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Ce tag que m’a envoyé C@t me fait penser au grand Yasujiro Ozu. En 1937, il est mobilisé et part en Mandchourie pendant plusieurs années de guerre. Dans ses Carnets, il note les fusillades de plus en plus intenses qui n’arrêtent pas de toute la journée les tranchées qu’il creuse dans le boue, les marches forcées très dures durant lesquelles il souffre beaucoup et où, pour la premiere fois, il voit “les chevaux pleurer”…
Tag Archives: tristesse
La première fois où Yasujiro Ozu a vu les chevaux pleurer…
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Dimanche de Pâques…
Maman avait du peindre ces oeufs de Pâques il y a une vingtaine d’années… Ce sont les seuls que j’ai gardés et les ai sortis tout à l’heure, le coeur serré, du papier bulle dans lesquels je les avais rangés, cachés en haut d’une bibliothèque… C’est triste la vie, même – ou surtout – un dimanche de Pâques…
Pour me consoler, je vais passer le reste de la journée en me réfugiant ici…
Je comprends tellement cet ange…
me fait penser à celui-là
Voilà, je suis orphelin et inconsolable
J’avais abandonné ce pauvre blog en mai 2008 parce que la maladie d’Alzheimer de Maman était déjà trop lourde à porter. Je ne sais pas comment j’ai trouvé la force de continuer, mais j’aurai finalement tenu encore deux ans et deux mois de plus… Maman est partie hier matin et je suis désormais orphelin. Orphelin, inconsolable et exténué par ces dernières années épouvantables. Le Bon Dieu, finalement, aura eu pitié et elle sera heureusement partie détendue et apaisée. Le matin de sa mort, j’avais peur qu’elle soit triste ou crispée. Je l’ai trouvée souriante. Je ne savais pas que les morts souriaient : Maman, en tout cas, souriait…
Je vais essayer de recommencer à aller au Jardin du Luxembourg où je l’emmenais tout le temps quand elle pouvait encore se déplacer. J’irai voir les fleurs qu’elle aimait, les merles sur les belles pelouses, les canards dans le bassin, les poneys avec leurs bons yeux et les petits ânes qui promènent les enfants sur leur dos dans l’allée centrale… C’est ça qu’elle aimait. Elle avait un carnet d’adresses où elle gardait la liste de tous ses amis. Et à la lettre “A”, il y avait marqué “ânes”… Et elle avait écrit à la main tous leurs prénoms : Altesse, Aramis, Adriana, Athos, Rosette, Reinette, Mickey, Vulcain… C’est ce que je vais aller faire maintenant : aller au Jardin du Luxembourg et dire aux merles, aux petits ânes et aux grands rudbeckias jaunes qu’elle est partie.
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Rester enfant… Ou être chien, dans une autre vie
Tout à l’heure, assis sous les Paulownia mauves, je regardais les enfants jouer dans le bac à sable du petit square au pied de l’église : les uns riaient, les autres pleuraient… Tous criaient et piaillaient entre pâtés et toboggan… Moi qui n’arrive plus à séparer les choses tellement la marée noire de la tristesse alzheimer est en train de mazouter les dernières plages de bonheur qui me restaient, je me suis rappelé ces deux textes de Paul Valéry sur les enfants et les chiens qui arrivent si facilement à séparer et compartimenter leurs sentiments et à ne surtout pas mélanger bonheur et malheur :
J’aime les enfants car, quand ils s’amusent, ils s’amusent ;
et quand ils pleurent, ils pleurent ;
et cela se succède sans difficulté.
Mais ils ne mèlent pas ces visages.
Chaque phase est pure de l’autre.
Mais nous…”
Petit texte tiré de Mélange.
Et encore celui-ci, tiré de Paraboles
“Le chien heureux est tout heureux :
Il est bonheur sans ombre.
Il ne sait, il ne peut mélanger du malheur au bonheur,
Du bonheur au malheur.”
Je vais donc essayer de rester enfant le plus longtemps possible. Ou plutôt (vu mon état de délabrement) d’être chien… dans une autre vie en tout cas. Rejouer avec Switchie me fera vraiment du bien.
La mémoire de certains soirs de Noël …
Switchie c’était ma petite chienne… morte il y a quatorze ans un soir de Noël. Même avec ma mémoire totalement pulvérisée, le coeur se serre comme si c’était hier… C’est curieux la mémoire… il y a des moments qui ne s’effacent pas ; et d’autres qui sont totalement pulvérisés…
– Switchie in memoriam
– Disparaitre dans un calendrier de l’Avent
Switchie s’arrête…
Depuis dix ans je n’avais rien trouvé de particulier aux petits motifs des rideaux de la cuisine de maman. Et aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi, c’est bizarre, je n’ai vu que des petites têtes de mort. Donc c’est clair, je dois fatiguer grave et j’arrête ce blog qui n’a plus de sens avec alzheimer si les idées deviennent noires à ce point. Tout est devenu trop compliqué : la vie professionnelle, la vie personnelle, la vie affective, la vie intellectielle… et aussi la vie tout court qui prend des allures de bilan de faillite.
Donc j’arrête. Cela m’évitera de chercher désespérément des trucs positifs à mettre dans ce foutu blog. Que je ne trouve plus d’ailleurs… Vaut mieux arrêter.
Jonathan et Julie, je pense à vous
Pas le courage d’écrire quoi que ce soit ce soir. Il y a des moments dans la vie où on voit bien que les mots sembent complètement vides de sens, qu’on a beau dire n’importe quoi, ça ne change rien à la vie qui s’en est allée… On reste là avec le coeur serré, les larmes qui brouillent les yeux et on a de la peine à respirer… Il sera comme les étoiles dans le ciel : on sait qu’elle ne sont plus là mais leur lumière continue de nous arriver et de briller dans nos coeurs ! J’vous aime bien, je pense à vous. E.
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