Dans le Monde de ce soir, j’apprends avec tristesse la mort de René Sieffert. C’est grâce à lui que j’avais découvert l’oeuvre de Bashô, les haïkus, le cycle épique des Taïra, la poésie japonaise… J’avais pourtant fait des études de Lettres mais jamais, à aucun moment, durant tout mon enseignement secondaire, on ne m’avait parlé de Bashô ni fait lire un seul de ses poèmes qui ont pourtant fait basculer ma vie. Ce n’était pas franco-français donc ce n’était pas au programme. Ensuite j’ai fait Philo et jamais, à aucun moment, durant tout mon enseignement supérieur, on ne m’a fait lire une seule page des philosophes asiatiques (Lao-tseu, Tchouang-tseu, Lie-Tseu) qui, eux aussi, ont bouleversé ma vie. Ce n’était pas franco-français donc ce n’était pas non plus au programme de philo. Quand j’y pense maintenant, je me dis que la France est décidément un tout petit pays dirigé par des petits nains de jardin sans curiosité et sans ouverture sur le monde. Fondateur des Publications Orientalistes de France (dont j’achetais avec émerveillement presque tout ce qui sortait), René Sieffert aura fait, dans l’ombre – pour mon bonheur – plus que tous les ministres qui se seront succédés à l’éducation nationale. Adieu René et merci pour le trésor !
Entre autre : Journaux de voyage de Bashô ; Le haïkaï selon Bashô ; L’Ermitage d’illusion, Le Manteau de pluie du singe ; Jours d’hiver ; Le Dit de Hôgen et le Dit de Heiji ; Contes de la pluie et de la lune ; Eloge de l’ombre; Journal de Sarashina ; Journal de Murasaki-shikibu… etc etc…