Les ordinateurs d’EDF ne travaillent pas le dimanche ?

EDF
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J’ai pris l’habitude de régler mes factures de gaz et d’électricité en allant sur le site internet de GDF Suez Dolce Vita… Généralement je le fais en semaine et ça marche parfaitement bien. Mais ce matin — dimanche — j’ai fait une expérience bizarre. Vous vous imaginez peut-être que, sous prétexte qu’on est sur internet, on a affaire à des ordinateurs, qu’on accède à des guichets numériques et qu’il n’y a donc pas “d’heures ouvrables” ? Eh bien non…

Ce matin, si j’ai pu rentrer les chiffres du gaz, je n’ai pas pu saisir ceux correspondant à ma consommation d’électricité. Pourquoi ? Parce que — et ils le disent en toutes lettres (voir l’image) — leurs “plages de disponibilité ne sont ouvertes que du lundi au samedi et de 7h à 23h”… Le repos dominical pour un ordinateur c’est sacré : les ordinateurs d’EDF ne travaillent donc pas le dimanche. L’internet Français est vraiment formidable !

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En fait ce qui me gène le plus avec ces ordinateurs qui ne bossent pas le dimanche, c’est que je suis un farouche partisan de la démocratie digitale. Et si les ordinateurs du ministère de l’Intérieur sont comme ceux d’EDF et ne travaillent pas le dimanche (ou sont en congé ou en RTT ou en grève) on est mal…

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La “démocratie digitale” est mal barrée

Les médias s’émerveillent quand ils montrent un député consulter un iPad dans l’hémicycle, ce qui est franchement pathétique alors qu’avec les nouvelles technologies, on pourrait, à tout instant, saisir Peuple souverain sur tous les sujets, et comptabiliser précisément l’expression de sa volonté

À la limite, on n’aurait même plus besoin de “référendums” au sens ancien du terme. On demanderait régulièrement au Peuple ce qu’il veut, comme les Suisses avec leurs “votations populaires”. Et les citoyens voteraient les lois en cochant des cases numériques. Aussi simple que ça. Et qu’on ne me dise pas que c’est difficile. Les ordres boursiers sont sécurisés depuis belle lurette et on m’expliquerait que les serveurs du Ministère de l’Intérieur ne pourraient pas être sécurisés ? Allons donc, mais de qui se moque t-on ?

Nous sommes dans le XXIe siècle depuis déjà 14 années ! On en est aux nanotechnologies, à la regéneration cellulaire, la NASA envoie des fusées au-delà du système solaire, la NSA peut écouter des milliards de communicatons ciblées et gérer dans ses serveurs des milliards de métadonnées, la sonde Hubble cartographie les étoiles et nous envoie des images à très haute résolution des amas galactiques, les données du Big Data sont comptées en pétaoctets, on est à l’époque des robots, des drones, de Google Maps, des GPS, …. et notre vie politique fonctionne encore sur mode du XIXe siècle !

Même à la Maison-Blanche fonctionne un site de pétitions intitulé “We the People”. C’est déjà un début, car il est évidemment nécessaire de pouvoir lancer des pétititons populaires qui, ensuite, déboucheront sur un référendum si un nombre suffisant de demandes sont réunies. Mais ni Hollande ni Valls ni les autres de la Droite-la-plus-bête-du-monde n’imaginent évidemment cela possible en France tant ils ont peur du Peuple et de ce qu’il pourrait dire, demander ou exiger. J’ai honte pour mon pays qu’ils ne soient pas capables de propulser la démocratie Française plus haut. Commémorer inlassablement la prise de la Bastille en 1789 c’est une chose. Inventer une démocratie Française pour le XXIe siècle serait tout de même plus important que de s’occuper de taxer le tabac, les prostituées ou de modifier pour la 70e fois les rythmes scolaires. Allez j’arrête, ils me font honte. Vivement que des géants reviennent et que nains disparaissent…

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– Interview du président de l’institut de sondage Opinion Way, Hugues Cazenave. “Il est temps de dépoussiérer l’image solennelle, lourde de gravité et de contraintes du vote électoral. La démocratie devrait être simple, rapide et facile pour tous les citoyens électeurs. Le vote mobile pourrait en ce sens représenter un progrès notable”

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Ah ces dimanches et ces jours férié…
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10 responses to “Les ordinateurs d’EDF ne travaillent pas le dimanche ?

  1. Pingback: Les joies de l’e-administration à la française | Contrepoints

  2. Lionel37

    Plusieurs problèmes se posent :
    1. Tout le monde n’a pas de tablette. J’en fait partie, n’aimant pas tellement les gadgets inutiles. Pourquoi devrais-je en acheter pour pouvoir exprimer mon opinion ? C’est le retour du suffrage censitaire ?
    2. Connaissez-vous les facilités de piratages des tablettes et autres nouveaux gadgets ? Visiblement non
    3. Le vote électronique a été abandonné par plusieurs pays (Pays-Bas notamment) du fait des preuves fournies par certains informaticien de la facilité de piratage sans traces. je me souviens d’il y a de nombreuses années d’amis qui étaient de fervents défenseurs des cartes bancaires, en disant : mais t’inquiète pas c’est hyper-sécurisé », etc. Résultat, les braquages au distributeurs augmentent, les piratages de carte sur internet ou au distributeur augmentent, tu parles d’une sécurité. Le plus drôle , c’est que le même ami s’est fait pirater sa carte…. En fait, vous dites : c’est sûr jusqu’à ce que ce ne soit plus sûr ! Un peu facile.
    4. Le vote tient sa légitimité notamment du fait qu’il peut être contrôlé par tout le monde (en tout cas par tous ceux qui savent lire et compter, c’est dans le code électoral d’ailleurs) ce qui n’est pas le cas d’un vote sur tablette sauf si vous avez une proposition pour remédier à cela. A propos de la sécurité de la bourse

    • Super. Ne changeons donc rien. C’est vrai finalement, pourquoi changer ?

      • Lionel37

        oh si, changeons, mais intelligemment et non pas simplement pour changer. “Changer” ne veut pas dire grand chose. Changer pour régresser ? Quel intérêt ?

      • elie

        @Lionel37
        Votre proposition d’être intelligent est trop tentante pour que je m’y essaie pas

        Tout d’abord, la nécessité d’une tablette pour voter n’existe pas. Soit vous avez un ordinateur et un moyen sécurisé de voter ( j’évoque ce point plus loin) et vous le faites, soit vous vous déplacez vers le lieu de vote qui à le matériel adéquat.

        La facilité de piratage d’une tablette (ce qui est exact), n’est plus d’actualité.

        La sécurisation du vote peut s’envisager par plusieurs moyens :

        Le plus simple : la signature électronique à clef publique ( type RSA ou PGP). Chaque votant à sa clef publique ( comme une carte d’électeur) et unique, puis valide son vote avec cette signature. Le contrôle de validité du vote consiste simplement à vérifier que chaque clef n’a été utilisée qu’une seule fois et que les clefs sont valides ( identique à compter les bulletins de votes, ce qui répond au point 4, et je n’évoque pas le bourrage des urnes par pure charité chrétienne)

        Plus compliqué mais sur le même principe : l’empreinte digitale, mais dans ce cas les moyens matériels sont plus importants.

        En ce qui concerne la carte bancaire : je ne connais aucun cas de piratage de la puce. Roland Moreno avait démontré à l’époque que toutes tentatives d’intrusion dans la puce provoquait une surtension qui grillait les composants et rendait la carte inutilisable. Le vol des codes est souvent lié à une négligence ou un procédé astucieux ( caméra caché visant le clavier des appareils de retraits d’espèces) ou utilisation de sites eux même piratés.

        Enfin concernant la bourse, les transactions bousières utilisent ( à 90 % sauf erreur) la technique RSA et compte tenu des sommes échangées, s’il y avait une possibilité de pirater, cela serait fait depuis longtemps ( RSA à 35 ans d’utilisation). Votre document de référence montre simplement qu’une plateforme de transaction n’est pas bien sécurisé, c’est tout.

        Pour finir, j’imagine que vous vous déplacez ( voiture, vélo, tramway ou autres), alors vous devez être conscient que cela comporte un risque d’accident non négligeable, pourtant vous vous déplacez.

        Notre hôte propose un changement, que personnellement j’appelle également de mes voeux, qui comporte des risques ( que l’on peut résoudre) mais qui sont certainement moindre que la situation actuelle.

        Cordialement

  3. Hugues

    N’étant pas un partisan farouche de la démocratie, je ne suis pas certain que ce type d’organisation puisse fonctionner et serait même dangereux dans la France d’aujourd’hui. Bien que je vous rejoigne dans l’idée que seuls des référendum (ou une révolution) puissent réformer efficacement le pays, Staline disait que “le pouvoir n’appartient pas à ceux qui votent, mais à ceux qui les comptent”… Seriez-vous prêt à faire confiance aux hommes et organisations politiques dans l’utilisation des procédés numériques?
    Oui, il y a déjà des trucages des votes et certains sont dénoncés parce qu’il y a encore des personnes honnêtes qui surveillent le dépouillement des suffrages. Mais tout laisser aux mains de l’Etat est-il bien raisonnable?
    D’ailleurs, dans mon bureau de vote pour les européennes il n’y avait pas tous les bulletins des listes participantes! Et ce n’est certainement pas le seul… Oui, avec un système numérique cela n’arriverait pas, mais abandonner le décompte au seul Etat n’est peut être pas une très bonne idée dans cette république… :-)
    (Mais l’idée est très bonne dans le principe!)

    • Je ne confierais évidemment pas le contrôle de la régularité des opérations de vote au ministère de l’Intérieur (on a vu la manière scandaleuse dont il comptabilisait récemment le nombre des manifestants opposés à sa politique). Toute cette “démocratie digitale” reste évidemment à inventer mais je verrais bien une sanctuarisation de tous les serveurs dans un bunker sécurisé, et une régularité démocratique des opérations contrôlée par des instances nouvelles et indépendantes (genre “Conseil constitutionnel” mais plus large, moins “politique” et qu’il faut évidemment inventer) … Ce qui est sûr c’est que cette histoire de démocratie digitale est le grand enjeu des prochaines décennies et que les petits mickeys qui nous gouvernenent n’en prennent absolument pas la mesure. Ils nous font seulement perdre du temps et prendre un retard énorme. Mais vous avez raison : il ne faut en aucun cas que ce soit le pouvoir “politique” qui contrôle le dépouillement des suffrages électroniques !

  4. elie

    Les ordinateurs ne sont pas disponibles en permanence tout simplement parce qu’il faut faire quotidiennement des opérations de maintenances, principalement l’indexation des bases de données.
    En dehors de ce point, vous avez parfaitement raison sur la démocratie digitale qui peut parfaitement être mise en oeuvre dès aujourd’hui. La question, encore et toujours, est la volonté politique et pas la faisabilité technique.

  5. Christian(54)

    Bientôt les ordinateurs syndiqués !

    Nous vivons une époque formidable.

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