.
Dans ma famille, depuis que je suis tout petit, pendant toute la période de l’Avent, on ouvrait tous les matins, une à une, les petites fenêtres des calendriers de noël, jusqu’au 24 décembre… La Chrétienté n’est plus à la mode et les calendriers d’aujourd’hui sont moches, avec des chocolats et autres fadaises commerciales. Mais, de mon temps, c’était des petites images merveilleuses de villages sous la neige, toutes plus jolies les unes que les autres. Toute ma vie je me suis dit qu’un jour j’ouvrirai une petite porte et que — hop— je passerais de l’autre côté, à l’intérieur du calendrier… Continue reading
Tag Archives: mort
Tomber dans un calendrier de l’Avent et y rester !
Posted in Confettis
L’ascenseur de l’Hôpital du Val-de-Grâce ne fait pas dans la nuance !
.
J’y étais encore ce matin pour des examens (le Val-de-Grâce devient en quelque sorte ma résidence secondaire). Mais la sortie au rez-de-chaussée, la seule sortie en fait, par l’ascenseur est toujours plutôt inquiétante…
RH c’est rez de chaussée haut. RB c’est r-de-ch bas mais il n’y a pas de sortie (c’est la pharmacie)
– J’aime bien aller à l’hôpital !
– Je suis très admiratif de la signalétique de la Fondation Rothschild
Il y a des gens qui n’ont pas de chance dans la vie…
.
“Il arrive qu’un journal illustré, entreouvert il y a des années, laisse en vous des traces aussi profondes qu’un grand livre ou qu’une rencontre mémorable. A l’époque ou Life était l’hebdomadaire américain par excellence, dans un numéro tourné probablement d’une main négligeante (toujours ce qu’on s’attendait à voir : la guerre du Viet-nam ou celle de Corée, mêlée à des vedettes de cinéma, du sport ou de la politique du moment, je tombai sur la dernière page, réservée d’ordinaire à la “photographie de la semaine”, sans référence aux événements d’actualité, élue seulement pour ce que l’image présentait d’exceptionnel, de beau ou de saisissant. Continue reading
Posted in Confettis
Quoi qu’on dise, je vis finalement assez dangereusement !
.
J’aime bien ce qui tombe du ciel : la neige, la pluie, la spiritualité, les plumes des anges, la grêle, les arcs en ciel — il y a aussi parfois quelques crottes d’oiseaux mais bon… Ce que je n’aime pas en revanche, mais alors pas du tout – quand je passe dessous – ce sont les pots de géranium ! Continue reading
Posted in Confettis
Rendre la vie aux morts … si seulement je pouvais …
.
… C’est Louis Calaferte qui raconte quelque part l’histoire du minuscule petit coléoptère qui s’introduisit un jour — pour en changer le cours — dans la vie de l’entomologiste Pierre-André Latreille. Il lui apparût dans la cellule où, sous la Révolution, en attendant d’être déporté en Guyane, il était incarcéré à la prison de Bordeaux pour avoir refusé de prêter serment à la constitution civile.
L’ayant capturé et fait parvenir au naturaliste Bory de Saint-Vincent, celui-ci fit aussitôt libérer le détenu qui eut donc la vie sauve grâce à un minuscule petit insecte. Semblables interventions, sous des formes inattendues et en apparence dénuées d’effets potentiels, en disent long sur la précision de l’imbrication des faits dans la cohérence mystérieuse des destins.
L’insecte étant inconnu à cette époque, Latreille le baptisa donc Necrobium, qui rend la vie aux morts, son nom scientifique devenu plus tard Corynates ruficollis.
Si un infime petit coléoptère aux beaux reflets d’émail bleu avait la grande et généreuse bonté de passer dans ma cellule aujourd’hui, je lui demanderais de rendre la vie à une certaine personne née un 10 juillet…
Posted in Confettis
Les 8 conditions du succès en 3 minutes 46 secondes
.
Je trouve que cette chenille cecropia-caterpillar est vraiment magnifique et très printanière ;-) Dieu est vraiment grand d’avoir inventé des trucs pareils ! Ce qui me fait penser à deux choses. D’abord cette phrase que je trouve très inspirante :
La chenille appelle mort
Ce que le papillon appelle renaissance
Ensuite cette courte vidéo, [rien à voir avec la chenille] où Richard St John énonce magnifiquement, en 3 minutes 46 secondes seulement, les 8 conditions qui conduisent au succès [bon, peut-être que ça a tout de même à voir avec le succès du papillon ?].
Je trouve ce genre de petites vidéos extrêmement inspirantes. Et j’ai pu vérifier (pas seulement à mon bureau d’ailleurs), qu’il manquait généralement 7 des huit conditions…J’aurais tellement aimé travailler avec gens qui auraient eu à coeur de réunir les 8…
La vidéo de Richard St John sur YouTube est ici :
.
Chenille trouvée sur le site de Jeff Atwood
Posted in Confettis
Parfois c’est dur…
.
Il y a des weekends comme ça où il est particulièrement difficile de se réveiller après un rêve de la nuit…
.
© KONRAD von Soest, Mort de Marie
—
Ce surgissement mystérieux – fût-ce dans un rêve – du passé dans le présent, cette translation vertigineuse du lointain dans le proche, cette proximité de la personne disparue, presque intenable tellement elle est puissante, m’a fait rechercher ce que Jacques Darriulat avait dit à l’époque sur France Culture, dans une émission sur Proust, à propos de ce qu’il appelait “l’expérience des clochers de Martinville” ….
Continue reading
Toussaint, Mort et Vie Eternelle… [?]
Service de presse du Vatican, aujourd’hui, 1er novembre…
ANGELUS DE TOUSSAINT
CITE DU VATICAN, 1 NOV 2011 (VIS). Toussaint, a dit Benoît XVI à l’angélus, est propice à une réflexion qui, au-delà des contingences temporelles, se tourne vers l’éternité et la sainteté. “La liturgie du jour nous rappelle que la sainteté est la vocation première de tout baptisé. Avec le Père et l’Esprit, seul le Christ est saint, qui a aimé l’Eglise comme son épouse s’offrant pour sa sanctification. C’est pourquoi le peuple de Dieu tout entier est appelé à la sainteté… Regardons l’Eglise au-delà de sa dimension temporelle, marquée par la fragilité humaine, mais comme le Christ l’a voulue, une communion de saints… Aujourd’hui, nous vénérons cette communauté innombrable de saints qui, par delà leurs parcours, nous indiquent de multiples chemins de sainteté dans l’unique but, qui est de suivre le Christ en se conformant à lui, but de notre existence terrestre”.
Puis le Pape a évoqué la commémoration des défunts de demain, le souvenir des chers disparus, des âmes en route vers la plénitude de la vie, vers l’Eglise céleste dont la solennité de Toussaint nous ouvre l’horizon:
Ciel me tombe sur la tête
Ciel m’est tombé sur la tête. Chute des anges… chute des Saints … de Dieu ?
Prier ? Qui ? Croire ? En qui ?
tout s’écroule tout à coup.
Pas qu’on y ait cru vraiment… Et pourtant si, on y croyait un peu.
c’est à dire vraiment…
Deuil de Freud
Rien à voir cependant avec le “travail du deuil” dont le difficile concept s’est échappé du livre de Freud : Deuil et Mélancolie (1915) pour infiltrer un discours beaucoup plus commun. Freud, en effet, distingue trois moments qui se résument ainsi :
1. accaparement du sujet par sa douleur, ses regrets, ses remords et par l’image incessante de l’autre… et tenté par son propre anéantissement .
2. le moi, désireux néanmoins de rester en vie, surinvestit les liens qui le retiennent à l’objet et les délie un à un , si bien qu’on a pu dire que …
3. … le travail du deuil consistait à “ tuer le mort ”.
Voilà, je suis orphelin et inconsolable
J’avais abandonné ce pauvre blog en mai 2008 parce que la maladie d’Alzheimer de Maman était déjà trop lourde à porter. Je ne sais pas comment j’ai trouvé la force de continuer, mais j’aurai finalement tenu encore deux ans et deux mois de plus… Maman est partie hier matin et je suis désormais orphelin. Orphelin, inconsolable et exténué par ces dernières années épouvantables. Le Bon Dieu, finalement, aura eu pitié et elle sera heureusement partie détendue et apaisée. Le matin de sa mort, j’avais peur qu’elle soit triste ou crispée. Je l’ai trouvée souriante. Je ne savais pas que les morts souriaient : Maman, en tout cas, souriait…
Je vais essayer de recommencer à aller au Jardin du Luxembourg où je l’emmenais tout le temps quand elle pouvait encore se déplacer. J’irai voir les fleurs qu’elle aimait, les merles sur les belles pelouses, les canards dans le bassin, les poneys avec leurs bons yeux et les petits ânes qui promènent les enfants sur leur dos dans l’allée centrale… C’est ça qu’elle aimait. Elle avait un carnet d’adresses où elle gardait la liste de tous ses amis. Et à la lettre “A”, il y avait marqué “ânes”… Et elle avait écrit à la main tous leurs prénoms : Altesse, Aramis, Adriana, Athos, Rosette, Reinette, Mickey, Vulcain… C’est ce que je vais aller faire maintenant : aller au Jardin du Luxembourg et dire aux merles, aux petits ânes et aux grands rudbeckias jaunes qu’elle est partie.
Continue reading
In Memoriam…
Hier soir, réunion importante pour mon avenir professionnel. En sortant, au coin de la rue, j’ai vu, senti, imaginé, ressenti, cru voir ma tête comme ça :
Mais, curieusement, ça ne me faisait pas mal du tout ; je veux dire que voir ma tête posée comme ça, par terre, me procurait comme une sorte de détachement (c’est le cas de le dire) et de soulagement d’ordre spirituel. C’était indolore tellement ma tête était fatiguée d’avoir eu, ces derniers mois, à affronter tant et tant d’inertie bureaucratique et de mauvaise foi. Là, ce combat au moins est terminé. Je pense que Van Gogh a du ressentir quelque chose de similaire lorsqu’il s’est coupé l’oreille gauche après une violente dispute avec Paul Gauguin le 24 décembre 1888 (*). Couper l’oreille… couper la tête… même sentiment, comment dire ? d’immense soulagement intérieur et existentiel …
© PaulAlmasy
(*) Je vois que j’ai aussi un problème avec le 24 décembre : mort de switchie ; et dernière petite fenêtre des calendriers de l’Avent…
Clac, clac, je vais te couper la tête !
En ce moment tout part en charpie
C’est bizarre, en ce moment tout se déglingue à toute vitesse… Alzheimer et maman je n’en parle même pas. Mais mes chemises, mes chaussures, mon cerveau, mes nerfs, ma patience, ma santé : tout est usé, fusé, troué et tombe en charpie. Ma vie elle aussi tombe en quenouille. Il doit y avoir des moments comme ça dans une existence où tout arrive au bout du bout. Ma chemise verte, j’aurais peut-être encore pu la garder quelque temps. Mais mon cerveau et mes nerfs sont usés jusqu’à la corde et sont en train de craquer. Je tombe en miettes et serai bientôt bon à jeter aux moineaux. Alzheimer, c’est vraiment une maladie de merde !
La mémoire de certains soirs de Noël …
Switchie c’était ma petite chienne… morte il y a quatorze ans un soir de Noël. Même avec ma mémoire totalement pulvérisée, le coeur se serre comme si c’était hier… C’est curieux la mémoire… il y a des moments qui ne s’effacent pas ; et d’autres qui sont totalement pulvérisés…
– Switchie in memoriam
– Disparaitre dans un calendrier de l’Avent
De mon terrier, je vois très exactement ce qu’a peint Bosch
Il est clair que les lapins ont un sens aigu de la beauté, de la spiritualité et de l’extase mystique… Et que Hieronymus Bosch a donc très certainement été lapin dans une vie antérieure. Cela me frappe en rapprochant sa toile (à droite) de la photo que je viens de prendre du fond de mon terrier…
Hieronymus Bosch (1453-1516) Huile sur bois. Venise. Palais des Doges.
Je reconnais (je dois être un peu dérangé) que j’ai la manie des associations d’idées et des analogies
De mon terrier, je vois ce que Bosch voyait
– Pouvoir décrire la lumière… si un jour elle disparaissait ?
“Lorsqu’il n’y a plus rien à faire, que faites-vous ?”
Il y a des mots du dictionnaire qu’on utilise assez rarement dans la vie. Et puis le temps passe et tout à coup, paf, le mot s’applique parfaitement à ce qu’on vit et on prend peur. Par exemple “aporie” (vous savez cette sorte de situation où toutes les issues sont bloquées : si vous sortez par la porte vous êtes mort et si vous sortez par le fenêtre vous êtes également mort)… Vous n’utilisez pas souvent le mot ? moi non plus. Mais avec la progression d’alzheimer, je découvre ce que c’est que se trouver en pleine aporie : si je dois enfermer maman dans une maison, je me jette par la fenêtre tellement c’est triste. Et si je ne l’enferme pas, je me jette tout de même par la fenêtre tellement je n’en peux plus… Vous voyez, le vocabulaire est bien fait, tout est prévu, même les pires cas de détresse. Vous êtes en pleine aporie et comme il y a un mot pour ça, vous n’avez même pas l’impression que c’est grave (“Ah mon cher ami, vous êtes en pleine aporie, mais comme c’est amusant ce mot !”.). La seule chose qui me console c’est qu’au pire de l’absurde, ça ressemble presque à un koan japonais. Mais dans le bouddhisme zen, les koans ouvrent au moins la voie au satori et j’en suis loin ! Ou bien c’est la fenêtre qui est trop proche…
Voici un exemple d’aporie : le moine Xiang’yan dit : “Imaginez un homme sur un arbre accroché par les dents à une branche. Ses mains ne peuvent pas saisir la branche du dessus, et ses pieds n’atteignent pas la branche du dessous. Quelqu’un lui demande, “Pourquoi Bodhidharma est-il venu de l’Ouest ?” Si l’homme ne répond pas, il fait défaut au questionneur. Mais s’il desserre les dents pour répondre, il tombe et se tue.
[“L’homme perché sur l’arbre” extrait du Wumen guan (La passe sans porte)]
Allez, je vous laisse et je continue à serrer les machoires : faut encore tenir !
Posted in Confettis
Alzheimer fait les choses “à la perfection” !
C’est marrant, je tombe sur cette phrase de Antoine de Saint Exupéry :
La perfection est atteinte non quand il ne reste rien à ajouter, mais quand il ne reste rien à enlever.
J’aurais donc bientôt atteint la perfection ! Je crois en effet bien qu’il ne restera bientôt plus grand chose à enlever : la mémoire a été enlevée, les mots on été enlevés, la sérénité a été enlevée, la tranquillité a été enlevée, la joie a été enlevée, le sommeil a été enlevé, le calme et l’insouciance ont été enlevés, la santé a été enlevée, la confiance dans les autres a été enlevée, l’espoir a été enlevé, bref presque tout a été enlevé… Il ne reste guère plus que la vie qui n’a pas encore été enlevée… Donc, je corrige : je n’ai pas encore tout à fait atteint la perfection : il y a encore des trucs qu’Alzheimer va enlever…
Le bateau “in memoriam” sur Google Maps…
Je me doutais bien que Google Maps ne pouvait pas fournir des clichés instantanés. Et que les photos-satellite ne pouvaient pas être actualisées quotidiennement. Mais je pensais qu’elle étaient au moins mises à jour de temps en temps. Or on vient de me raconter l’histoire d’un bateau, dans un petit port de Nouvelle Ecosse, tout là bas, au bout du bout de l’extrême est du Canada… L’histoire, c’est que l’un des bateaux est parti un jour, ll y a plus de trois ans… Et qu’il n’est hélas jamais revenu… Mais sur Google, trois ans après, le petit bateau est toujours là, contre la maison … … … …
Je n’en dis pas plus car l’histoire est trop triste.
L’inadmissible précision de Google Maps
Les livreurs de pizza vont pouvoir délivrer leurs missiles avec plus de précision
Planter des rudbeckias jaunes
.
J’ai fait un rêve curieux cette nuit. Je rêvais que j’étais jardinier. Je creusais une terre qui était assez tendre et douce en me demandant si j’allais planter des pivoines roses ou des rudbeckias jaunes. Mais, soudain, je me suis rendu compte que le trou prenait la forme d’une tombe… Je me suis arrêté net et je me suis réveillé.
.
Quelques rêves
– «Sturzkampfflugzeug»
– La clé sous le paillasson !
– Clac clac je vais te couper la tête !
– Transformation imminente en dindon ?
– Rêve chinois N°2
– Hôtel Matignon, chambres à la journée…
– Parfois rêver c’est dur…
Testament (si je meurs…)
(version provisoire – Novembre 1996)
——————–
Si je meurs…
Si je meurs, j’aimerais bien que ce soit en hiver
sous les flocons de neige d’un calendrier de l’Avent
Si je meurs, j’aimerais bien que ce soit en été
et qu’il y ait les abeilles et des lauriers roses
Si je meurs, j’aimerais bien que ce soit en automne
quand on fait de grands feux avec les feuilles de l’automne
Si je meurs, j’aimerais bien que ce soit au printemps
quand les merles chantent en sautillant sur le gazon
Si je meurs, j’aimerais bien que ce soit en sol mineur,
ou en ré majeur comme lorsque je jouais du luth
ou même en silence mais que les tierces et la lumière soient douces
Si je meurs, j’aimerais que ce soit en couleur
ou en noir, mais qu’il y ait des chiens à mon enterrement
et qu’ils s’amusent en se roulant dans l’herbe
Si je meurs, j’aimerais bien que ceux qui m’ont aimé ne s’en fasse pas trop
– je veux dire qu’ils ne soient pas triste, car je partirai joyeux
Si je meurs, j’aimerais qu’on me transforme en petite poudre –
fine et douce comme celle des sabliers ou de la plage de Sables d’or –
mais pourrait-on faire que ceux que j’aime
n’assistent pas au ronflement de l’incinérateur ?
je veux dire que tout celà puisse avoir été fait avant ?
Puis mes amis m’emmèneraient dans des petites enveloppes en papier
et – cela ne se fait sûrement pas mais tant pis pour la loi –
me sèmeraient sur une jolie pelouse du Luxembourg
quand les agents auront le dos tourné
Vers le coin des abeilles, et aussi dans la partie où les chiens sont admis
Si je meurs et que c’est au printemps,
on me mettra avec les pivoines.
Si c’est l’hiver, avec les pensées ou les chrysanthèmes.
En été avec les cosmos et en automne au pied des grands rudbeckias jaunes
Si je meurs et qu’il n’y a pas de fleurs, qu’au moins la terre soit belle.
S’il pleut, cela me fera plaisir car j’ai toujours bien aimé la pluie.
Et s’il fait beau, chacun saura que j’en suis très heureux.
Si je meurs – certains penseront que ça n’a pas vraiment d’importance
mais je serai heureux qu’il y ait des moineaux en bas,
et tout là haut des corneilles qui tournoient à la cîme grands platanes,
et aussi des feuilles qui tombent des vieux arbres
et si c’est en juin qu’on le dise aux oiseaux que j’aimais bien
et surtout aux merles qui ont été une véritable joie
Si je meurs, j’aimerais bien qu’on m’enterre très tôt le matin,
quand le ciel est à l’orient tout rose et bordé de bel azur limpide
Et si je meurs le soir, qu’on le dise aux étoiles qui préviendront les bouddhas
qui le diront à quelques bons lamas tibétains à qui je dis toute ma reconnaissance
Si je meurs on pourra finalement me mettre n’importe où
Pourvu que la lumière soit belle ou qu’il y ait de la neige,
et de la pluie, ou du vent ou bien rien de ce que j’avais prévu.
Mais s’il pouvait y avoir une petite cloche qui tinte dans le lointain
cela me ferait plaisir.
Le reste n’a guère d’importance.
Et si je pars plus tôt que prévu – on ne sait jamais –
Muriel, Marielle et Julia m’aideront peut-être ?
à prendre, pour Maman, les décisions que je ne pourrai plus prendre…
Merci à toutes les trois. Au moins je partirai rassuré …
Quant à la disposition de ces choses qu’on appelle les biens des hommes,
quoiqu’ils soient le plus souvent les embarras de l’âme (Pétrarque),
que dire ? mon luth à Xavier ; ma guitare à Kim, toute la collection Guillaume Budé à Franckie…
Version provisoire – 22 novembre 1996
Je t’attends ce soir à Samarcande…
.
Conte arabe : Il y avait une fois, dans Bagdad, un Calife et son Vizir. Un jour, le Vizir arriva devant le Calife, pâle et tremblant :
“Pardonne mon épouvante, Lumière des Croyants, mais devant le Palais une femme m’a heurté dans la foule. Je me suis retourné : et cette femme au teint pâle, aux cheveux sombres, à la gorge voilée par une écharpe rouge était la Mort. En me voyant, elle a fait un geste vers moi. Puisque la mort me cherche ici, Seigneur, permets-moi de fuir me cacher loin d’ici, à Samarcande. En me hâtant, j’y serai avant ce soir”
Sur quoi il s’éloigna au grand galop de son cheval et disparu dans un nuage de poussière vers Samarcande. Le Calife sortit alors de son Palais et lui aussi rencontra la Mort. Il lui demanda :
“Pourquoi avoir effrayé mon Vizir qui est jeune et bien-portant ?”
– Et la Mort répondit :
“Je n’ai pas voulu l’effrayer, mais en le voyant dans Bagdad, j’ai eu un geste de surprise, car je l’attends ce soir à Samarcande”
——–
Vous je ne sais pas, mais moi, chaque fois que je l’entends, cette histoire me glace le dos, littéralement.
Posted in Confettis
Switchie s’arrête…
Depuis dix ans je n’avais rien trouvé de particulier aux petits motifs des rideaux de la cuisine de maman. Et aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi, c’est bizarre, je n’ai vu que des petites têtes de mort. Donc c’est clair, je dois fatiguer grave et j’arrête ce blog qui n’a plus de sens avec alzheimer si les idées deviennent noires à ce point. Tout est devenu trop compliqué : la vie professionnelle, la vie personnelle, la vie affective, la vie intellectielle… et aussi la vie tout court qui prend des allures de bilan de faillite.
Donc j’arrête. Cela m’évitera de chercher désespérément des trucs positifs à mettre dans ce foutu blog. Que je ne trouve plus d’ailleurs… Vaut mieux arrêter.
Des ailes (d’ange ?) pour planer au-dessus de la mort …
Muriel, qui a beaucoup de courage, me parle de son père qui vient de mourir et me montre une carte avec cette belle aile de Dürer, presque celle d’un ange… En rentrant chez moi, je feuillette les lettres de Van Gogh à Théo et trouve ces quelques phrases :
“Des ailes pour planer au-dessus de la vie!
“Des ailes pour planer au-dessus de la tombe et de la mort!”
(12 septembre 1875)
“Une lettre de mon père m’a appris ce matin la mort de l’oncle Jan. Une nouvelle de ce genre nous incite à répéter : Seigneur, attachez-nous intimement les uns aux autres et que notre Amour pour Vous rende ce lien de plus en plus solide”. [1er septembre 1875]
“Je lutte avec une toile commencée quelque jours avant mon indisposition ; un faucheur, l’étude est toute jaune, terriblement empâtée, mais le motif est beau et simple. Je vis alors dans ce faucheur l’image de la mort (…). Mais dans cette mort rien de triste, cela se passe en pleine lumière avec un soleil qui inonde tout d’une lumière d’or fin”… [septembre 1889]
Courage Muriel… Tu sais qu’il n’y a pas que les anges qui ont des ailes pour planer au-dessus de la mort. Et que ta vie continue d’être inondée de cette belle lumière d’or fin…
Albrecht Dürer – Aile. 1512. Aquarelle et gouache sur vélin. Graphische Sammlung Albertina, Vienne.
.
D’autres anges…
– L’ange de l’histoire de Klee
– J’aime bien ces anges…
– L’ange voleur d’étoiles,
– Sûrement j’exagère
– Wer wenn ich schreiee…
– L’ange des ruines de Dresden…
– J’aimerais bien que Dieu m’accorde 3 secondes !
– Pourquoi Fra Angélico a t-il peint ce trou ?
– Les simples de Dürer
– Une chauve-souris de Dürer
– Les petits tonnelets de Dürer
– Le magnifique lièvre de Dürer…
Mort numérique…
> Les bornes AirPort c’est magique. Mais quand ça ne marche pas pendant trois jours, on est littéralement coupé du monde : plus rien, plus de connexion, plus d’emails, plus d’amis, plus de blog, plus de musique, plus de sites, plus grand chose… Voilà c’était un message pour ceux qui croyaient que j’étais mort : c’était seulement une petite mort numérique.
Posted in Confettis
Explorer des mondes…
Benoit me fait un long récit de son voyage en Iran. Moi qui, à cause de Maman et d’alzheimer, ne bouge pratiquement plus de Paris, je me sens comme le vieux Zénon de Marguerite Yourcenar qui, tout à fait à la fin de sa vie, dans sa cellule, effleure du doigt les faibles aspérités d’une brique couverte de lichen et qui croit explorer des mondes… C’est un voyage aussi… Mais bon, d’accord, un jour je partirai sans doute à Samarcande !
Ce qui me fait penser à ce conte terrible…
Ce soir à Samarcande – Conte arabe :
> Il y avait une fois, dans Bagdad, un Calife et son Vizir. Un jour, le Vizir arriva devant le Calife, pâle et tremblant : “Pardonne mon épouvante, Lumière des Croyants, mais devant le Palais une femme m’a heurté dans la foule. Je me suis retourné : et cette femme au teint pâle, aux cheveux sombres, à la gorge voilée par une écharpe rouge était la Mort. En me voyant, elle a fait un geste vers moi.
Puisque la mort me cherche ici, Seigneur, permets-moi de fuir me cacher loin d’ici, à Samarcande. En me hâtant, j’y serai avant ce soir”.
Sur quoi il s’éloigna au grand galop de son cheval et disparu dans un nuage de poussière vers Samarcande. Le Calife sortit alors de son Palais et lui aussi rencontra la Mort :
– “Pourquoi avoir effrayé mon Vizir qui est jeune et bien-portant ?” demanda-t-il.
– Et la Mort répondit : “Je n’ai pas voulu l’effrayer, mais en le voyant dans Bagdad, j’ai eu un geste de surprise, car je l’attends ce soir à Samarcande”.
Posted in Confettis, Littérature
Mort de fatigue…
Ce week-end, temps absolument radieux. Dans l’après-midi, carrément crevé par maman et alzheimer, je m’allonge un moment sur l’herbe au pied du Dôme, la tête entre les pâquerettes, le ciel bleu à la verticale de mes soucis, ne pensant plus à rien…
Et tout à coup, drôle d’impression : j’ai la perspective que doit avoir un gisant, je veux dire que c’est ce que doivent voir les morts quand ils sont allongés dans l’herbe, avec un petit vent frais, les fleurs qui bougent sur leurs tiges et les nuages qui passent tout là haut. On a parait-il les ongles qui continuent à pousser… Je n’ai pas osé regarder et je me suis levé ! Vite, avant qu’ils ne referment le couvercle !
L’éventail de la mort…
Kim, qui a toujours un beau regard sur la vie, m’envoit des USA deux belles photos d’un cimetière avec des pierres tombales qui, sous un certain angle, prennent dans le soleil une belle forme d’éventail… l’éventail de la mort. Merci Kim ! Petit texte de Kim au dos des photos :
“Impressions and pictures taken whilst tiptoeing around a graveyard in South Amherst. Some lean forward, head bowed in resignation, gazing at the bowls of the earth. Others lean backwards, head staring upwards into the heavens. Like devout worshippers of times of old, some send murmurs to the red inferno of the deep, whilst others blow whispers at the star dappled sky. Can you hear them ? They moan and groan, the sandstine stiffens their limbs, and in pain they defy gravity. They need straightening, but they have yet to face their maker before their granite faces are righted. Some look down in disgrace and shame, and hope to be forgiven. Others smile with glee, contemplating life’s plenitude. But all with eventually topple and sink into the devouring mouth, this soft absorbing skin, this phagocyte on the face of the earth’s crust. In fact Eric, these stones appeared to me as a natural representation of the aesthetics surrounding Death. Some sort of symbol of the huge array, and spectrum as in panoplie of man’s efforts to come to understand what it is. The fact that this symbol manifested itself in the shape of a fan, eventail, took on further meaning….Love Kim “.
A propos de cimetières, je suggère un site de toute beauté que j’aurais bien aimé faire, réalisé en Flash par Jonathan Clark. Il faut que vous ayez l’ADSL. Et que vous soyez patients (pas pour le chargement qui est très rapide) mais parce que, sur chaque image, il y a un événement infime qui se produit. Donc prenez le temps de regarder ce qui bouge. N’y allez pas seulement pour deux secondes. Faites toutes les saisons, écoutez les oiseaux et attendez que les tulipes aient le temps de pousser ! C’est ici. [ou plutôt ce n’est plus ici et donc je retire l’URL pour l’instant]
Posted in Confettis
A qui est ce que je dois certifier que je suis encore vivant ?
> Régulièrement, la caisse de retraite de Maman lui adresse un document l’invitant à certifier qu’elle est bien vivante (histoire de continuer à lui verser sa pension). Moi personne ne me demande jamais de certifier que je suis encore vivant. Bon, c’est vrai, je le suis de moins en moins à cause de cette immense fatigue. Mais, tout de même, je serais bien content de signer un papier de temps en temps. Juste comme ça, pour le fun comme ils disent au canada.
Posted in Confettis
Testament (de Pétrarque)
Le Testament de Pétrarque (1303-1374)
“J’ai souvent réfléchi à ce à quoi personne ne songe trop et bien peu songent assez, je veux dire à la dernière heure et à la mort, pensée qui ne saurait être ni superflue ni prématurée, puisque la mort est certaine pour tous et que l’heure de la mort est incertaine.
Avant donc que la mort ne m’en empêche, car, outre qu’elle est toujours suspendue au-dessus de nos têtes à cause des accidents de tout genre, elle ne peut être éloignée à raison de la brièveté de la vie; maintenant que, par la grâce de Dieu, je suis sain de corps et d’esprit, je crois utile et convenable de disposer par testament de ma personne et de mes biens.
Quoique, à dire vrai, mes biens soient si peu nombreux et d’une si petite valeur que j’ai honte en quelque sorte d’en faire l’objet d’un testament. Mais riches et pauvres ont les mêmes soucis, bien que sur des choses inégales. Je veux donc régler mes dernières volontés et les consigner par écrit, par un sentiment de bienséance, et surtout pour éviter qu’après ma mort, par suite de ma négligeance, on ne fasse un procès sur mes prétendus biens. … Continue reading
Posted in Confettis, Littérature, Testament