Tellement de gens à envoyer dans les cercles des enfers !

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J’ai bien du lire la Divine Comédie cinq ou six fois dans trois ou quatre traductions différentes, et chaque fois (il suffit que j’entende une phrase, n’importe laquelle, pour que je tombe carrément à la renverse, comme un hanneton, tellement je suis heureux. Je trouve ce texte carrément beau. Tellement beau qu’il n’y a rien de plus à en dire ici. Il faut tout lire, c’est tout.

Pourquoi diable est ce que je vous parlais de ça ? Ah oui, parce que, ces derniers mois, j’ai entendu pas mal d’abrutis, politiques ou journalistes) qui m’ont passablement plombé la tête. Et que je suis content de savoir qu’il y a, dans les cercles ou dans les fosses des Enfers, une place où on pourra les envoyer bouillir dans de la poix bouillante !

Je vous donne [un bout de] la liste pour le cas où vous auriez aussi des connaissances (dans la politique ou les médias ?) qui ne seraient pas à leur place :

– Les gens sans caractère, les lâches : piqués par des aiguillons de frelons et de guêpes, et happés par des vermines.
– Les violents contre leur prochain : mis à bouillir dans une rivière de sang.
– Les hypocrites : portent en marchant des chapes en or à l’extérieur et en plomb à l’intérieur.
– Les voleurs : dans une fosse à serpents dont la morsure enflamme le corps.
– Les conseillers de fraude : entourés par des flammes.
– Les blasphémateurs : gisent en terre, assis tout ramassés, ou marchent en rond sans s’arrêter, sous la pluie de feu.
– Les flatteurs et adulateurs : plongés dans la fiente
– Les simoniaques : placés dans mille trous comme des bougies d’où leurs pieds dépassent et brûlent.
– Les concussionnaires et prévaricateurs : retenus au fond de la poix bouillante par les démons.
– Les devins et sorciers : invertis du menton aux épaules, la face tournée du côté de leurs reins, marchant en arrière.
– Les semeurs de scandale et de schisme : le corps fendu et éventré, boyaux pendants…

Que voulez vous, moi ça me fait un bien immense de savoir que tous ces gens sont envoyés par Dante en ENFER ! Jubilatoire :-)
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peur3
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Et si un jour je décide de quitter cette planète de façon anticipée, je crois qu’avant de partir, je payerais très cher quelques mercenaires – comme les deux que vous voyez sur la gauche de l’image – pour faire déguerpir tous les emmerdeurs qui nous auront pollué la vie. Comme je n’ai pas d’enfant, je leur laisserai même mon assurance-vie pour rémunérer ce travail essentiel au bien public :-) Tiens, il faut que je pense à aller prochainement chez mon notaire pour formaliser tout ça…
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Ecrabouiller le Mal ? Jubilatoire !


Image de Dante en haut : DOMENICO DI MICHELINO
Dante Illuminating Florence with his Poem (detail)
1465, Oil on canvas, Museo dell’Opera del Duomo, Florence

Le paradis est un état, tapez 1… Le paradis est un lieu, tapez 2…

bosh_paradis.jpg
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Avec Alzheimer qui gagne du terrain tous les jours [post de 2008], j’essaye désespérément de faire entrer dans ma petite tête d’oiseau que le Paradis n’est pas un lieu mais un état ; et qu’il suffirait parfois, ici et maintenant, de pousser la porte du Jardin pour y entrer et s’y reposer un peu (mais la porte est trop lourde en ce moment, je n’arrive plus à la pousser).

Quand j’étais petit, on me répétait que le Paradis était un lieu, et comme je voyais bien que je n’y étais pas, je vivais donc dans les deux seules autres boites disponibles qui restaient : le Purgatoire ou l’Enfer ! Le Paradis c’était forcément pour plus tard … Dieu sait quand… en tout cas plus tard.

Plus tard, ayant vu dans les musées trop de peintures avec des Jardins d’Eden magnifiques, j’ai mis un temps fou à admettre que le Paradis puisse n’être pas un lieu mais un état : un état de l’âme ou de la conscience. Et qu’il fallait carrément décider d’y être pour sentir sur sa vie comme une petite brise fraîche passant sur les pivoines d’un jardin au printemps …

Parfois des merles au mois de juin, et la musique surtout, m’ont indiqué des raccourcis et fait aimer la belle phrase de Novalis sur “le Paradis qui est pour ainsi dire dispersé sur toute la terre” (1)… Mais bon, ce que savent tous les merles, les philosophes, les mystiques, les sages, les saints, les taoïstes, les chiens, les bouddhistes, les gens simples et même les coccinelles… moi, comme un âne, il m’aura fallu une vie pour le comprendre ; et encore. Si vous saviez le temps que j’ai perdu dans la vie ; et que je perds encore ! Faut vite que je révise ma géographie de l’Au-delà et de l’être-là…

“Le paradis est pour ainsi dire dispersé sur toute la terre (…) Ses traits épars doivent être rassemblés”

Novalis

– Les petits bonheurs ce ne sont donc pas seulement des petits détails dérisoires mais des fragments dispersés du Paradis tout entier ! De magnifiques morceaux du Paradis !
– Comme souvent, il faut juste arriver à ne pas voir le détail mais l’ensemble !
ça m’a toujours déprimé d”avoir été chassé du Paradis…

Hieronymus Bosch. Paradis. Détail du panneau gauche du triptyque du Jugement Dernier, Vienne.

La belle phrase de Novalis : “Le paradis est pour ainsi dire dispersé sur toute la terre, c’est pourquoi il est devenu si difficile à reconnaître, etc. – Ses traits épars doivent être rassemblés – son squelette doit être rempli. Régénération du paradis”.

[“Das Paradies ist gleichsam über die ganze Erde verstreut und daher so unkenntlich etc. geworden – Seine zerstreuten Züge sollen vereinigt – sein Skelett soll ausgefüllt werden. Regeneration des Paradieses”].
Novalis, Schriften, t.3, das philosophische Werk II/ hrsg. Richard Samuel (Stuttgart, Kohlhammer, 1983, 3. Aufl.), p.446-447

Vous savez quoi ? Adam et Eve me tapent sur le système !

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Cela fait déjà un bon moment que ces deux là m’énervent. Mais plus j’écoute la radio et moins je peux les supporter – eux et leurs descendants [ce post date de 2007].

Ils font très exactement le contraire de ce qu’il faudrait faire pour qu’on vive dans un monde meilleur et ensuite ils viennent pleurnicher sur les pots cassés (les crimes, les guerres mais aussi les grèves idiotes et les déficits financiers abyssaux…) ou geindre comme des lamentables sur le lait renversé (ils ne savaient pas, il aurait fallu les prévenir) etc…. Mais on les avait prévenus justement ! Eve et Adam en particulier, mais ils se croyaient malins et ont préféré désobéir et se croquer des pommes.

Alors que les hommes arrêtent leur âneries une bonne fois pour toute et ça commencera déjà à aller mieux. Mais accumuler les conneries et ensuite se plaindre moi ça me tue. D’abord ils se jettent dans le goudron (ce qui est déjà stupide); ensuite ils se roulent dans les plumes (encore plus stupide) et à la fin ils se plaignent d’être couverts de goudron et de plumes ! Pas possible de vivre avec des gens comme ça. Faut vraiment que les anges fassent quelque chose.

PS. Quand je dis goudron et plumes vous avez évidemment compris que je parlais de choses du genre du trou abyssal de la Sécurité sociale ou du déficit de 25 milliards d’euros pour les retraites en 2020 etc etc etc. Qu’ils arrêtent d’aligner les ardoises et de signer des chèques en blanc, sinon on n’y arrivera jamais et il faudra carrément envisager de se tirer de ce pays. Car j’espère tout de même qu’ils ne s’imaginent pas qu’on va éternellement rester ici à payer les pots cassés, le lait renversé, le trou perpétuel de la sécu, le déficit éternel des retraites, l’augmentation de la dette publique… A tout prendre, si ça continue, je crois que je préfèrerai manger du riz ailleurs qu’être le dindon de la farce ici et plumé jusqu’à la dernière plume. Voilà c’est dit. S’ils ne rétablissent pas la situation et l’équilibre des comptes, je mets ma carte d’identité en vente sur eBay et je me tire.

Masaccio, 1427, Adam et Eve chassés du Paradis (bien fait pour eux !)

Ci-dessous, quelques liens juste pour se ballader dans se blog qui radote et tourne en rond :
A propos d’HONNETETE :
et la vie serait belle ! [j’en ai déjà parlé à l’époque, en 2004 et donc je fais juste un lien]
Et le Décalogue, c’est pour les chiens ?

A propos de MENSONGES :
La République ment depuis tellement longtemps
Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose
Cahuzac, Bernheim etc
Mentez il en restera toujours quelque chose

A propos de CONFIANCE :
C’est beau la confiance…
Je suis complètement idiot de faire confiance !
Je (ne) fais (pas/plus) confiance à la justice de mon pays

Et le Décalogue, c’est pour les chiens ?

Au musée diocésain de Cortona, tout en haut à gauche de la magnifique Annonciation de Fra Angélico, il y a une minuscule représentation d’Adam et Eve chassés du Paradis comme des malpropres. Naturellement ces deux ânes sanglotent et versent des larmes de crocodiles comme s’ils avaient subi une grave injustice. On leur avait pourtant bien dit “touche pas à la pomme !”.

angelico_cortona_01.jpg

Tous les jours à la radio j’entends se reproduire la même histoire. On leur dit : “tu ne tueras pas”, “tu ne te taperas pas la femme du copain”, “tu ne voleras pas sa mobylette, “tu ne prendras pas le sens interdit avec ton Vélib’… etc – (il y en a douze comme ça dans le Décalogue) et, depuis la nuit des temps, ces crétins font exactement le contraire et mettent la planète à feu et à sang. Et quand il y a des montagnes de morts et des cadavres partout, ils pleurnichent devant les bains de sang et lèvent un index accusateur vers le ciel avec des trémolos dans la voix sur le mode “mais si Dieu est bon, comment a-t-il pu laisser faire le Mal ?” (avec un grand M naturellement). Comme si c’était Dieu qui avait tiré avec sa kalachnikov !

J’ai renoncé à comprendre et ai d’ailleurs décroché depuis longtemps : si je me rappelle bien, c’était c’était au moment où Dieu a dit : “touche pas à cet arbre !”. Quand j’ai vu Eve bouffer la pomme, je crois bien que c’est là que je me suis dit : faut que je me tire vite fait parce que ces gens sont des malades mentaux et ils vont foutre la merde. Je ne me suis malheureusement pas tiré à temps. Mais j’avais raison : ils ont vraiment foutu la merde !

Pour ceux qui ne savent pas, Cortona est ici, entre Siena et Perugia…

Ci-dessous, quelques liens juste pour se ballader dans se blog et continuer à radoter :

A propos d’HONNETETE :
et la vie serait belle ! [j’en ai déjà parlé à l’époque, en 2004 et donc je fais juste un lien]
Adam et Eve me tapent sur le système !

A propos de MENSONGES :
La République ment depuis tellement longtemps
Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose
Cahuzac, Bernheim etc
Mentez il en restera toujours quelque chose

A propos de CONFIANCE :
C’est beau la confiance…
Je suis complètement idiot de faire confiance !
Je (ne) fais (pas/plus) confiance à la justice de mon pays

Le Paradis entrevu dans l’embrasure de la porte

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J’adore les gens qui partent à New-York en vous disant : “rendez-vous dans un an à 19h30” et qui, après un crochet par Varsovie, vous attendent au rendez-vous, pile à l’heure, à 19h30. Hier soir, au Théâtre des Champs-Elysées, c’était pour la 7e de Bruckner dont l’Adagio géant, avec ses vagues désespérées, a été on le sait composé dans le pressentiment de la mort prochaine de Wagner. Un jour, raconte Bruckner, je rentrai chez moi très abattu ; je sentais que le Maître n’avait plus longtemps à vivre ; et l’Adagio en ut dièse me vint à l’idée…
“Avec cet Adagio décrivant l’inconsolable devant l’idéal inatteignable, m’a dit Eudes en sortant, Bruckner nous conduit aux portes du Paradis”…
Je l’ai effectivement entrevu un court instant dans l’embrasure de la porte…. Merci Eudes pour cette lumière fulgurante. C’était un très beau cadeau !

Besoin d’un peu (beaucoup) de repos …

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Encore des journées pas très faciles… Déjà fin août et pas encore pris un jour de vacances. Fatigue immense et le plus dur c’est qu’avec alzheimer le le pire est encore à venir… Ce blog va donc sans doute s’arrêter …

Quelques phrases de Cioran qui me tient (agréablement) compagnie le soir. Les deux premières de lui, l’autre citée par lui…

“Le paradis perdu, – mon obsession de chaque instant”.

“Il est évident qu’ici-bas je ne suis pas dans mon élément”.

“Who has not found the heaven below Will fail of it above”
(E. Dickinson)

(“Qui n’a pas trouvé le Ciel ici-bas le manquera là-haut”). Autrement dit : le ciel est la récompense de ceux qui l’ont trouvé déjà ici-bas. J’ai peut-être une petite chance alors ? …

“Il est évident qu’ici bas je ne suis pas dans mon élément”

cioran_175.jpg Je suis en train de lire les Carnets de Cioran. J’en suis à peine à la page 84 et il a déjà parlé trois cents fois de se suicider… A chaque page on est sur les cîmes du désespoir. Moi qui en ce moment le suis complètement (désespéré) ça me fait paradoxalement plutôt du bien ! Il fait un temps orageux, j’ai avalé plusieurs Dolipranes pour ne pas avoir mal au crâne et je vais continuer ma lecture… D’ailleurs il est clair qu’il ne va pas se suicider avant un bon moment puisque j’ai encore plus de mille pages à lire ! :-)

“Le paradis perdu, – mon obsession de chaque instant”.

“Pas un seul instant où je n’aie été conscient de me trouver hors du Paradis”

“Il est évident qu’ici bas je ne suis pas dans mon élément”

Message perso : Franck et Michèle, merci encore pour les 2000 pages des Oeuvres !

Une boite pour le huitième jour de la semaine ?

cachets.jpg

C’est marqué sur la boite, mais Maman ne sait plus très bien quel jour on est… Moi non plus d’ailleurs, je ne sais plus très bien. Alors je suis la disparition des cachets dans la boite pour savoir où j’en suis de la journée : quand c’est vide à gauche c’est encore le matin ; quand c’est vide à droite c’est que la journée est finie. Je ne l’ai pas vu passer mais elle est finie et on change de boite. Ma vie s’écoule comme ça, dans l’espace de ces sept boites des sept jours de la semaine qui ne mènent nulle part. Ou plutôt dans ce que Christian Bobin appelle le Huitième jour de la semaine, c’est à dire cette autre dimension du temps, ce pur présent que les sages et les philosophes appellent éternité. Le huitième jour ce n’est pas un jour en plus; mais chaque jour dans sa vérité, dans sa quotidienneté de vivre. Vivre non pas l’attente ou la nostalgie de quelque chose (comment ferait-on d’ailleurs puisqu’on ne se souvient plus de rien) mais la pure présence du présent. Le Huitième jour c’est la vie quotidienne en tant que le présent est là; c’est à dire ce que Spinoza appelle “une expérience d’éternité”. Une éternité douloureuse et accablante mais une expérience d’éternité tout de même. Je finirai bien par arriver au Paradis plus vite que prévu.

——————
Décidément j’ai vraiment un problème avec le temps qui passe ! … et avec mon horloge biologique qui est détraquée ; et aussi avec le temps qui passe !
Et maintenant aussi avec le “temps-alzheimer” aussi : La montre-baromètre ;Explosion de la logique temporelle ;

Message personnel : Julia, c’est grâce à toi que nous avons ces boites de cachets qui, tu le vois, nous servent aussi d’agenda et de calendrier ! Merci.

Aller au Paradis avec les ânes…

anes.jpg Parfois je me dis que j’ai tout de même de la chance de vivre à Paris. En sortant du bureau, rue de Constantine, je vois souvent passer une petite bande d’ânes et de poneys qui trottent d’un pas tranquille pour aller au jardin des Tuilleries. Ils viennent par l’Ecole Militaire, passent sous les fenêtres de la Cour de Justice de l’Etat, du Service d’information du Gouvernement, puis du British Council, du Centre Culturel Canadien, ils tournent à droite au bout du Quai d’Orsay, passent devant l’Assemblée et hop, ils sont dans le jardin des Tuilleries… Pendant que dans les bureaux les bureaucrates rédigent des notes, dehors, les petits ânes passent… C’est un bon job ça, d’être âne et d’aller promener les enfants sur son dos à dix heures du matin !

Prière pour aller au Paradis avec les ânes de Françis Jammes

jammes.jpgLorsqu’il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites
que ce soit par un jour où la campagne en fête
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
choisir un chemin pour aller, comme il me plaira,
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles.
Je prendrai mon bâton et sur la grande route
j’irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Françis Jammes et je vais au Paradis,
car il n’y a pas d’enfer au pays du Bon-Dieu.
Je leur dirai : Venez, doux amis du ciel bleu,
pauvres bêtes chéries qui, d’un brusque mouvement d’oreille,
chassez les mouches plates, les coups et les abeilles…
Que je vous apparaisse au milieu de ces bêtes
que j’aime tant parce qu’elles baissent la tête
doucement, et s’arrêtent en joignant leurs petits pieds
d’une façon bien douce et qui vous fait pitié.
J’arriverai suivi de leurs milliers d’oreilles,
suivi de ceux qui portèrent au flanc des corbeilles,
de ceux qui ont au dos des bidons bossués,
des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés,
de ceux à qui l’on met des petits pantalons
à cause des plaies bleues et suintantes que font
les mouches entêtées qui s’y groupent en ronds.
Mon Dieu, faites qu’avec ces ânes je vous vienne.
Faites que dans la paix, des anges nous conduisent
vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
qui mireront leur humble et douce pauvreté
à la limpidité de l’amour éternel.

Françis Jammes – Le Deuil des Primevères – Gallimard

… et la vie serait belle !

god.jpgPlus ça va et plus je me dis que si on voulait vraiment que tout aille mieux dans ce pays, il suffirait qu’on pilonne toutes les lois votées depuis une bonne cinquantaine d’années, qu’on interdise aux députés de voter la moindre loi nouvelle pendant cinquante ans et qu’on se contente d’appliquer les Dix commandements (ou des lois laïques reprenant les dix commandements si vous préférez, ça m’est complètement égal que ce soit laïque ou pas, pourvu qu’on soit tranquilles). Les Parlementaires rédigeraient des articles dans ce genre (je pique au hasard dans Exode 20 ou Deutéronome 5):
16 Honore ton père et ta mère
17 Tu ne tueras point.
18 Tu ne commettras point d’adultère.
19 Tu ne déroberas point.
20 Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
21 Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain; tu ne désireras point la maison de ton prochain, ni son champ, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.

etc …

Dans ma grande et généreuse bonté, j’autoriserais bien sûr les députés à déposer quelques menus amendements pour ajouter notamment “la mobylette du copain”, ou “le portable d’Isabelle” [tu vois que je pense à toi Isa et je profite de cette parenthèse pour te dire qu’on était très heureux que tu viennes dîner vendredi soir – fin de la parenthèse] oui, donc je disais: les portables et autres trucs qu’on en a marre de se les faire piquer; Mais en gros on s’arrêterait là: dix phrases pas plus. Et on aurait une paix royale. Oui, je sais, généralement quand vous remontez en arrière de quelques années, voire d’une république ou deux, on vous traite de réactionnaire. Moi, je remonte carrément de plus de vingt siècles, jusqu’à Moïse. tant qu’à faire! :-)

Le problème, vous me direz, c’est d’appliquer la loi ? C’est vrai, et dans Exode 20, 18, il est dit qu’en entendant Moise énumérer le Décalogue: “Tout le peuple entendait les tonnerres et le son de la trompette; il voyait les flammes de la montagne fumante. A ce spectacle, le peuple tremblait, et se tenait dans l’éloignement”. Dommage que le peuple ne tremble plus en entendant le tonnerre ! Encore un coup tordu de Benjamin Franklin !

Ci-dessous, quelques liens juste pour se ballader dans se blog et continuer à radoter :
A propos d’HONNETETE :
Et le Décalogue, c’est pour les chiens ?
Adam et Eve me tapent sur le système !
Et l’option “conscience” comment est ce que je l’active ?
Kant : Les étoiles en haut, les fleurs en bas, et la loi morale à l’intérieur
et la vie serait belle !

A propos de MENSONGES :
La République ment depuis tellement longtemps
Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose
Cahuzac, Bernheim etc
Mentez il en restera toujours quelque chose

A propos de CONFIANCE :
C’est beau la confiance…
Je suis complètement idiot de faire confiance !
Je (ne) fais (pas/plus) confiance à la justice de mon pays

Prière pour aller au paradis avec les ânes

jammes.jpg

Prière pour aller au paradis avec les ânes de Françis Jammes

Lorsqu’il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites
que ce soit par un jour où la campagne en fête
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
choisir un chemin pour aller, comme il me plaira,
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles.
Je prendrai mon bâton et sur la grande route
j’irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Françis Jammes et je vais au Paradis,
car il n’y a pas d’enfer au pays du Bon-Dieu.
Je leur dirai : Venez, doux amis du ciel bleu,
pauvres bêtes chéries qui, d’un brusque mouvement d’oreille,
chassez les mouches plates, les coups et les abeilles…
Que je vous apparaisse au milieu de ces bêtes
que j’aime tant parce qu’elles baissent la tête
doucement, et s’arrêtent en joignant leurs petits pieds
d’une façon bien douce et qui vous fait pitié.
J’arriverai suivi de leurs milliers d’oreilles,
suivi de ceux qui portèrent au flanc des corbeilles,
de ceux qui ont au dos des bidons bossués,
des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés,
de ceux à qui l’on met des petits pantalons
à cause des plaies bleues et suintantes que font
les mouches entêtées qui s’y groupent en ronds.
Mon Dieu, faites qu’avec ces ânes je vous vienne.
Faites que dans la paix, des anges nous conduisent
vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
qui mireront leur humble et douce pauvreté
à la limpidité de l’amour éternel.

Françis Jammes – Le Deuil des Primevères – Gallimard

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