Dante et Virgile entrent dans la barque de Phlégyas… carrément immense…

Chaque fois que je relis ce vers de Dante, au Chant Huitième de l’Enfer, je tombe carrément à la renverse :

“Lo duca mio discese ne la barca,
e poi mi fece intrare appresso lui
e sol quand’io fui dentro parve carca”.

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Encore, encore des détails … (6)

Plus ça va et plus j’aime ces oiseaux qui survolent le Paradis de Herri met de BLES (v. 1540). Ils ne sont pas juste peints comme des points immobiles mais volent autour du cadre circulaire, pour le mettre en rotation autour de son axe, et faire pivoter l’anneau du cadre de bois. Bref pour mettre tout le ciel du Paradis en mouvement … Comme le dit Dante à propos de l’amour à l’ultime fin de la Divine Comédie : pour faire “tourner le soleil et les autres étoiles” (Paradiso XXXIII,145)

L’amor che move il sole e l’altre stelle

Si Dante le dit, alors c’est forcément vrai !

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Ne se rappeler que ce qu’on a fait de bien dans la vie !

Dans la Divine Comédie, Dante parle du fleuve Léthé qui apporte l’oubli*. Mais il imagine aussi un autre fleuve, l’Eunoé, qui apporte non pas l’oubli, mais le souvenir des bienfaits accomplis sur la terre.

Après avoir oublié ses mauvaises actions au moyen du Léthé,

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Le “06” du portable de Dante Alighieri !

Je ne sais plus quand j’ai mis Dante dans mon carnet d’adresse…. mais je retombe dessus par hasard et je me dis que ce serait vraiment bien de pouvoir appeler au téléphone tous les morts que j’ai aimés ! J’ai tellement de trucs à demander : à Dante, à Bach, à Brunelleschi, à même Lao Tseu et Homère !

Mais bon, je pense qu’ils sont tellement loin dans les étoiles que mon forfait Orange et la ceinture de radiations de van Allen ne me permettraient même pas de communiquer avec eux…

A propos d’étoiles, cela me fait penser à celles dont parle Dante dans la Divine Comédie aux trois Chants de Enfer, du Purgatoire et du Paradis :

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Tellement de gens à envoyer dans les cercles des enfers !

dante3
.
J’ai bien du lire la Divine Comédie cinq ou six fois dans trois ou quatre traductions différentes, et chaque fois (il suffit que j’entende une phrase, n’importe laquelle, pour que je tombe carrément à la renverse, comme un hanneton, tellement je suis heureux. Je trouve ce texte carrément beau. Tellement beau qu’il n’y a rien de plus à en dire ici. Il faut tout lire, c’est tout.

Pourquoi diable est ce que je vous parle de ça ? Ah oui, parce que je trouve que le monde ne tourne plus rond et qu’il va à sa perte (à cause de politiciens et de journalistes nous auront menti comme des arracheurs de dents). Et je suis donc content de savoir qu’il y a — dans les cercles ou dans les fosses des Enfers, une place où on pourra les envoyer rôtir dans de la poix bouillante !

Je vous donne [un bout de] la liste :

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Botticelli et Dante


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BOTTICELLI, Sandro
Paradise, Canto VI
1490s
Silverpoint on parchment, completed in pen and ink, 320 x 470 mm
Staatliche Museen, Berlin

Et le petit rameau cria : “pourquoi me mutiles-tu ?”


Il y a eu, ces derniers jours, beaucoup d’arbres et d’ombres d’arbres sur mon blog… Et du coup m’est revenu en mémoire ce passage terrible de la Divine Comédie où Dante, au Chant XIII de l’Enfer, parle des gens transformés en arbres et qui hurlent quand on brise leurs branches… C’est terrible et vous glace d’effroi. Voici le passage :

Et le bon Maître : “Avant de pénétrer plus loin, sache, me dit-il, que tu es dans la seconde enceinte, et y seras tant que tu chemineras dans l’horrible sablon. Regarde bien, et tu verras des choses qui te rendront mes paroles croyables.” Déjà, de toutes parts, j’entendais pousser des gémissements, et ne voyais personne ; de sorte que, troublé, je m’arrêtai. Je crois qu’il crut que je croyais que cette foule de voix, sortant d’entre les troncs, venait de gens qui se cachaient de nous.
Ce pourquoi le Maître dit :
“Si tu romps quelque branche d’un de ces arbres, rompues aussi seront les pensées que tu as”. Lors, avançant un peu la main, je cueillis un petit rameau d’un épais buisson, et le tronc cria : “Pourquoi me mutiles-tu ?” Puis devenu tout noir de sang, il cria de nouveau : “Pourquoi me brises-tu ? N’as-tu aucun sentiment de pitié ? Nous fumes hommes, maintenant nous sommes buissons. Ta main devrait être plus pieuse, eussions-nous des âmes de serpents.”

Petit arbre avec inscription de Giovanni Bellini (fragment)
Huile sur bois, 31 x 22 cm
Gallerie de l’Accademia, Venise.

Des passages moins tristes de la Divine Comédie (étoiles)


Quelques autres arbres…
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La libellule de Bashô…

libellule_basho2
.
En coupant des poivrons ce soir dans ma cuisine, j’ai repensé à ce beau haïku de Bashô qui dit :

Une libellule,
arrachez-lui les ailes :
un piment !

Si on inverse, ça donne :

Un piment,
mettez-lui des ailes
libellule !

Dans la Divine Comédie, sur la Porte de l’Enfer, Dante lit l’inscription : “Vous qui entrez, laissez toute espérance”… Si on inverse – comme ma vie depuis quelques temps à cause d’Alzheimer – je lis au-dessus de ma Porte : “Toi qui a laissé toute espérance, tu es entré aux Enfers”. Souvent on apprend les choses par leur contraire. J’apprends pas mal en ce moment. Un peu trop à mon gôut. Je vais essayer de revenir à la libellule de Bashô :

Libellule
Dans tes prunelles :
les montagnes lointaines…

Autres libellules…
Je finirai dans une mare avec quelques libellules
Les verrières libellules du musée d’Orsay

L’ascension des âmes dans le tunnel de lumière

boshairport4.jpg Depuis des années, j’ai sur mon mur un grand poster représentant une partie du magnifique diptyque du Paradis Terrestre et de l’Ascension des Ames de Hieronymus Bosch, conservé au Palais des Doges à Venise. Avec la célèbre image du tunnel de lumière où de grands anges magnifiques arrachent les âmes bénies à une pénombre d’ébène pour les guider – par une étonnante ascension dans un rayonnement incandescent – vers la lumière éblouissante du Paradis dont Dante, dans la Divine Comédie, parle si admirablement. Depuis des années, cette image de Bosch est définitivement fixée sur ma rétine et je suis souvent frappé par des analogies étonnantes qui me troublent : comme par exemple ici, avec cette photo prise dans le tunnel d’un terminal d’aéroport… Je ne peux pas regarder ce tube de verre lumineux sans penser aussitôt à cette peinture de Hieronymus Bosch.

Hieronymus Bosch (1453-1516) Huile sur bois. Venise. Palais des Doges.

PS. Depuis que j’ai mis cette image, beaucoup d’amis (Muriel et Delphine notamment) me disent : “mais c’est l’image de la lumière qu’on voit quand on sort du coma”. Peut-être que c’est cela et aussi l’au-delà de la mort ou l’autre côté de la vie… Je n’ai évidemment jamais voulu comparer les aéroports au Paradis! Je voulais simplement souligner l’analogie entre les deux images… Quant à la lumière qu’on voit quand on sort du coma… euh, hé bien je ne connais pas encore.

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voir également ce que je vois de mon terrier…

Quelques étoiles…

Etoiles…

tim_rilke2.jpg

“Si tout ce qui est proche vous semble loin,
c’est que cet espace touche les étoiles”

Rainer Maria Rilke

Etoiles…

roud1.jpg “Le ciel est bien plus près de moi que les hommes. Un peu plus haut que la branche extrême du noyer, à peine. Avec une perche un peu plus longue, comme on gaule les noix, je ferai choir dans l’herbe les grappes de constellations plus tièdes que les vers luisants d’été. Altaïr, je te cueille comme une pomme, comme une perle. Altaïr, Aldébaran, Orion, Andromède et sa pâle nébuleuse semblable à la chandelle qui brûle derrière une feuille de corne, j’ose enfin vous nommer de vos noms de toujours, vous que je reconnais depuis que j’ai cessé de connaître les hommes, de me connaître”. (…)

Palinodie, Gustave Roud.


Etoiles dans la Divine comédie…

Dans la Divine Comédie de Dante, il y a trois Chants : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis.

à la fin de l’Enfer, le dernier mot est Stelle, Étoile.
Inferno XXXIV :
E quindi uscimmo a riveder le stelle.
Et là fut notre issue, pour revoir les étoiles

à la fin du Purgatoire, le dernier mot est Stelle, Étoile.
Purgatorio XXXIII :
puro e disposto a salire a le stelle.
Pur et tout prêt à monter aux étoiles.

à la fin du Paradis, le dernier mot est aussi Étoile : Stelle…
Paradisio XXXIII
l’amor che move il sole e l’altre stelle.
l’Amour qui meut le soleil et les autres étoiles.

Qu’est ce qui nous ouvre le ciel ?

dante.jpg

Comme je n’arrive pas à dormir, j’écoute France-Culture la nuit et tombe sur un entretien entre Richard Millet et Pascale Lismonde (dont j’aime beaucoup la voix joyeuse). Richard Millet pose cette question très belle:

“qu’est ce qui nous ouvre le ciel ?”

Et il parle de la Neuvième symphonie de Anton Bruckner dédiée à Dieu (Dem lieben Gott). Importante cette question de savoir “ce qui nous ouvre le ciel” ? Moi je mettrais, dans l’ordre : la musique (dont les mouvements lents des dernières sonates de J. Haydn que j’écoute carrément en boucle et évidemment les messes de William Byrd), la beauté de la Création (presque tout ce que Dieu a créé sauf les moustiques), la peinture (certaines toiles dont il faut d’ailleurs que je fasse la liste mais des Annonciations pour l’essentiel) la philosophie (taoiste), la littérature ? (oui bien sûr mais peu de livres m’ont finalement vraiment “ouvert le ciel” à part deux ou trois dont la Divine Comédie, les Haïku de Basho et le Tao te king (*), certains lieux magiques (en italie notamment mais peut-être aussi n’importe où), les saisons (toutes), la physique, les mathématiques, l’astrophysique (auxquelles je ne comprends rien mais qui sans doute ouvrent aussi le ciel à ceux qui les maîtrisent), certains parfums (les pivoines surtout), la beauté de certaines femmes (bien-sûr), la lumière (ah oui, je devrais la placer en tout premier tellement elle est belle le matin sur les croissants dorés mais aussi le soir, au printemps et aussi en été, et l’hiver quand il y a de la neige et en automne surtout)…. bon j’arrête c’est impossible de faire cette liste de ce “qui ouvre le ciel”. D’ailleurs il faut que j’ajoute les moineaux qui piaillent dans la cour le matin pendant que je tape ces lignes. C’est sans fin… J’arrête pour ce matin. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper et in saecula saeculorum ! Amen.

* quelques autres évidemment dont ceux de Jorge Luis Borgès, Hermann Hesse, Kazantzaki (etc) Mais si je ne les mets pas dans la liste du haut, c’est qu’ils ne m’ont pas exactement ouvert le ciel – comme une secousse spirituelle et un coup de tonnerre existentiel.
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A quoi ça sert ?
Un job parfait pour moi : dérouleur du ciel !