Beauté [au MoMA ou au Metropolitan ?]

Il y a des choses dans la nature qui sont tellement belles qu’on devrait les considérer comme de véritables oeuvres d’art. Et donc les mettre au MoMA, au MET — ou même (puisque elles datent de la Création) au Louvre où elles pourraient venir dans la section “In Saecula Saeculorum” ! Voir ces “oeuvres” dans des vitrines nous changerait de beaucoup d’œuvres d’art loin d’être aussi sublimes. Mais je reconnais qu’écrire “Dieu” sur le cartel qui indique le nom de l’artiste, ses dates de naissance et de mort, poserait peut-être quelques problèmes !

Transparence étonnante
Robes papillons

Comment imaginer la détresse d’Adam et Ève au premier hiver de la Génèse ?

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Nous on le sait : nous sommes habitués à la succession des saisons : printemps, été, automne, hiver… Et puis on connait Vivaldi. Mais il faut essayer d’imaginer la terreur d’Adam et Ève lorsqu’ils ont vu arriver leur premier hiver, le premier hiver de la Genèse, le tout premier hiver de l’humanitéContinue reading

Pouvoir décrire la lumière… si un jour elle disparaissait ?

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J’aimerais bien, – si un jour la lumière disparaissait – , être capable d’en transmettre la formule ou de savoir la décrire à des hommes venus d’une autre planète qui voudraient nous aider à la recréer…

Mais comment leur expliquer que c’était lumineux mais pas épais, puisque les oiseaux volaient dedans ? qu’elle était fine et transparente, dorée comme du miel sur les croissants du matin ?

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La vue, le trou noir et le big bang de la Création

Avec toutes ces histoires de champ de vision et de glaucome de merde, j’ai l’impression de voir le monde comme si j’étais dans un trou noir avec un maximum de trucs nébuleux tout autour genre galaxie spirale floutée … J’espère seulement que le cercle noir ne va pas continuer à s’agrandir et la lumière s’éteindre progressivement. Et que c’est juste le début d’autre chose et que le noir va céder la place à la lumière, comme dans les premiers jours de la Création ?
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Si on avait à refaire la Création après une guerre nucléaire ? sriiii, pök-pök-pök, tchink et tchouk, tchouk…

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Comme ils parlent beaucoup de guerre nucléaire en ce moment, je me dis qu’on serait dans une sacrée merde si —  à la suite d’un cataclysme genre bombe atomique (oui, c’est la couverture du disque ‘E=MC2’ de Count Basie que mon frère avait acheté à la fin des années 50 et qui m’a fait découvrir le jazz quand j’étais jeune avant que je ne bascule définitivement dans le baroque) — … donc je disais qu’on serait dans une merde noire si on avait à refaire la Création à partir des seuls dictionnaires de l’Académie … Leurs définitions sont nulles [bon, disons très insuffisantes ] car, avec le peu de renseignements qu’ils nous donnent, on ne pourrait rien reconstituer de façon précise.

Par exemple le merle que j’entendais chanter tout à l’heure, ils disent en gros (je vous la fait courte) :

Oiseau ayant un plumage sombre sans taches (noir chez le mâle adulte, brun-roux chez les jeunes et la femelle) et un bec fort et arqué (jaune chez le mâle adulte), remarquable par son chant : un merle chante, siffle; merle moqueur, rieur, siffleur. Siffler, jaser comme un merle etc…

Bon, très bien, mais si j’avais à refaire la Création, ça ne m’en dit pas suffisamment sur le merle pour refaire ce que j’ai entendu tout à l’heure sautillant joyeusement sur les pelouses du Luco… Je pourrais aussi bien
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Création (Bosch)


Le Jardin des Délices
Sphère de cristal. Retable Jardin des delices de J. Bosch. Triptyque a 5 surfaces. Paysage du 3e jour de la Création selon la Genèse c’est l’instant de la premiers pluie, des premiers arbres, des premiers buissons. Le moment de la différenciation qui sort du camayeux, ton sur ton L’indistinction Intérieur-extérieur, recto-verso. Fermé-ouvert (grisaille, camaïeux, neutre fermé / coloré-ouvert). Apparent-caché.Opposition richesse-pauvreté. Ouvrait le retable que lors de grandes occasions.
R. Barthes. Le neutre.

Genèse (texte)



MICHELANGELO Buonarroti – Creation of Adam; 1510. Fresco, 280 x 570 cm. Cappella Sistina, Vatican

Genèse 1
1.1
Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
1.2
La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
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Dieu a bien choisi sa gamme Pantone


Je ne devrais même pas le mentionner tellement c’est bête. Mais en me promenant hier soir, je me suis dit que Dieu® avait bien fait les choses et surtout très bien choisi sa gamme Pantone©. Faire le ciel vert et l’herbe bleue n’aurait pas été particulièrement beau. Donc tout est bien comme c’est. Comme il est dit aux premiers jours de la Genèse : “Il y eut un soir, puis il eut un matin… Et Dieu vit que c’était bon”. Je le trouve aussi !

Rendre à César ce qui appartient à César !
Même les flamands roses sont mieux roses

J’aimerais bien que Dieu éteigne le soleil un moment…

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Ce monde vit dans des ténèbres terribles. Mais les gens ne le voient pas car ce sont les ténèbres de la pensée, des ténèbres intérieures…
J’aimerais bien que Dieu éteigne le soleil pendant un bon mois. Que la nuit dure jusqu’à ce que les hommes prennent peur, courent affolés dans les rues les bras levés vers le ciel, la tête couverte de sacs de cendre, poussant des sanglots et versant des larmes de crocodile ; implorant Dieu de rallumer le soleil pour qu’ils puissent enfin revoir les merveilles de la Création.

Dieu, évidemment, se ferait un peu tirer l’oreille et ferait durer le plaisir. Juste histoire de leur faire comprendre qu’il n’est pas certain qu’ils en vaillent la peine, qu’ils n’ont pas été particulièrement reconnaissants jusqu’à présent. Et que s’ils veulent une aide efficace ils n’ont qu’à aller frapper au Panthéon où il y a très certainement de très grands hommes de très grande qualité susceptibles d’être à la hauteur de la tâche (après tout ce n’est pas si sorcier : ils ont déjà trouvé E=mc2 et n’ont donc plus qu’à trouver la solution des autres équations). Ou demander à des évolutionnistes une théorie pour faire revenir le soleil et la lumière ? Ou, qui sait, attendre simplement que le dieu hasard fasse lui-même les choses ?

Les hommes épuisés d’errer dans la pénombre renonceraient alors à leur arrogance et rendraient grâce, bâtissant de grandes cathédrales et couvrant la terre de petites chapelles. Et la lumière reviendrait, radieuse et ruisselante de beauté et les hommes diraient : “OK, on a été nuls, cette fois on arrête nos conneries et on protège la Création au lieu de la démolir”. Et en voyant les abeilles revenir et les fleurs s’ouvrir et les enfants jouer dans les bacs à sable, Dieu se dirait qu’il a bien fait de leur donner encore une dernière chance :-)

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Le curriculum de Dieu…
J’appartiens au monde d’avant la pomme !
Dieu est grand
Adam et Eve me tapent sur le système
La main de Dieu
Peut-être que Dieu en a marre
Les horaires que j’aime…
j’aimerai bien que Dieu m’accorde 3 secondes
On ne tourne pas le dos à Dieu
Les “installations” de Dieu
La Création (Ghiberti)
Dieu surveille les pommes depuis le début de la Création ?
Texte de la Genèse

L’univers ne se doute guère de cette ambition de l’âme

“Il y a une sorte de force aveugle dans le monde. La matière est une énergie qui ne sait où elle va. La vie même ne vit qu’à tâtons. Pourtant si la pierre tombe, si la mer remue, si le vent court à de faux rendez-vous, on peut remarquer une espèce de prudence chez les plantes et pas mal de ruse chez les animaux.

Et puis, il y a les humains qui sont comme lancés vers une lumière. Leur jeunesse est une flèche qui part en direction du zénith. Mais c’est très fragile. Cette visée perpendiculaire demanderait une puissance énorme que rien ne peut fournir tout à fait. Il y faut une attraction d’en haut. L’univers ne se doute guère de cette ambition de l’âme.

Qu’il sente ou non l’élan de l’âme, l’univers joue son jeu, et l’âme n’échappe pas aux pesanteurs. L’âme pressent plus ou moins où elle va, mais elle n’arrive guère à se libérer de la compacité d’un monde où s’imbriquent la matière, la vie animale et les phénomènes grégaires. Continue reading

J’appartiens au monde d’avant la pomme !

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Bon, vous allez dire que je radote parce que j’en parle tout le temps ( mais Adam et Eve me tapent effectivement sur le système) et j’ai un problème avec la Chute ; vous savez, celle de la pomme et du serpent…

J’appartiens au monde d’avant ! Et c’est justement ce que j’adore dans la Création de Haydn ; je peux l’écouter en paix parce que d’abord elle traite de tout ce que j’aime dans la vie et ensuite que tout se passe AVANT la Chute.

La première partie correspond aux quatre premiers jours : création de la lumière, du ciel et de la terre, de la terre et de la mer, du soleil, de la lune et des étoiles (je vous l’ai dit, exactement tout ce que j’aime !). La deuxième partie concerne les cinquième et sixième jours (création des animaux et de l’Homme). La dernière dépeint Adam et Eve dans le jardin d’Eden, juste avant la Chute…

Je ne vous raconte pas le bonheur que ça s’arrête AVANT la cata ! Avant que ces deux abrutis ne nous foutent dans une merde noire. La suite vous la connaissez, vous l’avez tous les jours à la radio ou dans les journaux : des drames et des abominations sans fin, une vraie catastrophe qui donne envie de se tirer (ailleurs ou une balle).

C’est pour ça que je me réfugie dans la Création de Haydn. C’est un peu ma patrie : j’appartiens au monde d’avant la pomme !

*

 Je me rappelle une magnifique représentation des Saisons sous la direction de William Christie. Avec un duo d’Eve et d’Adam magnifique de fraîcheur et de beauté :

– Adam : Der tauende Morgen, o wie ermuntert er !
– Eve : Die Kühle des Abends, o wie erquicket sie !
– Adam : Wie labent ist der runden Früchte Saft !
– Eve : Wie reizend ist der Blumen süsser Saft !
– Eve et Adam : Doch ohne dich, was wäre mir
– Adam : der Morgentau
– Eve : der Abendhauch…

La rosée du matin, la fraîcheur du soir, les fruits ronds, le parfum des fleurs… que voulez-vous, je suis peut-être un peu fleur bleue mais plus ça va et plus je me dis qu’il n’y a rien de mieux dans ce monde de cinglés dans lequel nous vivons. Comme le dit Uriel dans le dernier récitatif, “les hommes seraient heureux à tous jamais si de fausses chimères ne les incitaient pas à désirer davantage que ce qu’ils ont”.
Je n’ai strictement rien à ajouter !

*

Dieu est grand
Adam et Eve me tapent sur le système
La main de Dieu
Peut-être que Dieu en a marre
j’aimerai bien que Dieu m’accorde 3 secondes
Dieu surveille les pommes depuis le début de la Création ?
Texte de la Genèse

L’intelligence des insectes

camouflage2.jpgCharles, qui a le temps de se ballader avec ses enfants au muséum d’histoire naturelle de Grenoble, a pris en photo, dimanche dernier, ce magnifique exemple de camouflage des insectes… Plus ça va et plus je trouve que la Création est stupéfiante, étonnante, merveilleuse et surtout digne, de la part des hommes, de beaucoup plus d’admiration et de respect. Merci Charles !

La nostalgie des coquelicots et le sourire de la petite boulangère

coquelicots2
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Anne Laure me demande si j’ai une galerie de photos sur Instagram. Outre que je ne suis pas photographe, je lui répond que c’est trop compliqué de prendre — et de rendre —  la Création en photo : parce que tout est tellement beau que lorsque je prends une photo je vois surtout ce qui manque :

• si je prends un champ de blé, il manque les coquelicots ;
• et si j’ai les coquelicots je n’ai pas les bleuets ;
• si j’ai les bleuets je n’ai pas la chaleur du soleil ;
• et si j’ai la chaleur du soleil, je n’ai pas le vent qui courbe les épis ;
• et si j’ai les épis je n’ai pas les sauterelles qui sautent sur le chemin ;
• et si j’ai les sauterelles je n’ai pas la cloche qui sonne au village d’à côté ;
• et si j’ai le village d’à côté je n’ai pas le sourire de la petite boulangère ;
• et si j’ai le sourire de la petite boulangère je n’ai pas le petit collier de coquillages roses qu’elle a autour du cou ;
• et si j’ai le collier de coquillages roses je n’ai pas ….. etc.

Et voilà pourquoi je ne fais pas de photos quand je vois un champ de blé. Ce à quoi Anne-Laure me répond fort justement : “mais le but de la photo n’est-il pas justement de suggérer tout cela en ne montrant qu’un épi ?”

Zut elle doit avoir raison !

*

Émerveillement :
On dit “fleuriste” mais on devrait dire “galerie d’art”

Quelques petits bouts de nostalgie…
Mesurer le temps et sa vie en matins
Nostalgie des temps heureuxLa nostalgie des vieux télégrammes…
La nostalgie des vieilles boites aux lettres …
Remonter le temps en rentrant dans les tableaux
Nostalgie des petits villages
Quand les caractères s’incrustaient dans le papier
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés…
Redonnez-moi aussi les bleuets !

La mer (ou Dieu) dessinent des arbres sur le sable…

ecriture03-d_jllg.jpg Jean-Louis vient de m’envoyer cette photo avec ce commentaire : “Petit matin de novembre aux abords de la réserve ornithologique de la Pointe d’Arcay en Vendée. Léger bruit des vaguelettes venant mourir sur la plage. Sauvage le ressac imprime l’écriture que l’océan lui chuchote. Pas une âme à des km. Paix”.

J’ai malheureusement du tailler la photo qui en grand est évidemment beaucoup plus belle. Dès qu’il l’aura mise sur son site je vous donnerai l’URL. Il en a d’autres dans cette série qui sont magnifiques.

Peut-être que le Bon Dieu en a marre…

dieu**

Peut-être que le Bon Dieu…

En ce moment dans ma vie
il y a trop de choses qui s’arrêtent
comme si le Bon Dieu en avait assez
Assez de la Création
Assez de continuer à créer

Si le Bon Dieu en avait assez
Assez de la Création
Le vent s’arrêterait de souffler
Et les rivières de couler
Et les étoiles de briller
Et les oiseaux de voler

Si le Bon Dieu en avait assez
Les galaxies s’écrouleraient
Les nuages tomberaient
Et les cerf-volants aussi

Si le bon Dieu en avait assez
Assez de faire tourner les choses
La boulangère s’arrêterait de sourire
et les enfants de jouer
La musique s’arrêterait
Et les saisons aussi

Si le bon Dieu en avait assez
Tout s’arrêterait :
Nos coeurs de battre
Les merles de chanter
Et les moines de prier

Peut-être que Dieu en a assez
Assez de la Création
Et il veut qu’on l’oublie
Alors Maman oublie les prénoms
Et le nom des fleurs et celui des choses
Et le présent et les souvenirs aussi
Même ceux du bon vieux temps où l’on était heureux
Le temps d’avant les colchiques
Quand les étés étaient blonds et paraissaient si longs
Quand l’air sentait bon la paille et l’herbe sèche
Quand il y avait des moissonneurs dans les champs
Et des bleuets et coquelicots dans les blés…

Peut-être que le Bon Dieu en a assez
Assez de la Création
Assez de tout

Moi aussi

Dieu-doigts

Ecrit le 13 septembre 2004 à 00:32

# Dieu : (posts avec le hashtag Dieu)

Qu’est ce qui nous ouvre le ciel ?

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Comme je n’arrive pas à dormir, j’écoute France-Culture la nuit et tombe sur un entretien entre Richard Millet et Pascale Lismonde (dont j’aime beaucoup la voix joyeuse). Richard Millet pose cette question très belle:

“qu’est ce qui nous ouvre le ciel ?”

Et il parle de la Neuvième symphonie de Anton Bruckner dédiée à Dieu (Dem lieben Gott). Importante cette question de savoir “ce qui nous ouvre le ciel” ? Moi je mettrais, dans l’ordre : la musique (dont les mouvements lents des dernières sonates de J. Haydn que j’écoute carrément en boucle et évidemment les messes de William Byrd), la beauté de la Création (presque tout ce que Dieu a créé sauf les moustiques), la peinture (certaines toiles dont il faut d’ailleurs que je fasse la liste mais des Annonciations pour l’essentiel) la philosophie (taoiste), la littérature ? (oui bien sûr mais peu de livres m’ont finalement vraiment “ouvert le ciel” à part deux ou trois dont la Divine Comédie, les Haïku de Basho et le Tao te king (*), certains lieux magiques (en italie notamment mais peut-être aussi n’importe où), les saisons (toutes), la physique, les mathématiques, l’astrophysique (auxquelles je ne comprends rien mais qui sans doute ouvrent aussi le ciel à ceux qui les maîtrisent), certains parfums (les pivoines surtout), la beauté de certaines femmes (bien-sûr), la lumière (ah oui, je devrais la placer en tout premier tellement elle est belle le matin sur les croissants dorés mais aussi le soir, au printemps et aussi en été, et l’hiver quand il y a de la neige et en automne surtout)…. bon j’arrête c’est impossible de faire cette liste de ce “qui ouvre le ciel”. D’ailleurs il faut que j’ajoute les moineaux qui piaillent dans la cour le matin pendant que je tape ces lignes. C’est sans fin… J’arrête pour ce matin. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper et in saecula saeculorum ! Amen.

* quelques autres évidemment dont ceux de Jorge Luis Borgès, Hermann Hesse, Kazantzaki (etc) Mais si je ne les mets pas dans la liste du haut, c’est qu’ils ne m’ont pas exactement ouvert le ciel – comme une secousse spirituelle et un coup de tonnerre existentiel.
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A quoi ça sert ?
Un job parfait pour moi : dérouleur du ciel !

Ce soir les hirondelles gribouillent le ciel au fusain

Cécile R., qui est une immense artiste, m’écrit: “…lorsque je ne pourrai plus graver…”.

hirondelles_2-fusain.jpg

et je pense aux hirondelles qui ce soir s’amusent comme des folles dans le ciel au-dessus du tilleul de la cour…

“Quand vous ne graverez plus, Cécile, vous regarderez les oiseaux graver le ciel et tracer au fusain des lignes d’une précision et d’une finesse étonnantes”. C’est drôle mais il y a quelque chose dans la Création qui me submerge tellement elle est belle. Quand je rentre le soir, il y a ce ciel immence qui surplombe l’Esplanade, les oiseaux qui font des conférences bruyantes dans les platanes le long des Invalides, le parfum enivrant des tilleuls vers le métro Latour-Maubourg, et parfois des cols verts qui foncent droit en direction du musée Rodin….

Si un jour la lumière disparaissait, je ne sais pas si nous serions capables – pour essayer de la recréer – de la décrire à des hommes venus d’une autre planète ? Comment leur dire que c’était lumineux mais pas épais puisque les oiseaux volaient dedans ; que la lumière du matin était bordée de bel azur limpide, que celle du soir était à l’orient tout rose, et que celle qui tombe certains soirs sur les tilleuls de la cour est tellement parfumée qu’on est presque heureux de vivre encore pour sentir cela et y entendre piailler les hirondelles… Nous n’aurions même pas les mots pour dire qu’on avançait dans la lumière avec une ombre à nos côtés et que l’air parfois miroitait comme sur une toile de Monet. Dieu est grand !

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