“J’attache de la valeur à toute forme de vie ; à la neige, la fraise, la mouche ; J’attache de la valeur au règne animal et à la république des étoiles ; J’attache de la valeur au vin – tant que dure le repas, aux sourires involontaires, à la fatigue de celui qui ne s’est pas épargné, à deux vieux qui s’aiment ; J’attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd’hui vaut encore peu de choses ; J’attache de la valeur à toutes les blessures ; J’attache de la valeur à économiser l’eau , à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s’asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi ; J’attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive ;
J’attache de la valeur au voyage du vagabond, à la clôture de la moniale, à la patience du condamné quelle que soit sa faute ; J’attache de la valeur à l’usage du verbe aimer et à l’hypothèse qu’il existe un créateur ;
Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues”.
Texte d’Erri De Luca tapé ce soir même à partir d’une cassette enregistrée sur France Culture. Je n’ai que cette traduction. Dès que j’ai l’original, je le mets en ligne.
Erri de Luca :
– “La poésie est le plus parfait format de la résistance !”
– Il y a des textes qui me mettent de belle humeur…