Ce soir les oiseaux jouent à chat perché !

dome_birds.gif Ce soir en rentrant, je regardais les oiseaux qui tournaient autour du Dôme des Invalides. Je ne peux pas bien vous montrer ce qu’ils faisaient (c’est un minuscule petit gif animé parce qu’on est en 2003 et que les gens ont des mauvais modem) mais je peux vous dire qu’ils jouaient carrément à chat perché ! C’était à celui qui tenait le plus longtemps, tout là haut, sur la plus haute branche de la croix. Il y en a qui tenaient une dizaine de secondes, et hop, un autre arrivait et prenait sa place ! Ils s’amusaient comme des fous et à chaque fois c’était un oiseau différent qui se perchait tout en haut ! Je les ai regardés plus d’une demi-heure et je suis rentré : j’étais crevé et ça m’a fait du bien de les voir s’amuser comme des enfants. Je ne sais plus si ça s’appelle chat perché ou les chaises musicales ?

Mes petites soeurs les hirondelles
Un surplace de plus en plus immobile

Procrastination

Hervé est marrant : il ne se presse jamais. Moi je fais tout tout de suite et ça m’épuise. Lui remet toujours tout au lendemain et ça ne le dérange pas. La seule chose qui le tracasse c’est qu’il vient d’apprendre que cette tendance à tout remettre à plus tard se nommait procrastination. Et vous savez quoi ? ce n’est pas son attitude qu’il entend corriger mais le mot qui ne lui plait pas ! Il trouve que dire qu’on “souffre de procratination” ça fait vraiment maladie honteuse, inavouable et infâmante comme les lèpreux qui devaient agiter des clochettes au moyen-âge : “attention, n’approchez pas : Hervé est atteint de procrastination”, beurk ! Quoi qu’il en soit, l’essentiel est de faire le travail au bon moment, n’est ce pas ? Dans une lettre du 24 sept. 1908, Rilke dit qu’il doit rédiger un article sur Rodin. Et, à propos de ce travail, il écrit au sculpteur : “je le réaliserai au moment où il aura atteint la force intrinsèque qui le fera naître en toute force et nécessité”. Tu vois Hervé, finalement ce n’est pas tant de savoir si on fait les choses tout de suite ou plus tard, mais si on les fait au moment où elles s’imposeront avec le plus de promesses ! Voilà, t’es rassuré sur ta maladie ? Plus la peine de te cacher derrière les parasols quand on dîne ensemble !

Procrastination : n.f. du lat. procrastinatis, de pro-, et crastinus “du lendemain”

“La France manque d’enthousiasme”

boulez2.jpg Dans le Figaro d’hier, interview de Boulez sous le titre : “Il n’y a plus d’enthousiasme en France !”. Plus d’argent non plus : à propos de l’oeuvre de Leos Janacek qu’il vient diriger à Paris, Boulez sort sa calculette et déclare : “la Sinfonietta coûte cher car il faut 12 trompettes!” Rendez-vous compte, une oeuvre pour 12 trompettes dont le grand chef français dit qu’elle “coûte cher” parce qu’il y a… 12 trompettes ! On croit rêver. Bientôt on dira que la Venus de Milo coûtait cher parce qu’elle avait deux bras ! Va-t-on arrêter de jouer le Requiem de Berlioz ou la Huitième Symphonie de Mahler parce qu’elle comprend 1.015 personnes ? (850 choristes avec un orchestre de 146 musiciens + 8 solistes vocaux + 8 trompettes et 3 trombones). Boulez a raison, si ça continue nous ne pourrons bientôt plus nous payer que des Sinfonietta à 2 trompettes ou des orchestres avec 1 harmonica ! Ce qui ne change pas : l’Etat-mauvais-payeur ! A propos de son Requiem (autre ensemble massif), Berlioz écrivait dans ses Mémoires : “M. de Gasparin (le Sarkozy de l’époque) me commande une messe de Requiem… On ne me paye pas ! Ma fureur, mes menaces. On me paye !”. Et vous voulez savoir ce que devient la nouvelle salle de concert à Paris? “C’est affligeant”, dit Boulez, voilà 20 ans qu’on en parle : toujours rien !”. Eh oui mon brave, plus d’argent, plus d’enthousiasme !

L’Illiade et l’Odyssée ou l’Illiade seulement ?

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Bon, demain – promis juré – j’écris à Jacqueline de Romilly pour lui demander un truc qui me trotte dans la tête depuis des années et m’énerve depuis trop longtemps. C’est de savoir pourquoi on dit qu’Homère a écrit l’Illiade et l’Odyssée alors que, de toute évidence (mon évidence), ce n’est évidemment pas du même auteur. Enfin, bon, c’est ce que je pense mais cela me ferait plaisir qu’on me le confirme. C’est trop bête de croire toute sa vie les trucs idiots qu’on vous raconte. ;-)

Voyage périlleux, retour incertain …

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Dominique F-R., une copine qui cherche un nouveau job, me dit “faut se blinder les fesses et ne pas avoir d’états d’âme”. Il y a 10% de chômeurs, mais les gens ne veulent plus aujourd’hui que des boulots où ils peuvent gagner un maximum sans en foutre une miette ! Ce qui me fait penser à cette petite annonce qu’avait publiée au début du XXe siècle le grand explorateur polaire, Sir Ernest Henry Shackleton, pour recruter son équipage:
“Hommes requis pour voyage périlleux, bas salaire, froid intense, longs mois de ténèbres, dangers constants, retour incertain”.
Qui répondrait aujourd’hui à une telle petite annonce ? Et surtout, qui la passerait aujoud’hui !

Pour ceux que l’aventure polaire intéresse, je signale ci-dessous le plus beau livre jamais écrit sur l’épopée de Scott et Amundsen au Pôle Sud. Je n’ai jamais lu un livre aussi passionnant. Fascinant ! Ce serait bien si quelqu’un le traduisait en français.

ROLAND HUNTFORD :: SCOTT AND AMUNDSEN

600 p. Weidenfeld London.
14£ (quand je l’ai acheté il y a 5 ans chez Smith & Son)

scottamundsen2 Un livre absolument passionnant mettant en parallèle Scott, l’homme qui voulait être un héro et Amundsen qui, lui, voulait simplement arriver au Pôle ! et qui y arriva en effet le premier durant l’été austral 1911-12. Dans leur course au Pôle sud, on voit se déployer la psychologie des deux hommes et leur manière d’affronter l’obstacle. Mal préparé, Scott, qui n’a réfléchi aux causes du scorbut, est handicapé par une expédition trop lourde, il part avec des chenillettes (qui tombent à l’eau ou en panne) avec des poneys (qui meurent aussitôt de froid car ils transpirent sous la glace)…
A l’opposé, Amundsen se renseigne longuement avant son départ auprès des esquimaux, il voyage léger, emporte des rations de vitamines, part avec des chiens de traineau, dispose des refuges le long du parcours, planifie tout dans les moindre détails …

Ayant tout programmé, Amundsen arrive le premier au Pôle. Il y plante sans peine le drapeau Norvégien, ses compagnons dansent dans la neige et il prennent des photos magnifiques. Le Britannique Scott, de son côté, conduit son équipe à la mort : scorbut, gangrène, froid et fatigue … Pathétiques récits des morts d’Edgard Evans et du Captain Oates qui prétexte une sortie pour tirer sa révérence et disparaître dans le blizzard…

Mais le plus intéressant dans cette histoire est que finalement tout le monde connait et glorifie l’épopée de Scott qui meurt sur le chemin du retour alors que pratiquement personne ne célèbre Roald Amundsen, victorieux, qui rentre à sa base avec ses trois compagnons et onze chiens ! Tout simplement parce qu’en arrivant là bas, Scott (qui y trouve un mot amical et des vivres laissées par Amundsen) rédige avant de mourir des couplets pathétiques dans son journal qui s’arrête le 29 mars : “l’ouragan hurle autour de nous. Nous sommes faibles, je puis à peine écrire. Cependant, pour ma part, je ne regrette pas d’avoir entrepris cette expédition ; elle montre l’endurance des Anglais, leur esprit de solidarité et prouve qu’ils savent regarder la mort avec autant de courage aujourd’hui que jadis. Nous avons couru des risques. Nous savions que nous les courrions. Les choses ont tourné contre nous, nous ne devons pas nous plaindre, mais nous incliner devant la décision de la Providence, résolus à faire de notre mieux jusqu’au bout.”

Vous avez bien lu : “Les choses qui tournent contre nous, regarder la mort avec courage, s’incliner devant la décision de la Providence….” Il eut fallu écrire : manque de préparation, manque de réflexion, manque de discernement, manque d’organisation… tout ce qui a conduit à la mort l’équipe entière de Scott! Tout ce que, précisément, Amundsen avait épargné à ses compagnons par l’exercice serein d’une réflexion tranquille et une organisation sans faille.

Bref, ce livre est passionnant. Et instructif : tous les jours nous rencontrons des “Scott” et des “Amundsen”. Lorsqu’il s’agit de partir avec des hommes comme cela – quelle que soit l’expédition – mieux vaut savoir les reconnaître ! Ce livre y aide.

Shame on Captain Scott

Le monde à l’envers et l’église la tête en bas

bossuet2.jpg Hier soir, c’étaient les “journées du patrimoine” – l’église Saint-Sulpice était carrément pleine à craquer (de ma vie je n’avais jamais vu ça) pour écouter du… Bossuet (qui n’est pas l’auteur à la mode qui déplace le plus les foules modernes !). Et pourtant ils étaient plus de mille à être venus, de 20h jusqu’à minuit, pour entendre l’Oraison funèbre sur la mort d’Henriette d’Angleterre et le “Sermon sur la mort”. Le comédien commence : “Vanité, vanité, tout n’est que vanité” … Stupeur dans l’église : on n’entend rien, sifflets, boo-hoo, hurlements. Le comédien comprend que sa voix ne porte pas et après une longue réflexion (sans doute répugnance à enfreindre la loi soixante-huitarde qui veut qu’il ne soit pas bien vu de s’élever plus haut que le peuple), il finit par escalader la chaire sous un tonnerre d’applaudissements et les bravos de la foule. Le comédien reprend : “vanités, vanités, tout n’est que vanité”…. Re-sifflets, re-boo-hoo et re-hurlements de la foule qui crie “on n’entend rien !” Jamais je n’avais entendu pareil tintamarre dans une église ! Jusqu’à ce qu’un technicien finisse par monter en chaire pour accrocher un micro-cravate au valeureux comédien. Bossuet reprend et, oh miracle de la technologie, on entend ! Applaudissements de la foule. Les gens étaient exaspérés mais, après 45 minutes de turbulences, le spectacle pouvait enfin commencer. Tout ça pour dire :
1) qu’on parle de déchristianisation parce que les curés sont pitoyables mais que les églises seraient bondées – même le soir à 20h – si on pouvait y faire des vraies expériences spirituelles;
2) que le même peuple – contrairement aux fadaises qu’on nous sert en prime time sous couvert d’audimat – demande des nourritures spirituelles. Rendez-vous compte: pas du Beigbeder mais du Bossuet ! et ils viennent par milliers ! on croit rêver.
3) que les organisateurs de ce type de manifestations seraient bien inspirés de faire des essais de micros avant de se planter en direct devant mille personnes. Lamentable !
4) enfin que les sympathiques et valeureux comédiens du XXe siècle devraient s’efforcer de faire des exercices respiratoires et développer leur cage thoracique pour être en mesure d’atteindre – au moins – la cheville des illustres prédicateurs du XVIIe. Dehors, sur la fontaine de la place Saint-Sulpice, l’Aigle de Meaux à du préférer s’envoler ! Moi, découragé, je suis sorti avant la fin. Je relirai ces textes chez moi !

“Tous les jours, je vais de mieux en mieux”…

Coue-H

Bon, ça faisait pas mal d’années que je me demandais à quoi le bonhomme pouvait bien ressembler ! Et puis là, ce soir, en écoutant les nouvelles à la radio (“la reprise américaine est là, la croissance va reprendre” etc.…) je me suis dit: cette fois, c’est décidé, je ne me couche pas sans avoir vu de près la tête  d’Emile Coué, né en 1857 à Troyes.

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De combien de centimètres un platane pousse-t-il en 60 ans ?

guehenno7.jpg Dans le Journal des années noires de Jean Guéhenno que je viens de lire sur la plage (magnifique journal où l’honneur et la dignité claquent à toutes les pages) je lis à la date du 20 avril 1942 :
“Tout le long de la Seine, entre la porte du Carrousel et la Concorde, tous les platanes montrent, gravé profondément dans leur écorce, un grand V encadrant une croix de Lorraine. J’admire l’audace d’un tel travail. Il y a fallu dans doute toute une équipe. L’autorité occupante a fait passer au goudron ces inscriptions, mais cela les rend seulement plus visibles. Ces taches noires tirent l’oeil. Et ces inscriptions vont grandir pendant des années avec les arbres.”
Je me demande bien – soixante ans après – à quelle hauteur sont maintenant ces marques que je n’ai pas réussi à voir hier matin en remontant du Carousel à la Concorde. Tiens, je vais écrire au Maire de Paris pour lui demander d’envoyer aux Tuileries des observateurs avec des grandes échelles de jardiniers pour voir si ces inscriptions résitantes sont encore visibles en haut des platanes. Pour qu’on fasse des photos : il y a des arbres qui sont aussi des “lieux de mémoire” comme on dit aujourd’hui, non ?

Guéhenno, Journal des années noires (1940-1944). Folio Gallimard n° 517

Pauvre Lion du Panshir !

massoud.jpg “On tue les gens, et ensuite on se donne la gloire de les réhabiliter! Je n’aime pas les grâces politiques et je n’aime pas les réhabilitations. Le seul mot qu’elles me fassent venir est : “shame ! shame ! – Honte à vous !”

Voilà ce qu’écrivait Henry de Montherlant dans ses Carnets (1924-1972). Aujourd’hui La Poste française réalise un timbre à l’effigie du Commandant Massoud. Plutôt que cette réhabilitation post mortem, on aurait mieux fait de l’aider quand il est venu à Paris demander l’aide de la France que nous ne lui avons pas accordée ! A l’époque, il n’avait en effet pas été reçu par le premier Ministre et les portes de l’Elysée étaient restées closes devant l’homme qui s’était battu pour la liberté de son peuple, pour notre liberté aussi et qui l’a payé de sa vie. Aujourd’hui le Lion du Panshir est mort et on imprime un timbre à son effigie ! Shame, shame, shame ! crierait Montherlant.

Il y a des textes que je trouve renversants

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Dans sa magnifique Lettre du Greco, Nikos Kazantzaki écrit :

“Quand mon pèlerinage fut achevé, je suis resté quelques jours à Boukhara pour me reposer, j’ai senti, après tant de gel inhumain en Sibérie, le soleil bien-aimé tomber sur moi et réchauffer mes os et mon âme. J’étais arrivé un peu avant midi, il faisait très chaud mais on avait arrosé les rues, et l’air sentait le jasmin. Des musulmans, portant des turbans multicolores, étaient assis sous des tonnelles de chaume et sirotaient des sorbets rafraîchissants. Des enfants joufflus, la poitrine découverte,trônant sur des hauts escabeaux, dans les cafés, chantaient de passifs amanés orientaux. J’ai acheté un melon, je me suis assis à l’ombre de la célèbre mosquée de Kok-Kouba, j’ai posé le melon sur mes genoux; j’avais très faim et très soif, je l’ai coupé, tranche par tranche, et je me suis mis à manger; son parfum, sa douceur, arrivaient jusqu’à la moelle de mes os. J’étais comme une rose de Jéricho fanée; je m’étais plongé dans la fraîcheur du melon, j’avais ressuscité. Une fillette est passée, qui devait avoir sept ans; son dos était couvert d’une foule de tresses minuscules et à chaque tresse pendait un coquillage ou une pierre bleue, ou un croissant de bronze pour chasser le mauvais oeil; et tandis qu’elle passait devant moi ses hanches se balançaient comme celles d’une femme adulte et l’air a embaumé le musc. A midi le muezzin est monté sur le minaret qui me faisait face; il avait une barbe toute blanche, un turban vert; il a posé la paume de ses mains sur ses oreilles et s’est mis, en regardant le ciel, à appeler les fidèles à la prière; et tandis qu’il criait, une cigogne a plané dans l’air embrasé et est venue se poser, sur un pied, au sommet du minaret. J’ouvrais les oreilles et j’écoutais, ouvrais les yeux et regardait. Je savourais le fruit très doux et parfumé, j’étais heureux. J’ai fermé les yeux; mais j’ai craint de tomber dans le sommeil et de perdre tout ce bonheur, je les ai rouvert…(…)

Moi, que voulez vous, des textes comme ça, ça me renverse !

Toutefois, je vous assure que…
Parfumer les ragoûts à la Légion d’honneur
L’escargot archange

Tous les mois sont beaux

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Bon, je m’envole jusqu’au 17 septembre… histoire d’aller voir voler les mouettes. Je vous le dis uniquement parce qu’il n’y aura pas de mise à jour du site jusqu’au 18 septembre. Je préférerais aller survoler le Hokkaido sur le dos d’une oie cendrée mais mon oie me dépose seulement en Bretagne. Ce n’est sans doute pas la meilleure saison pour partir mais d’abord je pars pour reposer mes yeux (mes nouvelles lunettes me donnent la migraine) et ensuite comme il n’y a plus de saisons, autant partir à la fin de l’été. Et d’ailleurs tous les mois sont beaux non ? Tiens puisque vous êtes là et que je ne pourrai pas actualiser le site, lisez, ci-dessous, ce qu’écrivait Sei Shônagon sur les saisons. Je pense comme elle.

Sei Shônagon était dame d’honneur, attachée à la princesse Sadako qui mourut en l’an 1000. Ses “Notes de chevet” ont été composées dans les premières années du XIe siècle japonais, au moment de la plus haute splendeur de la civilisation de Heian. Elle écrit :

“Parmi les époques, j’aime le premier mois, le troisième mois, les quatrième et cinquième mois, le septième mois, les huitième et neuvième mois, le douzième mois ; tous ont leur charme dans le cours des saisons. Toute l’année est jolie”.

Voilà, Sei Shônagon a dit ce que je pense et je n’ai pas un mot à ajouter. Rien. Ou peut-être juste ceci : le deuxième mois, le sixième et le dizième mois !

La vie est terriblement dangereuse en ce moment

chevalechec6.jpg Je vais me ballader au Luxembourg où j’aime bien regarder les joueurs d’échecs. Souvent j’essaye de me concentrer pour suivre les parties mais parfois il y a un détail qui me bloque. Par exemple, un cheval qui hénit tellement fort que je n’arrive carrément plus à me concentrer : je ne vois que les naseaux bouillonnants du canasson, je le sens trépigner, taper des sabots en hennissant de façon tout à fait déplacée sur un damier où il est plutôt bienséant de rester extrêmement silencieux et concentré. Dans ces cas là, c’est clair, je m’écarte. Pas envie de prendre une ruade ou un coup de sabot en pleine figure. C’est tout à fait le genre de trucs qui m’arrivent dans la vie : je me ballade tranquillement pour me détendre et paf, je tombe sur un canasson cinglé et menaçant. C’est marrant comme la vie devient dangereuse en ce moment. Peut-être j’ai trop de soucis.
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D’autres petits chevaux…
Le cheval de Caligula
Le cheval à l’intérieur du bloc de marbre
Youpi, tout va mal !
Le cheval du Condottière
L’élégant petit cheval du Conservatoire des Arts et Métiers

“Aimer son prochain comme soi même”…

tibetanbook.jpg Ce matin sur France-Culture, deux professeurs blablatent sur le suicide et l’amour du prochain. Et une fois encore je me rends compte que – décidément – je pense différemment sur ce fameux commandement biblique : “tu aimeras ton prochain comme toi même” . J’explique : tout le monde fait ce raisonnement que je ne partage pas : “puisqu’il faut aimer son prochain comme soi-même, il faut donc d’abord s’aimer soi-même ! sinon on n’aime pas bien l’autre”. Et la conséquence de ce raisonnement idiot – c’est ce que j’entends tout le temps dans les temples, églises, sur KTO et autres radios chrétiennes : qu’il n’y a pas de mal à entretenir sa fixation égocentrique et à enfler son amour de soi – bien au contraire – puisqu’on aimera ainsi l’autre d’autant plus qu’on s’aimera soi-même davantage !). Bon, pour moi c’est exactement l’inverse : ce n’est pas “aimer comme soi-même” qui sont les mots importants du commandement, c’est “l’autre-comme-soi-même”.
L’autre-comme-soi-même c’est très différent et c’est une pratique très connue du bouddhisme tibétain qui s’intitule Tonglen. Autrement plus bénéfique et qui nous mène beaucoup plus loin que le contresens à l’infini fait sur “tu aimeras comme toi-même ton prochain” !

Pour ceux que Tonglen intéresse, je recopie ici ce qu’écrit Sogyal Rinpoche dans Le Livre Tibétain de la Vie et de la Mort.

– se considérer comme identique à autrui
Un moyen puissant d’éveiller la compassion est de considérer l’autre comme étant en tout point identique à soi-même. “Après tout, explique le Dalaï-Lama, tous les êtres humains sont semblables, faits de chair, de sang et d’os. Nous voulons tous le bonheur et voulons éviter la souffrance. De plus, nous avons tous un droit égal au bonheur. En d’autres termes, il est important de réaliser qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes tous semblables”.

– se mettre à la place d’autrui
Lorsqu’une personne souffre et que vous ne savez absolument pas comment l’aider, mettez-vous sans hésiter à sa place. Imaginez aussi précisément que possible ce que vous ressentiriez si vous subissiez la même souffrance. Demandez-vous : “Comment me sentirais-je ? Quelle attitude voudrais-je que mes amis aient envers moi ? Qu’attendrais-je d’eux par-dessus tout?
Lorsque vous vous mettez ainsi à la place d’autrui, vous transférez directement l’objet habituel de vos préoccupations – vous-même – sur un autre être. Vous mettre à la place de l’autre et un moyen très puissant de desserrer l’emprise qu’on sur vous fixation égocentrique et amour de soi immodéré, et de libérer ainsi le coeur de votre compassion”.

Voilà qui nous mène beaucoup plus loin que l’incompris “tu aimeras comme toi-même ton prochain” !

Premier ministre ou rien !

berlusconi.jpg Je ne vais pas me mettre à faire de la politique dans ce blog mais je découvre aujourd’hui seulement ce commentaire (très ancien me dit-on) de Roberto Benigni à propos de Silvio Berlusconi :

“Berlusconi ? Il a dit: “dans la vie, je veux être Premier ministre ou rien”. Et il a réussi à être les deux en même temps!”

Bon, l’histoire est peut-être ancienne mais je la trouve vraiment trop géniale !

Il y a de la révolte dans l’air…

marre_du_jaune4.jpg Il semblerait qu’il y ait un vent de révolte qui souffle en cette rentrée : dans des bleds aussi reculés que Saint-Cyr-en-Val près d’Orléans, on me signale une boite aux lettres bombée et taggée “marre du jaune”. Geste d’un artiste isolé ou révolte de “gens d’en bas” qui se vengent d’un Etat lointain qui ne consulte pas avant de décider dans ses bureau parisiens ? … En tout cas, si le mouvement se développe, on va bien rigoler cet hiver et les pots de peinture vont être côtés très haut au CAC 40. Que vont-ils prochainement bomber en rose ? Le Sacré-Coeur ? Matignon ? l’Assemblée ?

Les pavés ne sont plus ce qu’ils étaient…

paves5.jpg Je ne sais pas si vous pensez comme moi, mais je trouve qu’ils ne savent carrément plus remettre en place les pavés qu’ils enlèvent. Le métier (image de gauche) se perd… Et encore je ne suis pas méchant avec l’image de droite : j’ai vu bien pire ! En tout cas c’est du travail de chien et dans peu de temps ils goudronneront tout. Forcément, ils ne savent plus poser les pavés ! Il n’y aura bientôt plus que l’Enfer qui sera bien pavé (de bonnes intentions évidemment).

L’aventure est au coin de la rue (enfin presque !)

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Hier encore, banalissime ballade au musée Rodin. A côté de la caféréria, il y a une vieille buanderie avec un mur en briques banalissime lui aussi. Mais quand on s’approche on voit que presque toutes les briques portent une marque de fabrique. C’était l’époque où même la brique la plus banale avait un nom. Ah nostalgie d’une époque où les briques avaient de la classe !

Des briques rouges …
Les briques en face de l’hôpital Tarnier
Le mur ocre et l’arbre qui fait du tai-chi
Ombres et briques

Marre de tout payer deux fois !

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La télé sombre dans la nullité et personne ne dit rien (vous avez entendu le Président ? l’Académie ? le Collège de France ? des grandes personnalités ? un collectif d’intellectuels ? des chiennes de garde ? Rien : silence absolu. La télé est de plus en plus nulle et de plus en plus vulgaire mais personne ne bronche).

Vous je ne sais pas mais, dans ma famille en tout cas, plus personne ne la regarde depuis des décennies. Et on se demande bien pourquoi il faudrait continuer à payer une putain de redevance à des chaînes qui diffusent une telle merde (vous voyez à force de parler de la télé on devient vulgaire comme elle, c’est un signe !). On paye déjà le câble où il y a juste à peine de quoi grapiller quelques miettes d’intelligence…

Mais si les chaînes publiques sont nulles à ce point, qu’on nous rende la redevance ! On achètera des fleurs ou davantage de livres.

Marre de payer tout deux fois :

l’enseignement public n’est pas bon, vous mettez vos enfants dans le privé et donc vous payez deux fois.
La télé publique n’est pas bonne, vous prenez le câble et donc vous payez deux fois.
L’eau du robinet n’est pas bonne, vous prenez des bouteilles d’Evian et donc vous payez deux fois.
Les légumes sont OGN, vous devez aller dans des magasins Bio et donc vous payez plus cher…
• etc.
• etc..
• etc…

Tiens, faudrait que je fasse la liste exhaustive de tout ce qu’on paye deux fois dans ce pays de fous ! Même ma retraite va falloir que je la paye deux fois : à l’Etat au titre de la répartition et à des organismes privés au titre de la capitalisation. Bon, j’arrête ils me rendent fou.

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Ici c’est la Serbie !

Contre le mur d’une poste de Sarajevo apparut un jour l’inscription:

“Ici, c’est la Serbie !”

Le lendemain, on pouvait lire:

“Non, c’est la poste !”

Raconté par Zlatko Dizdarevic, ancien rédacteur en chef d’Oslobodenje
et trouvé sur Périphéries. Je trouve cela carrément immense !

Regarder le ciel en bas…

flaque_dome.jpg Hier encore, profitant d’un rayon de soleil après la pluie, tous les touristes japonais, hollandais, italiens, allemands prenaient des photos du Dôme des Invalides… Il devaient se demander pourquoi moi, accroupi par terre, je prenais des photos de la flaque d’eau. Ils pensaient sans doute que j’étais cinglé ? Mais peut-être c’est eux qui ont raison : je ne suis pas arrivé à avoir de Dôme en entier, ces flaques trop petites c’est vraiment agaçant ! Et d’ailleurs pourquoi diable vouloir chercher le ciel en bas, dans les flaques d’eau ?

Voir des poissons dans les arbres, ça me rassure en fait
Le ciel comme … issue de secours !
Un petit balcon dans le ciel…
Penser à mettre le ciel dans une enveloppe
L’art quand il nous tombe directement du ciel
Qu’est ce qui nous ouvre le ciel
A riveder le stelle…
Il faut que le hasard renverse la fourmi…
Le ciel dans le caniveau
Regarder le ciel en bas…
J’aime les nuages qui passent
Le jour n’est pas plus beau…