Plus de clé pour me remonter !

J’ai rêvé cette nuit à un petit jouet mécanique que j’avais quand j’étais petit. C’était un petit ours habillé avec des habits d’homme, avec un petit tambour et une grosse clé dans le dos pour le remonter… Dans mon rêve j’étais l’ours mais en pyjama et on avait perdu la clé pour me remonter… Les baguettes ne bougeaient mais le pire c’était que je me disais que n’importe comment j’avais toujours détesté le tambour… Et boum je me suis réveillé.

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Cauchemar de la retraite

J’ai rêvé cette nuit que Muriel m’emmenait dans la plaine Saint-Denis pour m’aider à trouver une chambre de bonne pour quand je serai à la retraite. Au lieu d’un plan, on avait ma feuille de paye et à chaque croisement elle la dépliait, la regardait, fronçait les sourcils et disait : “non, c’est pas encore là… Ici c’est trop cher, c’est plus loin”. … Cauchemar de la retraite quand elle viendra…

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Presque le Paradis

Sur Radio classique, ils viennent de passer Kathleen Ferrier dans le quatrième des Rückert-Lieder de Mahler – Ich bin der Welt abhanden gekommen… Voix totalement déchirante, étonnante paix métaphysique… Je déprime en ce moment, c’est clair.

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Ich bin der Welt abhangen gekommen,
mir der ich sonst viele Zeit verdorben,
sie hat so lange nichts von mir vernommen,
sie mag wohl glauben, ich sei gestorben !
Es ist mir auch gar nichts daran gelegen,
ob sie mich für gestorben hält,
ich kann auch gar nichts sagen dagegen,
denn wirklich bin ich gestorben der Welt.
Ich bin gestorben dem Weltgetümmel,
und ruh in einem stillen Gebiet.
Ich leb allein in meinem Himmel
in meinem Lieben, in meinem Lied.

—

[Me voilà coupé du monde dans lequel je n’ai que trop perdu mon temps; il n’a depuis longtemps plus rien entendu de moi, il peut bien croire que je suis mort ! Et peu importe, à vrai dire, si je passe pour mort à ses yeux. Et je n’ai rien à y redire, car il est vrai que je suis mort au monde et à son tumulte et je repose dans un coin tranquille. Je vis solitaire dans mon ciel, dans mon amour, dans mon chant].

Sur Youtube ici

Platon a enjolivé la mort de Socrate

D’après ce que je viens de lire à l’article cigüe dans Wikipédia (*), Platon a très nettement enjolivé la mort de Socrate. Telle qu’elle était décrite dans le Phédon, j’en étais resté à une impression de mort assez douce et sereine ; ce qui ne semble pas tout à fait le cas. Il faut donc que je cherche encore comment fabriquer un cocktail plus adapté.
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(*) “Chez l’homme, l’ingestion de ciguë provoque dans l’heure qui suit des troubles digestifs (surtout quand la racine est utilisée), des vertiges et céphalées, puis des paresthésies, une diminution de la force musculaire, et enfin une paralysie ascendante. Des convulsions et des rhabdomyolyses ont été rapportées, suivies d’insuffisance rénale pouvant entraîner la mort. Par contre, la mort par « paralysie respiratoire », relatée et relayée depuis la scène de Socrate, n’a pas encore été attestée par la toxicologie moderne pour la ciguë isolée, d’où l’hypothèse d’un mélange probable de ciguë, de datura et d’opium dans le poison de la Grèce antique”.

L’esprit charade

Lydie vient de m’envoyer une jolie carte avec cette charade… Je n’ai pas trouvé la réponse avant de retourner la carte et me demande encore comment les gens arrivent à inventer des choses pareilles !

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Le plus ahurissant c’est que la mode des “euuh” à la fin des mots est désormais totalement généralisée – jusque dans les charades. Bon, si vous n’avez pas encore trouvé, la réponse est pierre corneille parce que pierre corps nez yeux. Pourquoi yeux me direz-vous ? Eh bien parceuh que dans les écoleuuhs, désormais ça se prononceuh Corneilleuuuuuuuuu. Preuveuh que la civilisation telle que nous la connaissions s’est définitivement effondréeuhh. Pathétikeuh !

Fleurs de cigüe…

En ce moment (même aujourd’hui jour de mon anniversaire) Alzheimer frappe un peu plus fort chaque jour. Je me dis qu’il va falloir que je me prépare et donc je cherche sur internet des informations sur la cigüe… Ce n’est pas encore très clair car les fleurs me semblent très différentes et il doit donc y avoir plusieurs espèces. Je ne me vois pas entrer dans une pharmacie et dire : “bonsoir mademoiselle, j’aimerais un flacon de cigüe s’il vous plait”. Faut que je prenne le temps de comprendre ce qu’il faut demander très exactement et à qui.

Atteindre la bouée ?

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Aujourd’hui Alzheimer a encore serré d’un cran. Je regarde ce que dit le Petit Robert à épuisé :

À BOUT DE FORCES, DE RÉSISTANCE. – BRISÉ, ÉREINTÉ, EXTÉNUÉ, FOURBU, HARRASSÉ, USÉ, CLAQUÉ, CREVÉ, H.S, VANNÉ, VIDÉ. Épuisé de fatigue, de douleur. Epuisé par une longue marche. “Comme un nageur épuisé atteint la bouée” (Montherlant).

Le problème c’est justement ce “atteint” la bouée… Pourquoi le nageur épuisé atteindrait-il la bouée ? Cette citation de Montherlant n’a aucun sens ici pour expliquer le mot épuisé.

Mort de fatigue

Vacances dans les arbres

Finalement ce qui est bien – puisque je ne peux pas partir en vacances – c’est de voir l’incroyable richesse que j’ai autour de moi, là, sous mes yeux, juste au coin de la rue : j’ai des paulownias magnifiques dans le petit square, des catalpas étonnants à la sortie du métro, des frènes juste derrière l’église, des bouleaux et un superbe magnolia devant la banque, des platanes sur l’avenue … C’est étonnant de voir tout ça sans même prendre l’avion :-)

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Prendre le trottoir d’en face ?

Aujourd’hui je me suis dit : “Tout le monde est parti en vacances et moi je reste scotché sur place à cause d’alzheimer. Donc il faut faire quelque chose”- La première qui m’est venue à l’esprit a été de prendre la rue de Babylone en marchant sur le trottoir d’en face ; histoire de changer les choses du tout au tout et de faire en sorte que le mois d’août ne soit pas exactement comme juin ou juillet. Donc j’ai longé l’autre mur. D’accord, il n’y a pas de quoi en faire un plat ou envoyer des cartes postales aux amis mais c’était déjà un avant goût de vacances : à la rentrée ça me fera drôle de revenir sur l’autre trottoir de la rue de Babylone :-) Oui, je sais, on a les vacances qu’on peut.

… a riveder le stelle !

Je tombe sur ce passage du Journal Atrabilaire de Jean Clair :

“Mieux que promouvoir les Fêtes de la musique et les Nuits des musées, ne devrait-on pas créer une nuit sans lumière, sans phrases, sans vitrines, sans signaux, une nuit où Paris serait plongé dans le noir, un black-out absolu, pour rappeler aux habitants, une fois par an au moins, que le ciel existe au-dessus de leur tête, et pouvoir comme Dante, au sortir de l’Enfer, riveder le stelle ?

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Ce serait bien en effet : la loi morale à l’intérieur de soi et le ciel étoilé à l’extérieur, juste au-dessus… Comment diable avons nous fait, au cours des cinquante dernières années, pour tuer cela aussi ! On devrait prendre le ministre de l’environnement en otage et ne le rendre que contre le retour du ciel étoilé !

—-
Ce qui me fait penser à ceci :

“Rabindranah Tagore vivait à cette époque dans une maison flottante qu’il possédait au Bengale oriental. C’était tard dans la nuit et il était très occupé à écrire à la lumière d’une bougie. Après avoir terminé, il éteignit sa bougie et se laissa aller dans son fauteuil, regardant le ciel. Immédiatement, il se trouva face à face avec un ciel illuminé par le clair de lune. C’était la pleine lune et pendant si longtemps il ne s’en était pas rendu compte. Tout autour de lui, autour de la petite cabine, l’univers entier était illuminé. “Quel fou j’ai été” pensa t-il “d’avoir manqué cette merveille pendant si longtemps !”.
C’est simplement quand la lumière de la bougie a été éteinte qu’il a pu découvrir le vaste océan de lumière qui avait été là pendant tout ce temps”…

Swami Prajnanpad cité par Sumangal Prakash

Autres minuscules bouts de ciels …
L’art quand il nous tombe directement du ciel
Qu’est ce qui nous ouvre le ciel
Il faut que le hasard renverse la fourmi…
Le ciel dans le caniveau
Penser à mettre le ciel dans une enveloppe
Le jour n’est pas plus beau…
J’aime les nuages qui passent