L’ascension des âmes dans le tunnel de lumière

boshairport4.jpg Depuis des années, j’ai sur mon mur un grand poster représentant une partie du magnifique diptyque du Paradis Terrestre et de l’Ascension des Ames de Hieronymus Bosch, conservé au Palais des Doges à Venise. Avec la célèbre image du tunnel de lumière où de grands anges magnifiques arrachent les âmes bénies à une pénombre d’ébène pour les guider – par une étonnante ascension dans un rayonnement incandescent – vers la lumière éblouissante du Paradis dont Dante, dans la Divine Comédie, parle si admirablement. Depuis des années, cette image de Bosch est définitivement fixée sur ma rétine et je suis souvent frappé par des analogies étonnantes qui me troublent : comme par exemple ici, avec cette photo prise dans le tunnel d’un terminal d’aéroport… Je ne peux pas regarder ce tube de verre lumineux sans penser aussitôt à cette peinture de Hieronymus Bosch.

Hieronymus Bosch (1453-1516) Huile sur bois. Venise. Palais des Doges.

PS. Depuis que j’ai mis cette image, beaucoup d’amis (Muriel et Delphine notamment) me disent : “mais c’est l’image de la lumière qu’on voit quand on sort du coma”. Peut-être que c’est cela et aussi l’au-delà de la mort ou l’autre côté de la vie… Je n’ai évidemment jamais voulu comparer les aéroports au Paradis! Je voulais simplement souligner l’analogie entre les deux images… Quant à la lumière qu’on voit quand on sort du coma… euh, hé bien je ne connais pas encore.

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voir également ce que je vois de mon terrier…

“Je (ne) fais (pas) confiance à la justice de mon pays”

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J’apprends que la Poste va éditer, en 2004, quatre timbres sur “les animaux de la ferme”. Comme c’est touchant ! Je pense qu’ils vont nous mettre de jolies petites vaches broutant dans la belle herbe fraîche et verte alors qu’ils ne les sortent carrément plus des étables industrielles et qu’ils les ont tuées à coup de farines animales (qu’ils ont osé appeler “farine” et donner à des herbivores alors que c’était de la poudre de cadavres concassés). Je n’ai encore pas compris pourquoi il y avait eu des milliers de cadavres et pas de procès ? Il devait bien y avoir le nom des producteurs sur ces sacs de mort, non ? …->

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Anne-Marie, l’alchimiste du développement durable

En m’envoyant gentiment par mail cette Alchemille de son jardin, Anne-Marie me dit : “L’alchemille tire, semble-t-il, son nom de “alchimiste”. Comme les alchimistes – qui avaient besoin de chercher la rosée du matin pour transformer le plomb en or – elle capture en effet les goutelettes d’humidité qui se déposent en petites perles tout autour de son bord dentelé qui restent là très longtemps sur le pourtour comme un collier de perles de verre accrochées autour d’un cou, jusqu’à glisser vers le coeur, recueillies comme dans une coupelle… J’en ai planté plein. Ces petites feuilles sont des sources de plaisir inépuisables : pas un jour où elles ne vous trahissent, tous les matins, les petites perles sont là, et après toutes les pluies aussi. Elles ont, comme vous le savez peut-être, sur des tiges délicates des petites fleurs chartreuse. En tapis sous les roses, une allée d’alchemilles c’est très beau”… Merci Anne Marie !

Les Chinois voient l’heure dans l’oeil des chats

catmontre2“Un jour un missionnaire, se promenant dans la banlieue de Nankin, s’aperçut qu’il avait oublié sa montre, et demanda à un petit garçon quelle heure il était. Le gamin du céleste Empire hésita d’abord ; puis, se ravisant, il répondit: Je vais vous le dire.

Peu d’instants après, il reparut, tenant dans ses bras un fort gros chat, et le regardant, comme on dit, dans le blanc des yeux il affirma sans hésiter : Il n’est pas encore tout à fait midi. Ce qui était vrai.

Charles Baudelaire, L’Horloge, Le Spleen de Paris.

Le texte en entier

“Un jour un missionnaire, se promenant dans la banlieue de Nankin, s’aperçut qu’il avait oublié sa montre, et demanda à un petit garçon quelle heure il était.
Le gamin du céleste Empire hésita d’abord ; puis, se ravisant, il répondit :”Je vais vous le dire.”

Peu d’instants après, il reparut, tenant dans ses bras un fort gros chat, et le regardant, comme on dit, dans le blanc des yeux il affirma sans hésiter :”Il n’est pas encore tout à fait midi.”
Ce qui était vrai.

Pour moi, si je me penche vers la belle Féline, la si bien nommée, qui est à la fois l’honneur de son sexe, l’orgueil de mon coeur et le parfum de mon esprit, que ce soit la nuit, que ce soit le jour, dans la pleine lumière ou dans l’ombre opaque, au fond de ses yeux adorables je vois toujours l’heure distinctement, toujours la même, une heure vaste, solennelle, grande comme l’espace, sans division de minutes ni de secondes, – une heure immobile qui n’est pas marquée sur les horloges, et cependant légère comme un soupir, rapide comme un coup d’oeil.

Et si quelque importun venait me déranger pendant que mon regard repose sur ce délicieux cadran, si quelque génie malhonnête et intolérant, quelque démon du contre – temps venait me dire : ” Que regardes-tu là avec tant de soin ? Que cherches- tu dans les yeux de cet être ? Y vois-tu l’heure, mortel prodigue et fainéant ?” Je répondrais sans hésiter :
“Oui, je vois l’heure ; il est l’éternité !”
N’est-ce pas, madame, que voici un madrigal vraiment méritoire, et aussi emphatique que vous-même ?
En vérité, j’ai eu tant de plaisir à broder cette prétentieuse galanterie,que je ne vous demanderai rien en échange”.

L’Horloge, Le Spleen de Paris. C. Baudelaire

Vous avez dit “littérature” ?

giscard.jpg “Quel accès d’humilité, assez inattendu, vient-il de pousser M. Valéry Giscard d’Estaing à se présenter à l’Académie française?” c’est la question naïve – mais importante car l’Académie ce n’est tout de même pas rien – que Maurice Druon ose poser dans le Figaro Littéraire du 13 novembre. Dans un petit texte d’une exquise méchanceté, l’académicien dit tout haut ce que chacun pense évidemment tout bas : “les ouvrages de M. Giscard d’Estaing ne l’imposent pas dans l’histoire de la littérature française”. La candidature de M. Giscard d’Estaing n’ayant dès lors d’assise que politique, nous sommes dit Druon “en pleine confusion des genres”. Et l’académicien de conclure : “On comprendra pourquoi, devant cette étrange candidature, je suis, comme on dit en langage académique, quelque peu réservé”. Nous aussi !


Texte intégral de cette petite méchanceté.

“Quel accès d’humilité, assez inattendu, vient-il de pousser M. Valéry Giscard d’Estaing à se présenter à l’Académie française ? Voilà un ancien président de la République qui, lorsqu’il donnait à déjeuner à l’Élysée, ne faisait asseoir personne en face de lui et prenait son repas devant une place vide, comme le roi à Versailles.

On a souvenir de l’aimable désinvolture avec laquelle il s’adressait aux nouveaux académiciens qu’on venait présenter à son agrément. «Et quelle est votre spécialité, monsieur le Professeur?» demandait-il, non sans condescendance, à Jean Bernard.
En effet, l’agrément du chef de l’État, protecteur de l’Académie, à l’élection d’un «immortel», et manifesté par cette seule audience, est la dernière prérogative royale, avec le droit de grâce, qui se soit transmise aux magistrats suprêmes de nos républiques. L’usage peut paraître désuet. Il n’est pourtant pas théorique. Le cas n’est pas si ancien, moins de cinquante ans, où le Protecteur fit savoir qu’il «ne recevrait pas».

Ainsi, M. Giscard d’Estaing vient solliciter les suffrages d’une compagnie dont nombre des membres ont été par lui agréés. Va-t-il proposer à chacun de lui faire visite, comme le règlement de 1816 le déconseille, comme celui de 1752 le recommande, et comme de toute manière l’habitude en persiste?
Il devra, s’il est élu, venir se présenter à M. Jacques Chirac, pour qui ce sera moment délicieux. Il devra, s’il est élu, passer les portes après les trente-sept confrères entrés avant lui. Il devra, s’il est élu, prononcer à son tour le traditionnel discours sur la vertu.
Quelle admirable modestie! Elle apparaît d’ailleurs chez lui sporadiquement, mais plus fréquemment qu’il n’y paraît. Rappelons-nous ces dîners, chez les gardes-barrières, au début de son septennat. C’est son côté «le monsieur du château n’est pas fier».
Chanoine de Saint-Jean-de-Latran, par ses fonctions présidentielles, ne s’honore-t-il pas aussi, dans sa notice du Who’s Who, d’être prix du Trombinoscope 2000? Et n’a-t-il pas postulé, voici peu et avec une certaine insistance, à la présidence du cercle de l’Union interalliée, où il fut malencontreusement battu?
Tout cela est son affaire.

Mais sa candidature pose à l’Académie une plus grave question de principe. Aucun ancien protecteur n’a prétendu en faire partie. Elle eut des protecteurs qui étaient académiciens auparavant: Adolphe Thiers, élu en 1833, Paul Deschanel, Raymond Poincaré, sous la IIIe, le maréchal Pétain. Après, jamais. Le chancelier Séguier, qui succéda à Richelieu dans ce protectorat, était de l’Académie dès sa fondation. La question se posa pour le général de Gaulle, qui était, lui, un immense écrivain, ou plutôt elle lui fut posée lorsqu’il quitta, non sans grandeur, le pouvoir. Il repoussa courtoisement l’offre. L’antinomie, à ses yeux, était fondamentale. La leçon mériterait d’être retenue.
François Mitterrand, qui avait incontestablement une œuvre, y songea peut-être, mais sans donner corps, pour les mêmes raisons, à cette songerie.

Sans dénier à M. Giscard d’Estaing son exceptionnel talent de conférencier politique, ses ouvrages ne l’imposent pas dans l’histoire de la littérature française. Il a publié un roman où il consacre un long passage à nous décrire comment un homme bien né range dans son armoire ses chandails de chasse. D’un livre de méditations sur le temps de sa présidence, nous avons retenu que la vue des cuisses un peu découvertes d’une des femmes ministres ne laissait pas de le troubler. Humain, trop humain… Ce ne sont pas là titres absolus pour succéder à Léopold Senghor, dont, au demeurant, il fit capoter, par crainte de paraître néocolonialiste, la première conférence de la Francophonie que l’Orphée des tropiques s’apprêtait à réunir, à Dakar, déjà en 1978.

La candidature de M. Giscard d’Estaing n’a d’assise que politique. Et c’est là où le bât blesse.
Nous sommes gens qui vieillissons ensemble, dans une convivialité plus que courtoise, affectueuse, en effaçant tout ce qui a pu au long de la vie nous séparer. Depuis des années, nous évitons avec persévérance tout sujet, toute situation qui pourrait nous diviser ou nous déchirer, comme il arriva, non sans dommage, dans le passé. Mais l’on ne peut faire que nous ayons chacun nos rhumatismes de l’âme qui viennent de nos origines, de nos tempéraments, de nos philosophies propres, de nos travaux, de nos engagements, de nos combats. D’où notre complémentarité remarquable; mais c’est un tissu précieux sur lequel il ne faut pas trop fort tirer.

Certains d’entre nous ne peuvent oublier que ce sont les voix de M. Giscard d’Estaing et du parti qu’il s’était créé qui firent perdre au général de Gaulle le référendum de 1969, causant son départ, un an avant sa mort.
D’autres, pour qui la défense et l’illustration de la langue française sont l’essence même de notre mission, se rappelleront le pincement au cœur qu’ils ressentirent en entendant M. Giscard d’Estaing, au soir même de son élection à la présidence, s’adresser en anglais à la presse internationale.

D’autres encore, particulièrement sensibles aux drames du Proche et Moyen-Orient et aux ravages des fanatismes musulmans, peuvent difficilement effacer de leur mémoire l’installation, sous Giscard, de l’ayatollah Khomeiny à Neauphle-le-Château, avec tous les moyens de diffuser sa révolution islamique.
Je crains que l’Académie n’y perde de son exemplaire sérénité. Il faut être prudent avec une institution vieille de plus de trois siècles et demi. Toute nouveauté y devient précédent. S’il est admis qu’un ancien protecteur puisse s’y imposer, alors réservons un fauteuil à M. Jacques Chirac, lorsqu’il aura terminé son troisième mandat. Il a parmi nous des amis.

Et tous les «politiques» qui sont ou se croient présidentiables, à quelque parti qu’ils appartiennent, peuvent bien espérer que le suffrage universel leur octroiera, en prime, une retraite sous la Coupole. Nous sommes en pleine confusion des genres.

On comprendra pourquoi, devant cette étrange candidature, je suis, comme on dit en langage académique, quelque peu réservé

Maurice DRUON

Figaro Littéraire 13 novembre 2003

Inspecteurs des Volailles et Lapins

borges.jpg Je ne sais pas pourquoi, en passant au marché ce matin, en voyant des lapins pendus à la devanture du boucher, j’ai repensé à ceci : en 1945, Jorge-Luis Borgès déclarait à un journal de Montevideo que la situation était si grave en Argentine qu’un très grand nombre d’argentins étaient en train de devenir nazis sans s’en rendre compte. Quelques mois plus tard, le général Juan Peron le faisait radier de son poste de bibliothécaire et nommer … Inspecteur des Volailles et des Lapins au marché de la rue Cordoba. Bétise crasse des fascistes. En 1955, Borges sera nommé Directeur de la Bibliothèque Nationale et deviendra aveugle, évoquant “la splendide ironie de Dieu qui le gratifie simultanément de 800 000 ouvrages et de la pénombre”. En 1986, le plus grand écrivain du monde disparait sans avoir jamais reçu le prix Nobel de littérature. Bétise crasse des Nobels !

Quant à moi, je n’ambitionne rien d’autre qu’être un jour nommé Inspecteur des Laitues et des Potirons au marché de la rue Cler, Paris VII ! Ou, comme l’imaginait Nikos Kanzantzaki, “capitaine dans le vaisseau que la reine de Saba envoyait tous les trois ans à Salomon, chargé de singes et de paons”. Ou encore Messager des étoiles qui serait un bien beau métier

Texte renversant de Nikos Kazantzaki

Comme un parfum de courge farcie à la station Argentine

L’espace de l’art et l’espace des loups

grimaudLoup

J’écoute Hélène Grimaud jouer l’Opus 118-2 de J.Brahms et finis son livre Variations sauvages. À propos du Wolf conservation Center qu’elle a fondé dans l’Etat de New-York et des milliers d’enfants venus le visiter, elle écrit : “Ce que j’aimerais leur transmettre ? Comme le loup possède la terre et le poisson l’océan, comme l’oiseau possède le ciel et les dieux le feu, l’homme doit trouver son élément, le cinquième élément, le seul dont nous ne serons jamais exclus. L’art est cet élément, sans lequel nous errons, orphelins et malheureux, la vie durant ; sans lequel nous nous coupons de la nature et du cosmos parce que nous devenons sourds, aveugles, insensibles, désensibilisés. Je voudrais aider les enfants à reconnaître cet espace, leur espace, celui que les loups m’ont permis de retrouver, cette part de soi-même qui possède l’univers et, avec lui, le temps par la clef de la musique. L’espace de la santé essentielle”.

On exige du sanglier, de la loutre et du blaireau dans Photoshop !

pinceaux.gif Dans son livre “Passagère du silence”, Fabienne Verdier, décrit ses pinceaux de calligraphe: “certains utilsent la barbe de rat ou le poil de renard… Le langhao est souvent choisi pour la peinture de paysages. Le poil de lièvre est aussi le plus raide et le plus nerveux pour les traits vifs. Le poil de mouton est très robuste mais l’un des plus difficiles à manier à cause de son excessive souplesse. Le yanghao ou chèvre grise se prête à la peinture des fleurs et des oiseaux. Le poil de sanglier, de loutre et le shihuanbi, blaireau au poil dur, la martre, de préférence celle d’hiver, sont également prisés pour leur touche vigoureuse. Du cochon, mais aussi du crin de cheval, plus rude, permettent un fort encrage pour les grandes toiles. Je trouvais aussi des pinceaux en plumes de coq, de faisan ou de duvet de canard, appréciés pour les lavis. Les manches étaient de différents diamètres et longueur. Ainsi, avec un long manche, est-il plus facile de peindre le coeur des iris ! Il en existait en corne de buffle, en bois vernis, en tige de bambou aux nœuds bien choisis”.
J’ai l’air de quoi, moi, avec mon pauvre pinceau de Photoshop ! Ma grand mère disait : “on n’a que ce qu’on mérite”

pinceaux

Liens :

La tranmission du silence
Les pigeons musiciens de Pékin
Exposition le 4 novembre

Deng Xiaoping et les puces des occidentaux

>puces.jpg Jean-François Deniau rapporte un entretien qu’il a eu avec Deng Xiaoping sur les défaut des Occidentaux : la dispersion et l’inconséquence. “Deng disait : ils veulent toujours attraper dix puces avec dix doigts et il mimait dans l’air, avec ses petites mains boudinées, un Occidental cherchant à attraper dix puces avec dix doigts”…

C’est marrant, à mon bureau ils essayent aussi d’attraper les puces de la même façon. Je vais leur demander combien ils en attrapent ! Et quand un nouveau arrive, pour le flatter, ils disent : “il a cent idées à la minute”.
Moi je pense que s’il en avait une bonne par siècle ce serait déjà bien !

Hérisson curieux regardant derrière un mur


Julia, qui est en italie, m’écrit qu’elle est en train d’aménager sous une haie – avec bûches, petit couloir aménagé, brindilles, mottes de terre et feuilles – un abri pour que les hérissons aient un endroit où se réfugier ; enfin le truc cosy pour qu’ils soient bien au chaud cet hiver et que personne ne les dérange. Du coup j’ai dessiné ce petit hérisson sur un bout de papier pour m’amuser : hérisson curieux regardant Julia en train de leur préparer leur terrier !

Porter sur son dos quelqu’un qui a Alzheimer …

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Sur les bords d’un lac, il y avait une grenouille et un scorpion qui désirait passer de l’ autre côté.
S’il te plaît, dit-il à la grenouille, prends-moi sur ton dos et emmène-moi sur l’autre rive.
T’es cinglé ou quoi ? répondit la grenouille si je te prends sur mon dos, tu vas me piquer et je vais mourir…

Sois pas conne la grenouille, répondit le scorpion. Si je te pique, tu coules, et je meurs moi aussi puisque je ne sais pas nager. Donc j’ai pas intérêt à te piquer !
ça peut rentrer dans ta petite tête de batracien ?

La grenouille se laissa convaincre et elle entama la traversée avec le scorpion sur son dos. Première moitié, cool ; tout se passe bien… Mais, arrivé aux deux-tiers du lac, paf, la grenouille sentit la brûlure d’une piqûre et le venin commencer à engourdir ses membres…

Connard ! cria-t-elle, tu m’as piquée et on va crever tous les deux !
– Je sais, répondit le scorpion. Je suis désolé… mais c’était plus fort que moi ! on n’échappe pas à sa nature !

Et il disparut lui aussi dans les eaux froides du lac…

Voilà, c’est ça Alzheimer. Avec cette différence que dans le jargon médical on ne dit pas “grenouille” mais “accompagnant“.

Saint-Christophe qui portait le Christ sur son dos

C’est pas moi, M’dame, c’est l’autre !

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Je n’y peux rien si vous ne pouviez pas vous connecter. Free confirme ce matin “la défaillance d’un équipement de transmission qui perturbe la disponibilité des services“… Le problème c’est que lorsque ça défaille je ne peux pas vous le dire. Et quand vous pouvez me lire c’est que ça ne défaille plus et donc ce message ne sert plus à grand chose… (oui je sais, mon blog ne sert pas à grand chose non plus, mais bon…).

11/11 – PS. Le pire c’est que c’est que le déraillement de Free devient permanent ! Encore hier soir et aujourd’hui toute la journée.

“Ah madame, vaut mieux être sourd que d’entendre ça !”

an-sourds.jpg Quand il fait froid et que j’ai besoin de m’échauffer le cerveau, je vais dans le bureau de Danièle C. [oui ce post date de 2003 mais rien n’a changé] écouter les retransmissions en direct de l’Assemblée nationale. Et je suis toujours frappé par la petite dame en bas à droite de l’écran qui traduit dans le langage des signes pour les malentendants.

Dans la rhétorique politique, il y a beaucoup de subtilités: par exemple on ne dit pas “chômeur” mais “demandeur d’emploi” ; on ne dit pas qu’on est en “récession” mais qu’on “enregistre une croissance négative“… Selon qu’on l’approuve ou pas, on ne dit pas “voile” islamique mais “foulard” … etc.

Donc je me demande bien ce que peut raconter la petite dame qui traduit pour les sourds avec juste ses dix doigts ! Un de ces jours, je me ferai traduire ce qu’elle dit et on découvrira peut-être que c’est cette petite dame de rien du tout qui, avec ses mauvaises traductions, fait basculer l’opinion politique et les élections ! (la pauvre ne doit pas arriver à faire la différence entre chômeur et demandeur d’emploi !

D’ailleurs il n’y a pas que les malentendants en France: si on fait le cumul des sourds qui ne veulent rien entendre, des autruches qui ne veulent rien voir et des débiles qui ne pigent n’importe comment rien à part le loto et les courses, ça fait pas mal de gens qui ne comprennent carrément plus rien à ce qui se passe. J’vais apprendre le langage des signes !

Quelques petits bouts de silence, en vrac… Continue reading

Optimisation !

dustbin2.jpg Bon, juste une toute petite précision technique pour ceux qui me font la gentillesse de regarder mon site. Il a été construit sous Mac et est optimisé pour Internet Explorer. Donc si vous utilisez des PC ça passe, mais si vous avez des vieux coucous genre Netscape (NN 4 notamment, comme beaucoup de gens à mon bureau, hélas) mieux vaut carrément abandonner. Espérons qu’un jour, les gens décideront enfin d’entrer résolument dans la modernité, de passer aux nouvelles technologies et de faire un bond en avant dans la société de l’information ! (ceci est évidemment une private joke ! n’est-ce pas Marc C.).

NB. Ce post date de 2003 ! Les chose ont changé depuis !

L’illettrisme progresse !

gala3_190_98.jpg > Et hop, encore un nouveau titre (“Public”) dans la presse “people” débile ! Comme s’il n’y en avait pas déjà assez! Je ne devrais d’ailleurs même pas en parler tellement c’est nul. Mais bon, l’illettrisme augmente, l’école s’écroule et jamais la presse des célébrités ne s’est aussi bien portée. Bizarre non ? En 2002, d’après le Monde d’hier soir 7 millions de lecteurs ont lu au moins un titre comme Ici Paris, France-Dimanche, Gala, Oh Là ! ou Point de Vue… (journaux qui parlent tous jusqu’à plus soif de Lady Di et autres nunuches. Tragique non ?

Ma “presse people” à moi parlerait de Montaigne, Dante, Suarès, Borgès, Rilke, Lao Tseu, Basho, Pascal, Ud Din Attar, Herman Hesse…. On pourrait même mettre une jolie fille nue en deuxième page si vous y tenez. Il y a de quoi écrire sur tous ces géants, non ? et s’ils étaient lus par 7 millions de gens, la civilisation serait sauvée. Carrément pathétique et d’autant plus triste que l’effondrement de la culture se fait dans le silence absolu (complice, lamentable et donc coupable) de tous les intellectuels qui ont pourtant le poids médiatique permettant d’être entendus et qui ne disent rien : silence des philosophes, des écrivains, des académiciens, des membres du collège de France, de l’université, de la politique, des partis, des chiennes de garde, de France Culture… On ne résiste même plus chez ces gens là. Silence on coule.

PS.1. Peut-être “7 millions de gens” cela ne vous dit rien. Alors voici un ordre de grandeur (résultats des dernières présidentielles – 1er tour). Chirac (5 665 855) Le Pen (4 804 713) Jospin (4 610 113) Bayrou (1 949 170) Laguiller (1 630 045) Chevènement (1 518 528) Mamère (1 495 724) Besancenot (1 210 562). Faites le total et comparez avec ceux qui lisent Gala et Oh Là ! Arrrgghhhhh!

PS.2. Si vous ne le saviez pas, je viens de découvrir qu’en France nous avions une … Agence nationale de lutte contre l’illettrisme. Ouf, nous sommes sauvés ! Il y a même un site de l’ANLCI mais pas vraiment la peine d’y aller !

Fabienne Verdier, c’est aujourd’hui mardi 4 novembre…

fab_verdier21.jpg N’oubliez pas d’aller voir Fabienne Verdier aujourd’hui 4 novembre 2003 à la Galerie Ariane Dandois. Je vous en avait parlé il y a quelques jours (blog d’octobre). De 16h à 18h, elle dédicace, son dernier livre Passagère du Silence et son précédent livre d’art “L’unique trait de pinceau”. Egalement expo de photographies de Philippe Chancel présentant l’artiste dans son atelier et exposition de plus de 80 œuvres prêtées à cette occasion par le Musée Cernuschi.

Galerie Ariane Dandois, place Beauvau, 92 rue du Fbg St Honoré. Exposition jusqu’au 14 novembre de 10h à 19h sauf le dimanche.

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Liens :

La tranmission du silence

Les pigeons musiciens de Pékin

On exige du sanglier, de la loutre et du blaireau

Les pigeons musiciens de Pékin

‘>pigeons_chine01.jpg “La grande récréation de ma vie à Pékin était d’aller retrouver mon ami Lan pendant les week-ends. Nous nous promenions, un dimanche matin, quand il me demanda: “Entends-tu ?”. Je ne percevais que le brouhaha des embouteillages. “N’entends-tu pas les pigeons musiciens dans le ciel ?”. Je levai la tête et ne vis rien. “Allons prendre une tasse de thé et je te raconterai”. On trouve à Pekin, des amateurs qui élèvent des pigeons musiciens et leur attachent aux pattes de minuscules sifflets. Quand les cages sont ouvertes, ils s’envolent et, selon la forme des sifflets et les arabesques qu’ils dessinent dans le ciel, se crée une véritable symphonie où chacun joue sa partition ; chaque sifflet est comme un instrument de musique différent. Ces chefs d’orchestre-éleveurs de pigeons organisent des concours récompensant celui qui possède la formation d’oiseaux capable de produire les plus jolies mélodies.” Par la suite, j’ai reconnu ces sons particuliers parmi le bruits de la ville et, chaque fois que je les entendais, je m’arrêtais pour les écouter.
Lorsque je visitai la maison-musée du grand acteur d’opéra Mei Lanfang, j’appris que lui aussi élevait des pigeons, mais dans un autre but : il suivait leurs évolutions dans l’air pour entraîner les muscles de ses yeux car un acteur doit exprimer les sentiments avant tout par les jeux du regard”.

Extrait de “Passagère du Silence” de Fabienne Verdier.

La tranmission du silence
On exige du sanglier, de la loutre et du blaireau
Exposition le 4 novembre