Dante et Virgile entrent dans la barque de Phlégyas… carrément immense…

Chaque fois que je relis ce vers de Dante, au Chant Huitième de l’Enfer, je tombe carrément à la renverse :

“Lo duca mio discese ne la barca,
e poi mi fece intrare appresso lui
e sol quand’io fui dentro parve carca”.

“Mon guide, cependant, descendit dans la barque, Puis il m’y fait entrer derrière lui ;
Quand j’y fus seulement, elle parut chargée”.

Bon, peut-être il faut que j’explique un peu pourquoi je trouve immenses ces trois lignes de la Divine Comédie :

Dante et Virgile montent l’un après l’autre dans la barque de Phlégyas, le nocher qui doit leur faire traverser le fleuve du Styx. Alors que le corps de Dante appartient encore à la pesanteur du monde des vivants, Virgile — son guide aux Enfers — est mort et n’est donc plus qu’une ombre qui ne pèse évidemment plus d’aucun poids… Pour indiquer cette différence entre Dante et Virgile, d’autres écrivains auraient utilisé des comparaisons ou des descriptions laborieuses… Dante, lui, écrit juste que Virgile entre dans la barque mais que ce n’est qu’au moment où lui-même entre dans la barque qu’elle s’enfonce légèrement dans l’eau …

“e sol quand’io fui dentro parve carca”
“quand j’y fus seulement, elle parut chargée”.

*

Je dois être bizarre, mais moi, que voulez vous, des textes comme cela, ça me tue littéralement… Je reste carrément scotché à l’image et imagine la barque vue d’en dessous, qui s’enfonce juste au moment où Dante pose le pied dedans… Peut-être suis-je totalement débile, mais je trouve cela carrément jubilatoire comme écriture. Et, croyez-moi, toute la Divine Comédie est comme ça, carrément magnifique

Tiens, je vais relire Virgile, ça me fera du bien ! Ça me changera en tout cas de tous les abrutis que je vois s’acharner en ce moment à détruire la planète et la civilisation !

*

Les yeux de Rembrandt, la petite barque et le pétale de soleil…
Quelques étoiles chez Dante…


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