de l’abattement fiscal réservé aux journalistes qui coûte au contribuable 60 millions d’euros par an. Et on dit nous dit qu’on manque d’argent pour financer les hôpitaux, les crèches des enfants, les repas des sans abris ou les blocs Alzheimer ? Quelle farce.

Heureusement, désormais, il y a internet ! Et on peut donc échapper à cette propagande soft mais nocive que le président Vénézuélien n’imagine même pas. Comme les politiques, nos journalistes ne se rendent pas encore bien compte du nombre de gens qui ne les écoutent plus et vont chercher ailleurs un peu plus d’objectivité. Mais quand ils se réveilleront de leur formol, ça va faire mal !

Des journalistes qui se couchent plus vite que leur ombre (affaire Snowden)
Pire que le bruit des bottes …
Les idées de Maduro contre la pénurie dans l’utopie socialiste
En France on achète [pardon, on subventionne] la Presse

5 responses to “Le président vénézuélien veut créer un “Téléjournal de la vérité» ! …

  1. aya

    merci, merci pour tous les détails donnés , cela mériterait d’être amplement diffusé ..
    internet, notre dernier petit espace de liberté ? pour combien de temps ?
    j’aime beaucoup l’expression ” passeur de plats “

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