On raconte qu’en 1226, alors qu’il célébrait la messe du jeudi saint dans une cathédrale des environs de Limoges, saint Antoine se rappela avoir promis de célébrer une autre messe, à la même heure, dans un autre monastère de cette ville. S’étant agenouillé devant l’autel, il demeura alors immobile pendant quelques minutes et hop, à ce moment précis, les frères du monastère en question le virent prier dans leur chapelle et disparaître tout de suite après ! Il s’agit, parait-il, d’un épisode de bilocation classique où le sujet, par un effort de volonté intense, investit un autre corps lui aussi apparemment physique pour se rendre dans un autre lieu et y accomplir une action déterminée.
Pourquoi est ce que je vous raconte cette histoire en janvier 2004 ? Parce que j’aimerais bien pouvoir m’occuper de ma mère qui ne va pas bien (Alzheimer). Et il faudrait justement que je sois capable de cet exercice banal de “bilocation” classique /strong>comme ils disent, pour continuer à bosser et reater auprès d’elle. Mais j’ai beau essayer de me concentrer… rien n’y fait, ça ne marche pas : bilocation, rien du tout, je reste scotché à mon bureau alors que ma mère a besoin de moi à son domicile où elle ne peut plus rester seule !
Je vais demander à ma Directrice qu’elle m’autorise à faire du télé-travail. Peut-être elle acceptera ? Et ce sera plus efficace que d’attendre que l’esprit saint me tombe sur la tête (1).
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Pour ne pas mourir idiot : Saint Antoine c’est le type à gauche sur le panneau en bois peint par Stefano di Giovanni, dit Sassetta, 1392-1450 : La Vierge et l’Enfant entourés de six anges; Saint Antoine de Padoue; Saint Jean l’Evangéliste. Musée du Louvre.
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(1) Le contrat de télétravail a finalement été signé le 1er avril : merci Françoise, merci Vincent, merci Jean-Martin, merci Christophe, merci Benoit, merci Jean-Charles…