Vous n’avez plus de miel ? Mangez donc de la synergie !

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À mon bureau, à l’époque, on avait une structure assez légère avec plein d’abeilles qui partaient dans toutes les directions pour rapporter du pollen. Cela faisait du bon miel toutes fleurs : bleues, rouges, blanches, jaunes, mauves, etc… Et puis le temps a passé, et ils ont fait un organigramme digne d’un grand groupe industriel international : avec plein de boites, des départements, des pôles etc. Le truc ronflant qui vous pose un organisme vis à vis de l’extérieur. Ils ont fractionné, mis des cloisons, des chefs derrière chaque cloison et on a eu des abeilles uniquement chargées des bleuets, et d’autres uniquement chargées des coquelicots, chacune dans leur petit département avec leur propre ruche, leur propre reine et leur propre produit maison. Au bout d’un moment (je vous la fais courte) ils se sont rendu compte que ce système ne produisait plus de miel. Et ça dysfonctionnait tellement que des gens en costume gris sont arrivés pour faire des audits et voir où ça coinçait… Mais plutôt que de revenir au bon vieux système des abeilles-mille-fleurs, ils ont trouvé une meilleure solution : le séminaire. Où ils vont d’abord essayer de “valoriser la motivation des abeilles” ! (Et effectivement, je ne vous raconte pas, mais les pauvres abeilles dont les territoires se chevauchaient étaient totalement découragées : celles qui survolaient des fleurs rouges appartenaient malheureusement au département des bleuets ; et celles qui survolaient des fleurs bleues appartenaient hélas au département des coquelicots… Donc plus aucune ne ramassait de pollen et, naturellement, elles revenaient bredouilles à la ruche). Le séminaire va résoudre tout ça. (…)
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Désormais ne dites plus “coeur” mais “heart” !

dico_visuel.jpg———-Bon, on avait Wikipedia, et maintenant on a le Visual Dictionary Online, le dictionnaire visuel qui, en un seul clic, vous montre toutes les choses dont vous ne voulez pas seulement connaître les définitions mais également voir les illustrations. Et ça va du corps humain à l’astronomie en passant par l’architecture, les sciences, les animaux, la nutrition ou n’importe quoi (il suffit de cliquer dans la longue liste des thèmes dans la Nav gauche pour trouver votre bonheur – [le moteur de recherche, juste au-dessus, ne marche pas très bien je trouve]). Totalement irremplaçable dans notre monde numérique où tout doit désormais s’afficher instantanément sur nos écrans sous forme d’images, le Dico est évidemment en anglais : nos [ir]responsables gaulois dorment en effet dans les palais nationaux et ne se réveilleront que lorsque ce sera trop tard ; avec de grands sanglots et des jérémiades sur “l’exception” ou “l’universalisme” français ! Quand je vois la vitesse à laquelle on se laisse dépasser sur le web ces derniers temps, je me demande si on ne ferait pas mieux de carrément fermer la boutique. On a renoncé au franc pour l’euro et si on veut continuer à comprendre comment marche le monde (ou le coeur humain), on va bientôt devoir également renoncer au français pour l’anglais. Pathétique. Et pendant que les auteurs de ce dictionnaire le présentent comme un outil précieux d’apprentissage de la langue pour les petits américains, chez nous, ils brûlent les écoles maternelles dans les banlieues… On croît rêver. Pour l’instant, heureusement, c’est encore en anglais, mais quand les chinois se mettront à faire des encyclopédies numériques en 3D, eh bien il faudra apprendre le chinois ;-)
Visual dictionary online

L’intelligence des insectes

camouflage2.jpgCharles, qui a le temps de se ballader avec ses enfants au muséum d’histoire naturelle de Grenoble, a pris en photo, dimanche dernier, ce magnifique exemple de camouflage des insectes… Plus ça va et plus je trouve que la Création est stupéfiante, étonnante, merveilleuse et surtout digne, de la part des hommes, de beaucoup plus d’admiration et de respect. Merci Charles !

C’est fou les grands sauts qu’on fait au bureau !

A mon bureau (mais pas  seulement) quand on ne fait pas des séminaires, on fait des réunions. Hier c’était réunion. Généralement c’est pour faire le point d’avancement de quelque chose qui est totalement planté. C’est planté parce qu’on ne bosse pas dessus sérieusement et de façon logique et méthodique mais il ne faut surtout pas le dire, ce serait négatif (surtout si ce sont d’autres collègues qui ne bossent pas dessus). Donc silence sur ce qui ne va pas : ce qui est important c’est la réunion ! On y redit en une heure ce qu’on aurait pu se dire par téléphone en cinq minutes ou la fois précédente. Mais ça ne permettrait pas de dire qu’on a fait une réunion sur l’avancement du projet… Donc réunion. On aborde rapidement ce qui ne va pas (mais on le dit de façon très “positive” sinon ce serait avouer qu’on s’y est mal pris et qu’il faudrait changer nos méthodes ce qui n’est pas évidemment pas le but de la réunion). Ensuite on aborde une sorte de répartition des rôles (forcément, comme ça n’avait pas été clairement arbitré à la réunion précédente, les gens n’ont pas avancé parce que chacun croyait que c’était l’autre qui devait le faire. Donc on redit ce qu’on avait déjà dit et qu’on aurait pu dire au téléphone en cinq minutes. Mais comme on le dit en réunion, on pourra faire un relevé de décision, preuve que la réunion était totalement justifiée ! Enfin on sort de réunion (moi totalement éreinté cérébralement) et tout le monde se félicite de ce que ça a été vraiment positif (“mais Eric, pourquoi est ce que tu tiens absolument à évoquer les causes de ce qui ne va pas ? sois positif !”). Donc au final on a fait un très grand saut de puce :doubledecimetre_02.jpgon a sauté très haut mais on est retombés juste à trois millimètres du point de départ. Si vous dites qu’on n’a pas fait grand chose ils froncent les sourcils et vous trouvent très négatif : “au contraire Eric, on a fait un formidable saut !”. Si vous trouvez comme moi que tant qu’à sauter on aurait mieux fait de le faire en avant (et pas en arrière), ne le dites surtout pas : ce serait négatif. Donc sur le relevé de décision on aura la magnifique courbe du saut en hauteur. Qu’on ait reculé n’a strictement aucun intérêt. La réunion a eu lieu. Donc on avance ! Allez, je vais aller m’acheter du doliprane rouge !

Autres aspects de la vie au bureau…
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Une animation de 4′:15″ totalement jubilatoire !

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Comme toujours, j’arrive en retard sur tout. Je n’ai donc découvert qu’hier soir sur YouTube cette incroyable animation de la tapisserie de Bayeux : totalement stupéfiante de beauté, de subtilité et d’humour. L’épopée scrolle de l’arrivée de la comète de Halley jusqu’à la bataille de Hastings en 1066 dans un incroyable tohu bohu de chevaux hénissants, de soldats morts tombés à terre, de cliquetis d’armes et de combats furieux entre les armées d’Harold et celle Guillaume le Conquérant… Je n’ai pas trouvé de renseignements sur David Newton, qui a réalisé cette étonnante animation, mais d’après ce que j’ai lu, il n’avait que 21 ans quand il fait ça pour un projet scolaire. Chapeau.

L’animation sur YouTube
La tapisserie de Bayeux sur Wikipedia

Structure et organisation le week-end, désordre et désorganisation le lundi matin

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Je sais maintenant ce qui me pose problème le lundi : c’est que pendant le week-end j’écoute des fugues de Bach ou des cantates et que lorsque j’arrive au bureau le lundi matin – ou que j’écoute la radio pour savoir ce qui s’est passé – je ne retrouve plus rien de la splendide architecture et de la belle organisation de ces pièces totalement magnifiques. Par exemple hier j’écoutais la cantate BWV 63 “Christen, ätzet diesen Tag” composée pour le matin de Nöel. Elle est totalement jubilatoire, et pas seulement parce que les mouvements sont organisés selon une incroyable symétrie qui trace au-dessus d’elle un véritable arc en ciel musical.

Sur le  petit dessin fait dans photoshop (dans le bandeau du haut), vous voyez très bien la symétrique avec les deux choeurs en ouverture et au final; ensuite, venant de l’extérieur, les deux récitatifs (alto et basse); Et ensuite les deux duos qui se rapprochent un peu plus du centre. Et pile au centre, au sommet de l’arc, un récitatif pour ténor et continuo au milieu duquel (donc au centre même de la cantate elle-même) Bach a placé une phrase répétée deux fois se terminant par le mot “Gnagen” – la grâce de Dieu par laquelle survient le Christ – grâce qui scintille donc pile au point d’incandescence de la structure et au coeur de la symétrie… Bon, ce n’est évidemment pas uniquement cette structure et cette symétrie qui me plaisent car la cantate est totalement joyeuse et d’une incroyable beauté.

Mais le lundi matin – ou quand j’écoute ces de journalistes incultes économiquement et qui se complaisent dans le dérisoire, quand je retrouve le bordel des français, le manque d’organisation, l’approximation et le système D, la bouillie de leur jugement, leur conformisme et leur langue de bois, que voulez vous, ça me pulvérise le cerveau. Faudrait peut-être que j’écoute de la petite chansonnette le dimanche; je serais moins dépaysé au bureau le lundi matin.

Ici sur YouTube dirigé par Philippe Herreweghe
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Musiques…
Haydn, Les petits sparadraps d’Alfred Brendel
Heureusement que ça existe … (BWV170)
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Autres aspects de la vie au bureau (mais dans les médias c’est pareil) …
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Les lunettes de bobo techno de Fédérico :-)

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Hier soir, en rentrant, noir total : la lampe de l’immeuble était cassée et donc taper le code dans la pénombre n’était pas une mince affaire (surtout quand on l’a oublié). Comme je ne fume pas, pas de briquet.
Donc je me suis rappelé les petites lunettes spéciales que Fédérico utilise quand il vient tripatouiller dans le ventre de mon Mac pour chercher une minuscule petite vis tombée sous la carte mère quand il a fallu la changer la dernière fois que je m’étais pris les pieds dans le cordon d’alimentation. Faut absolument que je pense à lui demander où il a acheté ces très belle lunettes : je pourrai même m’en servir pour lire dans mon lit.
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PS. Attention Fédérico, je n’ai pas dit que tu étais un bobo techno. J’ai dit que les lunettes étaient bobo techno !

Ne dites pas qu’il y a des trous dans le gruyère !

ubu.gif A mon bureau (mais pas seulement), quand il y a un petit problème, on ne fait rien. Au bout de quelques mois, le problème s’étant évidemment aggravé, il y a un trou beaucoup plus grand, et un peu moins de fromage autour. Mais on ne fait toujours rien. [Normal, car il ne faut surtout pas dire qu’il y a des trous : parce que ce n’est pas positif ; parce que c’est pas solidaire ; parce qu’il ne faut pas exagérer : le trou n’est pas si grand que ça… ; et enfin parce que ce n’est vraiment pas le moment de le dire…]. Donc ça continue. Et puis comme le problème devient de plus en plus grave et qu’on a toujours rien fait (ce qui encore une fois est tout à fait normal) certains commencent à se demander où est passé le gruyère. Mais on ne fait toujours rien (évidemment). Et quand il n’y a plus qu’un immense trou et plus la moindre trace de gruyère autour, eh bien on décide de faire … un séminaire. Oui, pour parler de la manière de refaire des trous. Car vous pensez bien que du gruyère sans trous, ce n’est pas vraiment un fromage et faut qu’on ait quelque chose à manger ! Donc priorité des priorités : se réunir en séminaire pour élaborer une stratégie de reconstruction des trous. Etc etc etc. Je vous la fais courte mais , depuis que j’y suis, je crois qu’on en est au quatrième audit et au dixième séminaire (dix séminaires pour en arriver là, c’est triste !). Quant au gruyère, il y a belle lurette qu’il n’y en a plus. Mais il ne faut pas le dire : faut être positif et solidaire !

Autres aspects de la vie au bureau…
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Vous savez quoi ? Adam et Eve me tapent sur le système !

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Cela fait déjà un bon moment que ces deux là m’énervent. Mais plus j’écoute la radio et moins je peux les supporter – eux et leurs descendants.

Ils font très exactement le contraire de ce qu’il faudrait faire pour qu’on vive dans un monde meilleur et ensuite ils viennent pleurnicher sur les pots cassés (les crimes, les guerres mais aussi la dette et les déficits financiers abyssaux…) ou geindre comme des lamentables sur le lait renversé (“ils ne savaient pas”, “il aurait fallu les prévenir”) etc…. Mais on les avait prévenus justement ! Eve et Adam en particulier, mais ils se croyaient malins et ont préféré désobéir et se croquer des pommes.

Alors que les hommes arrêtent leur âneries une bonne fois pour toute et ça commencera déjà à aller mieux. Mais accumuler les conneries et ensuite se plaindre moi ça me tue. D’abord ils se jettent dans le goudron (ce qui est déjà stupide); ensuite ils se roulent dans les plumes (encore plus stupide) et à la fin ils se plaignent d’être couverts de goudron et de plumes ! Pas possible de vivre avec des gens comme ça. Faut vraiment que les anges fassent quelque chose.

Image : Masaccio, 1427, Adam et Eve chassés du Paradis (bien fait pour eux !)

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La démocratie représentative et les perles aux cochons…

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Décidément, je m’énerve encore car je croyais qu’on avait des syndicats précisément pour représenter les salariés et négocier en leur nom. Et pourtant, lorsque la négociation est engagée et qu’après neuf jours de grève, “des avancées sont faites et des premiers points marqués”, les syndicats refusent tout simplement de décider et de donner des consigne sur les suites du mouvement de grève. Non, ils laissent cette décision… “à l’appréciation des cheminots dans les assemblées générales”.

Si les syndicats ne représentent plus rien, si c’est “à la base de décider”, alors ils n’ont qu’à le dire et s’en aller. On trouvera sûrement d’autres gens pour négocier ou un autre moyen de consulter les intéressés : par référendum par exemple, comme en Suisse. Et sur les régimes spéciaux, je connais déjà la réponse des Français si on les consultait. Pourquoi négocie-t-on avec des “représentants” qui avouent qu’ils ne représentent pas leur base et ne peuvent pas prendre de décision en son nom ? C’est comme si les Parlementaires, au moment de voter sur un texte, disaient: “ah, là je ne sais pas, il faut que je rentre dans ma circonscription pour consulter mes électeurs”. Les gens hurleraient, parce que ce serait tout simplement la fin de la démocratie représentative. Là, on barbotte en pleine irresponsabilité collective et syndicale et personne ne dit rien. Et moi ça me tue parce que le mandat représentatif, ce sont les dernières perles de la démocratie. Enlevez la représentation, il ne restera plus que… la rue. Et la rue ce n’est plus la démocratie ; ce sont les minorités agissantes. Allez, j’arrête ; il faut que je fasse comme Pyrron d’Elis : rester serein, m’abstenir de donner mon opinion sur tout sujet et retourner à mes cochons !

Tiens ce qui serait marrant, c’est qu’à la fin des négociations, quand les syndicats diront enfin : “ok on est prêts à signer toutes les avancées sociales”, le Gouvernement réponde : “attendez, on ne peut pas signer, il faut nous aussi qu’on consulte notre base ! Et donc on va faire un référendum et demander aux Français ce qu’ils en pensent”. [tête des syndicats !]

Manier la démocratie avec des pincettes
Démocratie, médiacratie et médiocrité tout court !

Je veux et j’exige des timbres avec le prix écrit dessus !

marianne6 Je vous passe le baratin juridique mais une chose est claire : “le prix d’un produit – nous dit l’Etat – est une information publique qui doit être fournie dans tous les cas, d’une manière explicite et sans nécessité d’interroger le vendeur avant la conclusion de l’achat. Quand le produit est vendu en magasin, le prix doit être indiqué par étiquetage de façon apparente, sans confusion possible et sans que le consommateur ait à le demander”
Bon, je vous la fais courte mais aujourd’hui je devais envoyer à Anne-Laure le 14e quatuor en ré mineur, La Jeune fille et la Mort de Schubert. Je le grave, je le mets dans un enveloppe, je la ferme, je la pèse, je prends mes timbres et gloups, pas de prix dessus ! Comment affranchir correctement si on ne sait pas combien vaut chaque Marianne ? L’Etat vend les timbres mais se soustrait à l’obligation qu’il impose à tous les français d’afficher le prix des produits de façon explicite. Et la raison donnée est que c’est plus pratique, quand il veut augmenter le prix, de ne pas réimprimer les timbres ; ce qui est tout de même un comble comme argument puisque ça revient à dissimuler la hausse en ne l’affichant pas clairement. On devrait imposer à l’Etat ce qu’il impose aux Français. Point final. Et s’il augmente les prix, eh bien il fait comme tout le monde : il l’écrit dessus. Ah mais !

PS. Je trouve que cette Marianne à la Nef avait beaucoup plus d’allure.
Marre de la Marianne
Pauvre lion du Panshir
Qu’on nous rende les dentelures !

La nostalgie des coquelicots et le sourire de la petite boulangère

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Anne Laure me demande si j’ai une galerie de photos sur Instagram. Outre que je ne suis pas photographe, je lui répond que c’est trop compliqué de prendre — et de rendre —  la Création en photo : parce que tout est tellement beau que lorsque je prends une photo je vois surtout ce qui manque :

• si je prends un champ de blé, il manque les coquelicots ;
• et si j’ai les coquelicots je n’ai pas les bleuets ;
• si j’ai les bleuets je n’ai pas la chaleur du soleil ;
• et si j’ai la chaleur du soleil, je n’ai pas le vent qui courbe les épis ;
• et si j’ai les épis je n’ai pas les sauterelles qui sautent sur le chemin ;
• et si j’ai les sauterelles je n’ai pas la cloche qui sonne au village d’à côté ;
• et si j’ai le village d’à côté je n’ai pas le sourire de la petite boulangère ;
• et si j’ai le sourire de la petite boulangère je n’ai pas le petit collier de coquillages roses qu’elle a autour du cou ;
• et si j’ai le collier de coquillages roses je n’ai pas ….. etc.

Et voilà pourquoi je ne fais pas de photos quand je vois un champ de blé. Ce à quoi Anne-Laure me répond fort justement : “mais le but de la photo n’est-il pas justement de suggérer tout cela en ne montrant qu’un épi ?”

Zut elle doit avoir raison !

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Émerveillement :
On dit “fleuriste” mais on devrait dire “galerie d’art”

Quelques petits bouts de nostalgie…
Mesurer le temps et sa vie en matins
Nostalgie des temps heureuxLa nostalgie des vieux télégrammes…
La nostalgie des vieilles boites aux lettres …
Remonter le temps en rentrant dans les tableaux
Nostalgie des petits villages
Quand les caractères s’incrustaient dans le papier
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés…
Redonnez-moi aussi les bleuets !

Les lendemains de grands soirs, ça va faire mal !

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Il faut que j’arrive à me calmer… Tout à l’heure, fringale de patates grillées. Et paf, plus d’ail ! Donc je descends au coin de ma rue, je demande une tête d’ail, il m’en vend trois et quoi moi vois-je sur l’étiquette ? Que l’ail ne vient plus de chez nous mais de Chine. On est tellement nuls dans ce pays que, même avec le prix du kérozène et les droits de douane, ça coûte encore moins cher de faire venir l’ail en avion que de le cultiver nous-même ! J’allucine carrément. Peut-être que les cultivateurs français gagnent assez d’argent en ne faisant rien d’autre que toucher les subventions européennes ? En tout cas les chinois sont plus malins que tous ces ânes que j’entendais chanter l’Internationale dans l’avenue tout à l’heure. En attendant que l’inter-na-tiona-a-a-ale devienne le genre humain, les chinois bossent comme des petites fourmis et se font leur beurre. Le réveil sera dur pour ceux qui aujourd’hui chantent l’inter-na-tiona-a-a-ale quand, après le textile et l’électronique, les chinois mettront à faire des bagnoles ou du Beaujolais nouveau ! Là ça fera mal.
PS. Laurent que je viens d’appeler me dit que les herbes de Provence viennent de Bulgarie et de Roumanie.

Se mettre les gens à dos, quel excellent concept !

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Les responsables syndicaux ne sont pas très doués en communication. Au lieu de crier des slogans qui leur mettraient la population de leur côté (genre “davantage d’infirmières pour vous soigner” ou “plus de profs pour éduquer vos enfants”, ou même “du pouvoir d’achat pour les bas revenus”), les grands communicateurs de la CGT ont défilé pendant des heures dans l’avenue en bas de chez moi avec cornes de brume, drapeaux rouges et méga sono hurlant à vous faire péter les tympans “ça va péter !” sur fond de lutte finale et d’internationa-a-le… Ce qui fait qu’en une après-midi, ils ont du s’aliéner pas mal de gens qui, en plus, râlaient parce qu’ils étaient bloqués dans les embouteillages par la grêve des transports. La communication ce n’est décidément pas leur truc aux gens de la CGT. Bon, j’arrête de faire de la politique sinon on va encore me dire que je ne pratique pas la pensée unique. Mais quand on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce qu’on entend, on se dit que …. (etc).

Enfin des responsables publics qui ne sont pas déficients mentaux !

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Je feuilletais ce week-end le programme de la saison 2007-2008 du Château de Versailles. Et je dois avouer que je suis tombé à la renverse en lisant tout ce qu’ils font pour les personnes handicapées. Je ne parle pas seulement des rampes d’accès, des fauteuils roulants, des entrées prioritaires et gratuites, des élévateurs pour faciliter l’accès au jardin, des visioguides en langue des signes, des lignes téléphoniques et adresse-mail dédiées pour les demandes de renseignements, d’une cellule chargée des publics spécifique… Déjà tout cela serait magnifique. Mais ils prévoient également des visites-conférences spécifiques adaptées à chacun de ces publics : un programme pour les personnes sourdes et malentendantes (visite-conférence en langue des signes ou à lecture labiale) ; un autre programme pour les déficients visuels (visites-conférences tactiles) ; et encore un autre pour les déficients auditifs ; et encore un autre encore pour les déficients mentaux ; et encore un autre pour les personnes à mobilité réduite… Chaque catégorie se voit proposer un projet de visite ou de conférences adapté. Et vous savez quoi ? Je trouve cela admirable. Chapeau les responsables du Château de Versailles ! Bravo d’accorder des régimes spéciaux à ceux qui le méritent, qui en ont vraiment besoin et qui ne sont malheureusement pas en état de bloquer la France en se mettant en grève pour faire entendre leurs justes revendications.

La mystérieuse sandale d’Empédocle

Quand le froid vous gèle les os et que l’âme se glace à cause d’Alzheimer, je me dis parfois que Empédocle avait sans doute raison de vouloir s’approcher (un peu trop près) de l’Etna… On a besoin d’un peu de chaleur parfois.


La sandale d’Empédocle

Empédocle (Wikipedia)
Hölderlin – La mort d’Empédocle

Ce week end je ne serai pas seul !

C’est marrant mais je n’y avais même pas pensé ! Et donc ce week end, plus de problème de solitude, je me fais une bonne partie d’échecs…

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© René Maltete

Mahler-Bernstein : un profond choc spirituel

mahler_bernstein.jpg Encore un cadeau inoubliable de Lydie et Enes ; et encore une révélation et un immense bonheur que “The Little Drummer Boy” – An Essay on Gustav Mahler by and with Leonard Bernstein. Le DVD de la BBC date de 1985 et j’ai donc encore plus de vingt ans de retard ! Il est impossible d’écrire quoi que ce soit tellement cet essai de Bernstein est beau, riche et sensible. Pas seulement captivant et passionnant, ce qui serait déjà pas mal mais bouleversant et, pour moi, un quasi choc spirituel. Bernstein fait, avec beaucoup d’intelligence et de délicatesse, une psychanalyse passionnée de la musique de Mahler et révèle, partition à l’appui – des premiers lieder du Wunderhorn au cycle du Chant de la Terre – le refoulement, profondément enfoui dans ses symphonies, de la sensibilité juive de Mahler, ainsi que les tensions et le conflit de toute une vie entre le judaïsme et le christianisme. Dit comme cela, ça paraît sans doute idiot (je ne suis pas très bon, vous le voyez, dans la critique de disque). Mais faites confiance à Bernstein : c’est beaucoup plus subtil, profond et magnifique que je ne le dis avec mes pauvres mots. Et puis il y a les voix inoubliables de Janet Baker, Christa Ludwig, Lucia Popp, Edith Mathis… Rarement j’ai été boulversé et ému à ce point par un dvd. J’espère que vous le serez aussi – si vous aimez Mahler évidemment.

Le DVD à la FNAC

Gustav Mahler (Wikipedia)

Leonard Berstein (Wikipedia)

Vous ne l’avez pas eu au tirage ? Essayez donc au grattage !

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Je ne suis pas madame Michu et je ne vais pas me mettre à faire de la politique sur ce blog (elle me pompe déjà assez quand je l’écoute à la radio). Mais cette histoire de “mini-traité” européen me turlupine. Je pense en effet que l’Europe est une chose trop importante pour qu’on la construise sans les peuples. L’Europe doit être le fruit d’une adhésion collective et d’un acquiescement massif des peuples – et pas le résultat de petits arrangements entre chefs d’Etat et quelques parlementaires. Sinon elle ne sera jamais perçue que comme une bureaucratie de plus. On peut donc être pour ou contre ce mini-traité – là n’est pas le problème – mais la nature de son approbation et la procédure utilisée pour le faire me semblent une question centrale du point de vue de la démocratie. Je ne dis pas que le Parlement n’est pas démocratique, mais il y a deux ans, précisément parce qu’on considérait que la construction européenne ne pouvait pas se faire sans les peuples, on avait eu recours au référendum. On avait d’ailleurs, à cette occasion, constaté un décalage frappant entre le peuple (qui avait dit non) et ses représentants (qui auraient voté oui). Si on décide aujourd’hui de remettre ça sur le tapis, ne faudrait-il pas un parallélisme des formes ? Il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de risques car je pense que les Français ne sont plus dans le même état d’esprit et approuveraient le traité. Mais encore une fois (qu’on soit pour ou qu’on soit contre) la démocratie n’est pas un jeu de la Française des Jeux : on ne peut pas dire “ce qu’on n’a pas eu au tirage avec le Peuple, eh bien on va essayer de l’obtenir au grattage avec les parlementaires”. Je vois mal comment on pourrait, sur ce sujet fondamental, passer dans le dos – ou sur la tête – du peuple. Bon, j’arrête, la politique, comme vous le voyez, ce n’est pas vraiment mon truc. Je retourne donc à mes casseroles : faut bien faire tourner la marmite !

La mer (ou Dieu) dessinent des arbres sur le sable…

ecriture03-d_jllg.jpg Jean-Louis vient de m’envoyer cette photo avec ce commentaire : “Petit matin de novembre aux abords de la réserve ornithologique de la Pointe d’Arcay en Vendée. Léger bruit des vaguelettes venant mourir sur la plage. Sauvage le ressac imprime l’écriture que l’océan lui chuchote. Pas une âme à des km. Paix”.

J’ai malheureusement du tailler la photo qui en grand est évidemment beaucoup plus belle. Dès qu’il l’aura mise sur son site je vous donnerai l’URL. Il en a d’autres dans cette série qui sont magnifiques.

Encore une petite merveille en noir et blanc

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Grâce à Lydie et Enes qui me l’ont fait découvrir, je viens de voir le véritable petit bijou que sont Les derniers jours d’Emmanuel Kant de Philippe Collin. Comme toujours, je découvre tout très tardivement puisque le film date de 1993, et peut-être le connaissez vous déjà, auquel cas je passe pour un âne mais ce n’est pas grave. C’est un petit chef d’oeuvre d’intelligence : profond, drôle et léger comme fumée… 70 minutes de pur bonheur en noir et blanc sur les derniers jours de l’auteur de La Métaphysique des moeurs a Koenigsberg en 1804. Petits récit en tableaux magnifiques du vieux philosophe vieillissant mais à l’esprit encore vif, alerte, curieux de tout, de vie, de nature et d’amitiés. Adaptation étincelante du texte de Thomas de Quincey (dont j’ai découvert l’existence par la même occasion), le film retrace l’emploi du temps que Kant répète chaque jour jusqu’à ce que la vieillesse en trouble les promenades, les gestes et l’harmonie minutieuse … Mais ce que je peux vous dire n’a strictement aucun intérêt : c’est le film qui est beau et une petite perfection. On ne le raconte pas ; on le regarde ; émerveillé. Bravo à Philippe Collin qui force l’admiration. Et merci à Lydie et Enes qui sont des passeurs merveilleux.                          

Réalisation : Philippe Collin (1993). Avec: Roland Amstutz, David Warrilow, André Wilms. Les Films du Paradoxe. (à la FNAC)

Les derniers jours d’Emmanuel Kant, Thomas de Quincey traduit par Marcel Schwob (Wikipedia)

Et d’après vous, pourquoi les gens ne dansent-ils plus ?

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En regardant ce dessin de Hansi tout à l’heure en prenant mon café, je me suis posé une question toute simple :
est ce qu’aujourd’hui les gens ne dansent plus sur les places parce qu’ils sont tristes et n’ont plus envie de danser ? Ou bien parce qu’on leur a carrément détruit ces petites places où ils dansaient précisément, dans leurs petits villages fleuris où ils vivaient tranquilles, sans voitures, sans feux rouges, où ils mangeaient tous ensemble d’énormes choucroutes sur de grands tréteaux en bois en cognant leur chopes de bière et en trinquant au Riesling ?

Là, ça sent bon la saucisse qu’on trempe dans la moutarde et j’entend le claquement des sabots sur les planches en bois… S’ils faisaient ça au coin de ma rue, juste là en bas, à l’angle de l’église, les flics arriveraient avec leurs gyrophares et hop, circulez ou au poste ! Bon, OK j’arrête sinon vous allez encore dire que je suis nostalgique (vous n’auriez pas tort d’ailleurs) !

Et puis il parait qu’on a des jours pour danser, quand l’Etat le décide : le 14 juillet ou la fête de la musique. Hors de ces dates fixées par l’Etat, circulez citoyens, y a rien à voir ! Manquerait plus que ça qu’on se mette à danser sur les places hein ! Non mais ! Mais peut-être qu’ils dansent sur Facebook et que je ne les sais même pas ?

La fête ou la vie parfois, c’est comme un mât de cocagne…
L’Alsace, un tout petit copeau de France…

Allez, camarades, encore un petit effort pour aimer le gris !

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Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais je trouve qu’en ce moment les vieux fanatismes reprennent du poil de la bête : les idéologies, les dogmatismes, les militantismes, les extrémismes … tous ne nous proposent qu’une pitoyable alternative entre le pire et le moindre mal. Si encore ils nous proposaient de tirer un peu vers le bien, ce serait déjà mieux. Mais non, ils se contentent du “moindre mal” et font claquer leurs drapeaux aux extrêmes : soit tout rouge, soit tout noir ; fascistes tous les deux n’importe comment. Entre les deux, ils sont aveugles : comme les taureaux, il faut absolument leur agiter des torchons sous les yeux, car ce sont les couleurs tranchées qui les font vivre. Et nous tuer par la même occasion car les guerres civiles, les terrorismes et les fanatismes sont tous le fait de gens qui s’obstinent à penser la morale en termes manichéens, prêts à vous trancher la tête au nom de ces couleurs tranchées précisément. Ce week end, sur France-Culture, j’entendais cette citation d’Adam Michnik : “Le gris est beau”. Eh bien j’approuve ! Dire “le gris est beau” c’est ouvrir un nuancier beaucoup plus vaste et subtil que leur monochromes rouges de sang. Allez, je vous laisse, marre des idéologies, je retourne à ma Correspondance de Rilke… Dans une lettre à Clara datée du 14 septembre 1905, Hôtel du quai Voltaire, il écrivait :

“… il me faut aller sur le balcon pour ne pas manquer
l’avènement du gris”.

Je trouve que c’est une phrase magnifique, surtout en ce moment où le gris est en train de s’installer majesteusement au dessus de Paris. Combien de gens à votre bureau vous ont dit aujourd’hui : “il faut aller sur le balcon pour ne pas manquer l’avènement du gris”. Pas beaucoup n’est ce pas ?

Le grand cèdre et le chapeau de Monsieur de Jussieu

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Bon, je lirai Pennac ou Gilles Leroy dans une centaine d’années. Pour l’instant je suis dans “Le tour de France par deux enfants” de Bruno. Oui, je sais, ça ne date pas d’hier (1877), mais je viens de le retrouver sur une étagère de ma chambre et ça m’amuse de ne pas lire le Renaudot ou le Goncourt au moment où tout le monde pense qu’il faut lire les mêmes choses en même temps. Et puis je tombe sur ce bel arbre qui me touche. D’abord parce qu’il n’y en a plus comme ça à Paris sinon les gens seraient heureux de pouvoir s’asseoir à l’ombre de ses grandes branches. Ensuite parce que je lis cette histoire que je trouve très belle : “Bernard de Jussieu avait tant travaillé que, sur la fin de sa vie, il devint presque aveugle ; il ne pouvait plus lire ni écrire, ni surtout distinguer ses chères plantes ; mais son neveu, auquel il avait communiqué son savoir, l’aida de ses yeux et de son intelligence : le neveu voyait à la place de l’oncle et il lui disait tout ce qu’il voyait. L’oeuvre de Jussieu put donc être continuée et ne fut pas interrompue par sa mort”.

Je trouve cette histoire très touchante et si, j’étais cinéaste, je ferai un beau film sur les derniers mois de la vie de Jussieu dans son grand herbier du cabinet du Roy… Mais pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça au juste ? Ah oui c’est parce qu’à mon bureau (je dis à mon bureau mais pas seulement) ils me disent toujours : “mais il faut être patient tu sais, ce que tu demandes exige du temps”… Et moi quand je parle de grands projets ou de grands chênes, je regarde toujours si ceux qui me demandent d’être patient ont planté le gland ou non ! Si je vois qu’ils l’ont planté, je sais être patient : je sais que si on l’arrose, il finira par donner un grand chêne. Mais s’ils ne le plantent pas et me demandent d’attendre, ce n’est pas de la patience, c’est un mensonge doublé d’une résignation dont j’ai déjà parlé ici.

Attendez, il faut que je finisse de vous lire la fin du texte qui est à côté de l’image :

“Quand on se promène dans Paris, au Jardin des Plantes, on voit un grand arbre, un magnifique cèdre qui rappelle Bernard de Jussieu. C’est en effet ce dernier qui l’a rapporté dans son chapeau et planté en cet endroit, alors que le grand arbre n’était encore qu’une petite plante”.

Lui en tout cas l’avait planté ! Chapeau Mr de Jussieu !

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Wikipedia : Le livre de G. Bruno (pseudonyme en hommage à Giordano Bruno) – et Bernard de Jussieu

Mais les études de médecine sont beaucoup trop longues !

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Bon, il y a une chose que j’aimerais bien – parce que ça m’agace – c’est comprendre pourquoi les médecins ne sont jamais malades. Ils reçoivent toute la journée des malades de la grippe, du virus de ceci et de cela, des trucs pas possibles où les gens sont couverts de boutons, de croûtes, de plaques, d’herpès, d’eczéma, qui leur toussent à la figure… et eux, rien, nickel-chrome, pas le moindre rhume et la grippe ça ne les concerne pas ! ça me tue carrément de ne pas comprendre. Ou bien ce sont des sur-hommes, ou bien c’est la blouse blanche qui protège. Mais j’ai vu qu’ils avaient des blouses blanches dans les hôpitaux mais pas quand c’est le médecin de quartier du coin de la rue. Donc c’est pas la blouse. Alors c’est quoi ? Les études ? J’aimerais bien comprendre parce que là je sens que je ne vais pas tarder à passer du rhume à la grippe ! Faut que je fasse quoi ? De études de médecine ? Mais c’est beaucoup trop long ! C’est maintenant que j’ai besoin de la solution ! Help !

Alzheimer fait les choses “à la perfection” !

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C’est marrant, je tombe sur cette phrase de Antoine de Saint Exupéry :

La perfection est atteinte non quand il ne reste rien à ajouter, mais quand il ne reste rien à enlever.

J’aurais donc bientôt atteint la perfection ! Je crois en effet bien qu’il ne restera bientôt plus grand chose à enlever : la mémoire a été enlevée, les mots on été enlevés, la sérénité a été enlevée, la tranquillité a été enlevée, la joie a été enlevée, le sommeil a été enlevé, le calme et l’insouciance ont été enlevés, la santé a été enlevée, la confiance dans les autres a été enlevée, l’espoir a été enlevé, bref presque tout a été enlevé… Il ne reste guère plus que la vie qui n’a pas encore été enlevée… Donc, je corrige : je n’ai pas encore tout à fait atteint la perfection : il y a encore des trucs qu’Alzheimer va enlever…

Après la fin du monde j’aimerais…

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“Après la fin du monde, j’aimerais, dans la liquidation du stock, être chargé simplement de me souvenir de l’odeur des foins juste fauchés, en juin à cinq heure du matin”. (Claude Roy)

J’ai toujours aimé Claude Roy. Et j’aimerais bien, moi aussi (je répète la phrase parce que je la trouve trop belle)
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Et il y en a encore qui disent que le web n’est pas ludique !

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Généralement je n’aime pas trop parler d’outils web parce qu’il y en a trop, que je pourrais en faire un blog entier et que ça fatigue les non-spécialistes. Mais quand il y a un bon truc qui sort en beta, ça ne me gêne pas. Quand c’est utile évidemment, comme cette page de démarrage inventée par Symbaloo. Elle vous permet de vous fabriquer en quelques clics tout une base de départ vers tout le web: moteurs de recherche, photos, vidéos, encyclopédies, restaurants, journaux, blogs, fils RSS, radios, widgets etc. N’importe quoi en fait car il y a plein de petits boutons non encore attribués que vous pouvez ajouter (il y en a beaucoup plus que sur la capture d’écran ci-dessus car j’ai coupé pour que ça reste à peu près lisible). Ceux qui sont déjà coloriés sont ceux qui figurent déjà dans l’offre intégrée. Mais vous pouvez tout changer et personnaliser. Et créer plusieurs “bureaux”…. Allez donc voir et essayez. C’est super et innovant. Et ludique comme ils aiment bien dire aujourd’hui pour vous faire avaler généralement n’importe quelle connerie. Là, vraiment, c’est bien. Merci à JPA de me l’avoir signalé.
C’est ici : symbaloo

Profession ? Messager des étoiles !

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Quand la société est trop énervante et que le monde bouge trop vite, je vais avec Laurent voir le pendule de Foucault suspendu par une corde de piano en acier de 67 mètres attachée au sommet de l’immense coupole du Panthéon. Essayez et vous verrez combien les balancements lents et majestueux de la lourde boule de plomb recouverte de laiton doré vous calmera les nerfs… Vous avez non seulement la démonstration visuelle de la rotation de la Terre sur elle même, mais également la sensation quasi physique des grandes oscillations circulaires et silencieuses du temps… Vous regardez la boule avancer de 11 degrés par heure le long du grand cercle gradué, et tout à coup ça bascule : vous sentez que ce n’est pas le pendule qui oscille mais le Panthéon qui pivote, et que la rotation n’est pas celle de la Terre mais celle votre tête qui tourne dans le ciel étoilé et le silence infini de l’univers… Petit vertige en laiton qui me procure, je ne vous le cache pas, une sensation très agréable. En sortant, vous vous sentez … citoyen du ciel ! En 1610, Galilée publiait un ouvrage au très beau titre – le “Sidereus noncius” – le Messager céleste… Moi cet après midi devant le pendule de Foucault, je me disais que sur ma carte de visite j’aimerais bien qu’il y ait écrit : Messager des étoiles. Ce serait un beau métier, non ? Merde, je n’ai encore pas fait les bonnes études !

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Plus ça va plus je pense aux étoiles…
Quelques étoiles…
Pendule de Foucault sur Wikipedia
Le pendule des Arts et Métiers

NB : ils vous font payer à l’entrée un ticket de 7,50 euros ce qui est, je trouve, une honte à tous égards. Ça devrait être gratuit et tous les enfants des écoles devraient y venir en rangs serrés. Les ministres et les hommes politiques aussi car ça leur mettrait un peu de laiton dans la cervelle.
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Et si vous passez chez José Corti, juste à côté, rue Médicis, et que vous ressortez avec des bouquins de Cracq vous n’aurez vraiment pas perdu votre temps en vous balladant dans le coin.

La grenouille du bénitier et le grand ange de Saint Sulpice

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Je ne suis vraiment pas une grenouille de bénitier mais hier soir je suis tombé en arrêt devant cet immense ange illuminé qui me tournait le dos. (j’ai du couper la photo et donc vous ne vous rendez peut-être pas compte de la taille, mais ceux qui sont passés rue Saint-Sulpice savent que ces vitraux sont carrément immenses).

Ce que je voulais dire c’est que généralement quand on longe des églises le soir, on ne voit rien : la rue saint-sulpice est plongée dans la pénombre et comme l’église est d’une laideur à pleurer, c’est carrément lugubre. Mais là, ce grand saint tutélaire derrière ces vitraux illuminés de l’intérieur ça avait un côté surnaturel qui m’a presque rassuré. Je sais qu’on va dire que j’ai un côté Saint-sulpicien, mais bon, c’est comme ça : à une époque où ça fait bien d’être “laïque et obligatoire” ou matérialiste, moi ça ne me fait absolument rien de dire que j’aime les églises (cisterciennes de préférence ; Saint-Sulpice étant ce qu’il y a de pire dans le genre), que j’adore les cloches (surtout en italie), que j’aime la liturgie (celle d’avant Vatican II bien entendu), que si j’étais catholique je serais un adepte de la messe en latin (forcément parce que si je vais en espagne ou ailleurs je veux comprendre un truc qui se veut universel), que je suis pour le retour de la grande musique sacrée (évidemment) et l’abandon des petites chansonnettes nunuches avec accompagnement navrant de guitare scout…

Bon OK, j’arrête la liste sinon vous allez m’envoyer dans un camp de rééducation. N’importe comment vous savez quoi ? je m’en moque complètement : j’ai toutes les cantates de Bach sur mon iPod, j’écoute en boucle William Byrd, Thomas Tallis, Josquin Desprez ou Roland de Lassus et ils peuvent bien chantonner ce qu’il veulent dans leurs églises ou gratouiller leurs guitares, ça m’est totalement indifférent : il y a belle lurette que je n’y vais plus le dimanche tellement leur musique est indigente. Je vais encore à Saint-Roch le jeudi soir quand il y a des grands concerts de musique sacrée. Mais je n’y retournerai le dimanche (avec sans doute des milliers d’autres gens) que lorsque les évêques auront réintroduit une musique qui élève l’âme !

– D’ici là les églises seront mon iPod !