A cause d’alzheimer, Maman ne parle presque plus. Elle oublie tous les mots qui disparaissent les uns après les autres… Alors j’essaye de comprendre ce qu’elle veut dire, de trouver les mots oubliés, de remettre un peu de sens et de logique là où il n’y a en déjà presque plus. Je suis devenu une sorte de …. traducteur de ce qui n’est pas dit…. Une histoire hassidique raconte qu’un juif illéttré ne sachant pas lire les prières pour le jour de kippour quitta la synagogue et alla en plein champ pour crier une à une les lettres de l’alphabet, demandant à Dieu de bien vouloir les ordonner à sa guise. Les lettes montèrent au ciel et la prière plut à Dieu…. J’essaye de faire pareil avec ce que maman ne dit plus : inventer les mots et remettre sa pensée dans l’odre… C’est difficile. On vit tous les deux avec une petite poignée de mots qu’on garde précieusement pour cet hiver comme les écureuils le font avec leurs noisettes. Je ne sais pas ce qyu nous restera en janvier…
Lord Polonius: What do you read, my lord?
Hamlet: Words, words, words.
Lord Polonius: What is the matter, my lord?
Hamlet: Between who?
Lord Polonius: I mean, the matter that you read, my lord.
(Hamlet II, 2, 191-195)