Le total contresens de la voix “qui crie dans le désert” !

Rien ne m’énerve autant que les contresens. Surtout quand ils sont bibliques et qu’on les répète inlassablement, de génération en génération. Celui-ci : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert », repose sur une référence erronée et est un non-sens manifeste… Et pourtant, depuis des siècles, les gens pensent que “crier dans le désert” c’est n’être pas entendu ou ignoré, bref que c’est pisser dans un violon…

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La (seconde) plus grande rencontre que j’aurai faite ici-bas…

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Je le savais depuis longtemps, mais j’y repense ce soir en relisant les Cahiers de Cioran — et il a évidemment raison :

“J-S Bach demeure quand même la plus grande rencontre que j’aurai faite ici-bas”.

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Cinq magnifiques interprétations du Stabat Mater de Vivaldi …

Merci à @Legangneux4 de nous avoir signalé ce magnifique lien vers ces cinq sublimes interprétation ! Merci Morgane !Les cinq interprètes : (Jakub Józef Orliński, Philippe Jaroussky, Tim Mead, Marie-Nicole Lemieux, Andreas Scholl). Ici sur Youtube.

“Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans….”

Le week-end dernier, j’ai regardé avec Odile un vieux DVD sublime (“Le regard de Charles”) composé d’archives filmées par Charles Aznavour lui-même . En 1948, Edith Piaf offre à Charles Aznavour sa première caméra qui ne le quittera plus. Jusqu’en 1982, Aznavour filmera des heures et des heures de pellicules, en super 8 et en 16mm….

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Virevoltant comme deux petits papillons…

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Hier soir, comme souvent pour me dénouer les nerfs, j’ai regardé longuement les mains de Grigory Sokolov jouant “les Maillotins” de François Couperin. Regardez : on dirait deux petits papillons virevoltant d’une touche à l’autre ! Deux minutes vingt-deux secondes de pur bonheur ! (mais pour éviter qu’ils scratchent la vidéo, je ne vous mets ci-dessous que 43 secondes. Pour la suite il faut aller sur Youtube)

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Il y a des personnes étonnantes, capables de retomber sur leurs pieds avec une telle élégance !

Je me rappellerai toujours ce moment de panique sur le visage de Maria Joao Pires lorsque — dès les trois premières mesures — elle se rend compte que le chef Riccardo Chailly attaque, avec le Concertgebouw d’Amsterdam, un autre concerto de Mozart que celui qu’elle s’apprêtait à jouer ! Sublime sursaut de sa mémoire, sans partition sur laquelle s’appuyer… Une magnifique leçon de présence instantanée au monde… Et pour moi un très grand moment de bonheur.
(juste 3 minutes) ->

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La beauté de l’univers et l’abstraction musicale

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Plus ça va et plus je m’aperçois que m’extasie sans jamais me lasser devant la beauté de l’univers, des saisons, des ciels, de la lumière, des arbres, des fleurs, des oiseaux, des matins, des après-midi, des soirs… etc… et aussi de la musique …
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Encore un détail, sonore cette fois (8)

Je ne sais vraiment pas pourquoi je fais ce “détail” sonore… Les précédents étaient visuels, (avec des détails agrandis à 200%)… Mais là c’est un détail audio, sur un seul mot (“nichts”) dans le motet de Bach Jesu, meine Freude. Je reconnais que ça n’a pas beaucoup d’intérêt, mais chaque fois que je l’écoute, j’entends résonner le “ssss” final du mot “nichts” comme — lorsque j’étais petit — j’entendais les “ssssss…” d’Andromaque qui sifflaient dans «pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?». C’est tout bête, mais c’est comme ça. Ce mot “nichts”, avec son sifflement final, n’est qu’un détail banal en allemand, mais je n’entends que lui, comme dans l’allitération d’Oreste dans Racine… Si vous n’entendez pas siffler le “nichtssss”, ce n’est pas grave ! C’est peut-être moi qui doit me soigner !

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Dans ce monde de fous, il n’y a plus que cette musique de William Byrd qui m’apaise …

Le monde va vraiment trop mal… Et cette musique de William Byrd une des rares qui me permette de retrouver un peu de calme, de paix intérieure et de sérénité spirituelle …

William Byrd. Double motet “Ne Irascaris Domine” et “Civitas Sancti Tui”

Et aussi :

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Juste parce que je trouve cette musique inimaginablement belle…

Chaconne en ré mineur de Jean Sebastien BACH (partita pour violon n°2, BWV 1004)
Ici au clavecin par Jean Rondeau

Autres versions…

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La dernière fugue de J-S. Bach. Quand le temps se fige (3)

J-S. Bach ne put achever l’Art de la fugue avant sa mort. Le manuscrit du contrepoint XIX s’arrête en effet au milieu de la mesure 239… À la dernière page — à l’endroit exact où s’interrompt la dernière fugue de l’Art de la Fugue — son deuxième fils Carl Philipp Emanuel Bach aurait écrit dans le manuscrit de son père: «Sur cette fugue, où le nom de B.A.C.H. forme le contre-sujet, est mort son auteur.». (en notation allemande, Si bémol-La-Do-Si bécarre se lit en effet B-A-C-H).

Je n’aime pas particulièrement Glenn Gould, (je le préfère de loin dans J. Haydn, R.Strauss, J.Brahms, W.Byrd ou O.Gibbons) mais dans ce documentaire de Bruno Montsaingeon, on “entend” bien le moment

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Les pourparlers d’Oslo et le syndrome généralisé du manque de préparation

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La semaine prochaine, à l’occasion des 20 ans des accords d’Oslo de septembre 1993, les médias vont nous reparler de cette conférence et vont tartiner à l’infini sur cette “promesse de paix non tenue et le fol espoir qu’avait fait naître la poignée de main entre Itzhak Rabin, premier ministre israélien, et Yasser Arafat, président de l’OLP”, etc…

Je vous ressort donc ce vieux post de 2007 car, depuis des années, je me casse la tête pour essayer de comprendre pourquoi, non seulement à mon bureau mais partout en France, les choses merdent et n’avancent pas. Et je crois que j’ai trouvé la réponse dans une explication passionnante faite en avril 2006 à la BBC par Daniel Barenboim, intitulée “In the Beginning was Sound”.

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Mon Dieu, heureusement que ça existe !

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… je suis en train d’écouter ça… Mon Dieu, heureusement que ça existe… (Andreas Scholl – Philippe Herreweghe 1997 – Collegium Vocale Gent)

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Haydn, Les petits sparadraps d’Alfred Brendel
Structure et organisation le week-end (BWV 63)
Une joie qui m’attend dans l’éternité…
— Quelques posts avec le #musique…

Les nuits sont trop courtes

Hier, comme j’avais failli faire une overdose de cantates de Bach pendant la journée (et, heureusement, il y a encore tout le dimanche et le lundi de Pâques), je me suis couché en écoutant Ariana a Naxos de Haydn par la sublime Magdalena Kozena. C’était tellement beau que je n’ai pas pu fermer l’oeil jusqu’à tôt ce matin… Oui, je passe mes nuits avec de très belles femmes :-)

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Je vois qu’ils l’ont mis sur Youtube :
Haydn, Magdalena Kožená Ariana a Naxos (1) et la suite ici (2)
[zut, quelle bande d’abrutis ! ils ont supprimé les liens ! Quel dommage]
Il y a encore la version par Cecilia Bartoli

Et la version Ivana Lazar & Parlement de Musique – Teseo mio ben

Musiques… [Zut, là aussi Youtube a supprimé ;—((]
Haydn, Les petits sparadraps d’Alfred Brendel
Heureusement que ça existe … (BWV170)
Structure et organisation le week-end (BWV 63)

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Milosz ne parlait pas seulement aux oiseaux ; il leur chantait du Wagner !

J’adore André Suarès que j’ai toujours tenu pour le plus grand écrivain français (pour son éblouissant Voyage du Condottiere notamment mais pas seulement). Cette photo vous paraîtra sans doute un peu inquiétante mais ne vous y fiez pas. Je la mets ici parce qu’elle est vraissemblablement guère postérieure à l’époque où Suarès passait devant le conseil de révision des Armées en se présentant devant les autorités militaires avec sa grande cape noire, ses longs cheveux tombant sur ses épaules et, sous le bras, la partition de Siegfried de Wagner ! J’adore cette histoire et imagine que les officiers ont du s’étrangler en voyant arriver ce jeune homme passionné, à la fois sombre et diaphane.
Pourquoi diable est ce que je vous raconte cette histoire ? Ah oui, Wagner : hier, en lisant des textes de Milosz, j’ai découvert qu’il ne passait pas seulement des journées entières à apprivoiser les oiseaux mais qu’il leur sifflait des airs de Wagner ! Et, comme avec François d’Assise, tous les oiseaux arrivaient et se posaient sur ses épaules. «C’était surtout en hiver lorsque la neige recouvrait le parc que le spectacle était étonnant, raconte un jardinier ; On le voyait marcher tout seul, vêtu de noir, accompagné d’une centaine d’oiseaux de toutes les espèces.» (*)

Voilà la grande découverte qui me ravit littéralement : Milosz ne parlait pas seulement aux oiseaux de la forêt de Fontainebleau : il leur chantait du Wagner !

Le Voyage du Condottière de André Suarès
François d’Assise et mes petites soeurs les hirondelles
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Autres oiseaux…
Des ailes pour planer au-dessus de la vie
Mes petites soeurs les hirondelles
Les oiseaux qui surgissent des phrases de Léonard
Les autruches sont des oiseaux politiquement très avancés
L’oiseau qui avait lu Cioran
Le canari de Milosz s’est envolé !
Un extraordinaire condensé d’harmonisation des contraires

(*) Citation de Janine Kohler, Présidente de l’Association des Amis d’Oscar Milosz

J’appartiens au monde d’avant la pomme !

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Bon, vous allez dire que je radote parce que j’en parle tout le temps ( mais Adam et Eve me tapent effectivement sur le système) et j’ai un problème avec la Chute ; vous savez, celle de la pomme et du serpent…

J’appartiens au monde d’avant ! Et c’est justement ce que j’adore dans la Création de Haydn ; je peux l’écouter en paix parce que d’abord elle traite de tout ce que j’aime dans la vie et ensuite que tout se passe AVANT la Chute.

La première partie correspond aux quatre premiers jours : création de la lumière, du ciel et de la terre, de la terre et de la mer, du soleil, de la lune et des étoiles (je vous l’ai dit, exactement tout ce que j’aime !). La deuxième partie concerne les cinquième et sixième jours (création des animaux et de l’Homme). La dernière dépeint Adam et Eve dans le jardin d’Eden, juste avant la Chute…

Je ne vous raconte pas le bonheur que ça s’arrête AVANT la cata ! Avant que ces deux abrutis ne nous foutent dans une merde noire. La suite vous la connaissez, vous l’avez tous les jours à la radio ou dans les journaux : des drames et des abominations sans fin, une vraie catastrophe qui donne envie de se tirer (ailleurs ou une balle).

C’est pour ça que je me réfugie dans la Création de Haydn. C’est un peu ma patrie : j’appartiens au monde d’avant la pomme !

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 Je me rappelle une magnifique représentation des Saisons sous la direction de William Christie. Avec un duo d’Eve et d’Adam magnifique de fraîcheur et de beauté :

– Adam : Der tauende Morgen, o wie ermuntert er !
– Eve : Die Kühle des Abends, o wie erquicket sie !
– Adam : Wie labent ist der runden Früchte Saft !
– Eve : Wie reizend ist der Blumen süsser Saft !
– Eve et Adam : Doch ohne dich, was wäre mir
– Adam : der Morgentau
– Eve : der Abendhauch…

La rosée du matin, la fraîcheur du soir, les fruits ronds, le parfum des fleurs… que voulez-vous, je suis peut-être un peu fleur bleue mais plus ça va et plus je me dis qu’il n’y a rien de mieux dans ce monde de cinglés dans lequel nous vivons. Comme le dit Uriel dans le dernier récitatif, “les hommes seraient heureux à tous jamais si de fausses chimères ne les incitaient pas à désirer davantage que ce qu’ils ont”.
Je n’ai strictement rien à ajouter !

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Dieu est grand
Adam et Eve me tapent sur le système
La main de Dieu
Peut-être que Dieu en a marre
j’aimerai bien que Dieu m’accorde 3 secondes
Dieu surveille les pommes depuis le début de la Création ?
Texte de la Genèse

L’ADSL devrait être remboursée par la Sécu !

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Avant, quand j’avais mal au crâne, je prenais du Doliprane ; maintenant je vais sur YouTube et j’écoute Cristobal de Morales en regardant la partition défiler tout doucement… Cet affichage de la partition est une belle idée de Lorena Margot, une jeune argentine de trente ans qui met plein de musique en ligne sur YouTube.
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PS. je pense que l’Etat comblerait très vite le trou de la Sécu en offrant l’ADSL ou la fibre plutôt qu’en accumulant les remboursements d’antidépresseurs, de tranquillisants, de neuroleptiques, de psychostimulants ou autres hypnotiques qui creusent le déficit de la Sécu. Il suffirait d’instituer un sytème de bonus-malus dans le genre : “vous renoncez à vous faire prescrire un arrêt-maladie pour une déprime bidon et la Sécu vous offre l’ADSL !” Et vous verriez que, comme par miracle, les Français ne seraient plus malades !

La magnifique musique de Cristobal de Morales
Les partitions de Margot Lorena (mozart, haendel, purcell etc

Structure et organisation le week-end, désordre et désorganisation le lundi matin

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Je sais maintenant ce qui me pose problème le lundi : c’est que pendant le week-end j’écoute des fugues de Bach ou des cantates et que lorsque j’arrive au bureau le lundi matin – ou que j’écoute la radio pour savoir ce qui s’est passé – je ne retrouve plus rien de la splendide architecture et de la belle organisation de ces pièces totalement magnifiques. Par exemple hier j’écoutais la cantate BWV 63 “Christen, ätzet diesen Tag” composée pour le matin de Nöel. Elle est totalement jubilatoire, et pas seulement parce que les mouvements sont organisés selon une incroyable symétrie qui trace au-dessus d’elle un véritable arc en ciel musical.

Sur le  petit dessin fait dans photoshop (dans le bandeau du haut), vous voyez très bien la symétrique avec les deux choeurs en ouverture et au final; ensuite, venant de l’extérieur, les deux récitatifs (alto et basse); Et ensuite les deux duos qui se rapprochent un peu plus du centre. Et pile au centre, au sommet de l’arc, un récitatif pour ténor et continuo au milieu duquel (donc au centre même de la cantate elle-même) Bach a placé une phrase répétée deux fois se terminant par le mot “Gnagen” – la grâce de Dieu par laquelle survient le Christ – grâce qui scintille donc pile au point d’incandescence de la structure et au coeur de la symétrie… Bon, ce n’est évidemment pas uniquement cette structure et cette symétrie qui me plaisent car la cantate est totalement joyeuse et d’une incroyable beauté.

Mais le lundi matin – ou quand j’écoute ces de journalistes incultes économiquement et qui se complaisent dans le dérisoire, quand je retrouve le bordel des français, le manque d’organisation, l’approximation et le système D, la bouillie de leur jugement, leur conformisme et leur langue de bois, que voulez vous, ça me pulvérise le cerveau. Faudrait peut-être que j’écoute de la petite chansonnette le dimanche; je serais moins dépaysé au bureau le lundi matin.

Ici sur YouTube dirigé par Philippe Herreweghe
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Musiques…
Haydn, Les petits sparadraps d’Alfred Brendel
Heureusement que ça existe … (BWV170)
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Autres aspects de la vie au bureau (mais dans les médias c’est pareil) …
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Enfin de l’air dans les suites de Bach !

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Je n’ai pas l’habitude, dans ce blog, de faire de la publicité pour des disques. Surtout des Six Suites pour violoncelle seul de J-S.Bach que j’adore depuis que je suis tout petit et que je n’avais jamais entendues jouer de façon aussi inspirée. Ni par Fournier, ni par Casals, ni par Rostropovich, ni par Maisky, ni par Yo-Yo Ma (bon, ça fait pas mal de ni-ni célèbres mais, c’est vrai, à part Bylsma, je n’écoutais plus ces versions des grands maîtres). Et puis là, j’ai découvert l’interprétation lumineuse de Jean-Guilhen Queyras et c’est tout simplement magnifique de phrasé, de musicalité, de rythmes, de respirations, d’articulations.. Enfin il y a de l’air, de la respiration et de l’élgance joyeuse dans ces magnfiques suites. Et l’instrument (un Gioffredo Cappa de 1696) sonne et chante comme une viole de gambe. C’est souple, ça ondule… Ondulatoire et jubilatoire…

Ecouter la Suite n°3 sur YouTube (8 minutes)

Le Paradis entrevu dans l’embrasure de la porte

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J’adore les gens qui partent à New-York en vous disant : “rendez-vous dans un an à 19h30” et qui, après un crochet par Varsovie, vous attendent au rendez-vous, pile à l’heure, à 19h30. Hier soir, au Théâtre des Champs-Elysées, c’était pour la 7e de Bruckner dont l’Adagio géant, avec ses vagues désespérées, a été on le sait composé dans le pressentiment de la mort prochaine de Wagner. Un jour, raconte Bruckner, je rentrai chez moi très abattu ; je sentais que le Maître n’avait plus longtemps à vivre ; et l’Adagio en ut dièse me vint à l’idée…
“Avec cet Adagio décrivant l’inconsolable devant l’idéal inatteignable, m’a dit Eudes en sortant, Bruckner nous conduit aux portes du Paradis”…
Je l’ai effectivement entrevu un court instant dans l’embrasure de la porte…. Merci Eudes pour cette lumière fulgurante. C’était un très beau cadeau !

“Je me souviens…” des petits sparadraps d’Alfred Brendel…

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Hier soir j’ai relu quelques “Je me souviens….” de George Pérec. Moi, je me souviendrai … des doigts totalement recouverts de sparadrap d’Alfred Brendel… J’aurais passé les meilleurs moments de ma vie à écouter les deuxièmes mouvements des dernières sonates de Joseph Haydn (surtout les n°34, n°48, n°49, n°50 et n°52, n°20…).

Je les ai écoutées littéralement en boucle et elles ont défilé dans ma tête pendant des années. Et encore aujourd’hui (où j’ai moi aussi des petits bouts de sparadrap partout dans le cerveau à cause d’alzheimer) je ne me lasse pas de les écouter. Et parfois même, quand il y a du soleil le matin, je les confonds avec la lumière de l’automne…

Heureusement que ça existe … (BWV170)

Presque le Paradis

Sur Radio classique, ils viennent de passer Kathleen Ferrier dans le quatrième des Rückert-Lieder de Mahler – Ich bin der Welt abhanden gekommen… Voix totalement déchirante, étonnante paix métaphysique… Je déprime en ce moment, c’est clair.

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Ich bin der Welt abhangen gekommen,
mir der ich sonst viele Zeit verdorben,
sie hat so lange nichts von mir vernommen,
sie mag wohl glauben, ich sei gestorben !
Es ist mir auch gar nichts daran gelegen,
ob sie mich für gestorben hält,
ich kann auch gar nichts sagen dagegen,
denn wirklich bin ich gestorben der Welt.
Ich bin gestorben dem Weltgetümmel,
und ruh in einem stillen Gebiet.
Ich leb allein in meinem Himmel
in meinem Lieben, in meinem Lied.

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[Me voilà coupé du monde dans lequel je n’ai que trop perdu mon temps; il n’a depuis longtemps plus rien entendu de moi, il peut bien croire que je suis mort ! Et peu importe, à vrai dire, si je passe pour mort à ses yeux. Et je n’ai rien à y redire, car il est vrai que je suis mort au monde et à son tumulte et je repose dans un coin tranquille. Je vis solitaire dans mon ciel, dans mon amour, dans mon chant].

Sur Youtube ici

La tête qui pivote

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Expérience très bizarre récemment avec mon iPod. J’écoutais la cantate de Bach “Wie Schön Leuchtet Der Morgenstern” et je m’étais trompé d’oreillette. J’avais mis celle de droite dans l’oreille gauche et celle de gauche dans l’oreille droite. … Et tout à coup panique, l’église avait pivoté dans ma tête, je n’étais plus assis face au choeur mais face au narthex…. Bon, vous me direz que ce n’est peut-être pas grave que les haubois soient à gauche ou à droite, mais panique musicale et architecturale tout de même. J’aime pas les torticolis musicaux.

J’aime bien tomber à la renverse :-)

Bon, ce n’est totalement pas le genre de musique que j’écoute le plus souvent mais je viens de tomber, sur la chaîne Mezzo, sur Ben Heppner (tenor canadien) chantant le Cid de Massenet (”ö firmament, azur, lumière…”) et je suis tombé à la renverse. Tomber à la renverse fait du bien parfois :-)

It’s a hard rain…

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En rentrant sous la pluie tout à l’heure, m’est revenue en tête cette chanson de Bob Dylan que j’écoutais à l’époque… Pas vraiment de raison ; à part la pluie.

“Oh, where have you been, my blue – eyed son ?
And where have you been my darling young one ?
I’ve stumbled on the side of twelve misty mountains
I’ve walked and I’ve crawled on six crooked highways
I’ve stepped in the middle of seven sad forests
I’ve been out in front of a dozen dead oceans
I’ve been ten thousand miles in the mouth of a graveyard
And it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard, and it’s a hard
It’s a hard rain’s a – gonna fall.

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Moment de totale intemporalité…

beethoven_buste .jpg Moment d’éternité absolue tout à l’heure sur radio classique avec le quatuor n°15 en la mineur, Op. 132 par les Takàcs. Troisième mouvement carrément à couper le souffle que j’écoute totalement sidéré dans une impression de complète intemporalité… Du coup (merci Franckie pour le coffret), je ressort l’interprétation par le quatuor Végh et j’écoute en boucle depuis une heure ! De temps en temps, après des journées de merde, ça fait du bien d’avoir un électrochoc musical de cette nature. Sur les autres radios, ils doivent parler de meurtres, de crimes, de prises d’otages, d’assassinats, de voitures piégées, de terroristes, de meurtres d’enfants, de viols, de chaos en irak …

Je n’ai pas dû naître en août mais en fa mineur…

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Dans deux jours c’est mon anniversaire. Cet après-midi, avec maman, je relisais donc des vieilles lettres d’avant ma naissance. Ils attendaient en fait une petite “Caroline” et n’ont pas du être déçus de la surprise ! J’ai aussi du mettre un certain temps à arriver et c’est sûrement de là que vient mon IMPATIENCE maladive, perpétuelle, ancestrale, congénitale : depuis le premier jour je dois essayer désespérément de rattraper le retard pris à la naissance et ça m’épuise. A l’époque, j’avais lu dans une revue de psychiatrie que mon comportement était typiquement celui des enfants qui ne savaient pas différer leur impatience. Forcément, pas une seconde à perdre ! C’est pas un psy qu’il faudrait que j’aille voir mais un pédiatre ! ça me rajeunirait.

Aujourd’hui – à cause d’alzheimer et de la mémoire qui fout le camp – je suis de moins en moins sensible à l’écoulement du temps : juin, août ? … même pas vu passer ! juillet ou mars, pas non plus. 2002 et 2004 encore moins… Je suis davantage sensible aux tonalités. Je n’ai pas dû naître en août mais en fa mineur. Plutôt que les âges de la vie, Dieu aurait du nous attribuer quelques tonalités par lesquelles on passerait comme dans le clavecin bien tempéré. Certains arriveraient jusqu’à La bémol majeur et d’autres jusqu’à à Si mineur… Ce serait peut-être plus intéressant que de compter en années. S’asseoir sur une chaise au Luxembourg à côté d’une jolie fille : “Ah bon, vous êtes en ré majeur ? enchanté, moi je suis en si mineur ! Que la lumière est belle aujourd’hui…”. Mais bon, je ne vais pas chipoter sur la Création, elle est trop belle : Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper et in saecula saeculorum. Amen !

Les petits sparadraps d’Alfred Brendel
J’appartiens au monde d’avant la pomme
“Ne perdez pas de temps à regarder la nature, Bruno”
Je relève de la pédiaterie

Contrepoint, contre-ordre, contre performance …

charpentier.jpg Je rentre d’un concert Marc-Antoine Charpentier à Saint Roch. Le Judicium Salomonis et le Te Deum sous la direction (superbe) de Jean Tubéry qui pulse littéralement de choeur de chambre de Namur. Comme à chaque fois après une journée de bureau dominée par l’incohérence et le système D, je suis émerveillé par la rigueur et la précision de la direction des choeurs. D’un côté, harmonie et maîtrise du contrepoint portés à leur point d’incandescence par un chef imaginatif. De l’autre, incohérence, contre-ordres incessants, manque de méthode… C’est épuisant et pathétique de vivre ce contraste entre ces deux univers : travail d’équipe rigoureux d’un côté (avec le succès, l’émotion et la reconnaissance à la clé); incohérence et désordre de l’autre (avec l’échec au bout). Tragique manque de rigueur et de discipline. Et il ne faut surtout rien dire, au risque de passer pour un esprit négatif !

Un merle empaillé ne donnera jamais l’idée de son chant mélodieux

>hauser.jpg Kim avec qui je jouais des duos de guitare d’Albeniz avant qu’il ne parte aux USA et que j’arrête d’en jouer m’envoit ce mail de New-York : “nous sommes a NY! Huge ! We have just spent a day at the Metropolitain Museum. EIGHT and 1/2 hours of it. Our feet are in terrible shape. At the museum they have a rather large section on musical instruments. We came across two guitars played by Segovia : his famous Ramirez made in 1912, and his Hauser which he played on for i believe almost all of his recordings from the 1930’s to 1967. They were these two beautiful guitars… but they were hanging there, dead, silenced forever… I felt so sad and disappointed to see them in a museum… what is the point? yes it is aesthetically pleasing, but its real beauty lies in its sound. nobody will play these guitars again. it was heart wrenching. Well, maybe i’m too sensitive about these things?”. T’as raison Kim et en souvenir de nos après-midi ensoleillées, j’ai écouté Granada et les Valses Poeticos par notre cher vieux Julian Bream ! c’était le bon vieux temps !