“Je me souviens…” … des vieille agrafeuses dont le ressort sautait comme un diable

Sur le modèle des “Je me souviens…” de Georges Perec, je me souviens des vieilles agrafeuses de bureau qu’on utilisait à l’époque. Aujourd’hui, pour réunir des pages web, on ne les “agrafe” plus : on dit qu’on “fait un pdf” !
Ce qui me rappelle cette lettre qu’avait envoyée Jean Dubuffet à Jean Paulhan — et surtout une expérience que j’ai très bien connue — à propos des petits ressorts et roulements à bille qui sautaient dans tous les sens !

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L’éléphant de la nostalgie…

Je me rappelle avoir lu quelque part qu’en persan — pour dire que quelqu’un est nostalgique d’un lieu ou d’une époque — on pouvait utiliser l’expression “filesh yâde hendustân karde”, ce qui signifie : “mon éléphant se souvient de l’Inde”. Je ne suis pas certain de la formule en fārsi (فارسی), mais je trouve cette expression très belle … Mon éléphant se souvient beaucoup de l’Inde en ce moment !

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Sur le modèle des “Je me souviens…” de Georges Perec, je me souviens de ces vieux télégrammes…

J’ai une grande nostalgie de ces télégrammes bleus-gris qui n’existent plus aujourd’hui et qui étaient si beaux… Et je me rappelle très bien l’émotion empreinte d’une légère inquiétude lorsque le facteur nous en apportait un et qu’on l’ouvrait en tremblant en décollant les plis avec ses deux pouces pour lire les petites bandelettes de texte …

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Recommencer à voir les choses avec du recul…

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C’est bête je sais bien, mais en regardant la couverture du livre “1545, les derniers jours de la Renaissance” de Antonio Forcillino,  je me disais que Raphael et Michel-Ange avaient beaucoup de chance de pouvoir contempler, comme ça, de loin, la basilique Saint-Pierre…
Aujourd’hui on ne peut plus rien contempler de loin… Il y a toujours quelque chose devant qui fait écran : des immeubles, des gares RER, des cinémas, des supermarchés, des publicités, des sucettes Decaux, des McDonalds, des trams, des parkings, des banlieues… mais plus le recul justement…
Ce serait bien qu’ils fassent sauter le macadam, replantent des arbres, et des buissons, et des ronces,

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J’aime énormément cette peintre !

J’ai fait un saut à Paris la semaine dernière… Très belle exposition de Anne-Françoise Couloumy à la galerie de l’Europe rue de Seine…J’aime énormément ce qu’elle fait…

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Ah, la “vieille europe” avait du bon !

Je suis en train de lire un livre sur Holbein qui décrit l’Europe de l’époque et l’effervescence des centres artistiques et commerciaux. On mesure — en négatif — tout ce que les politiciens corrompus nous ont fait perdre en nous imposant leur tragique bureaucratie non-élue de Bruxelles … L’auteur parle d’Anvers, Londres, Venise, Augsbourg, Florence, et Venise… “où la richesse et l’opulence stimulait le travail, le commerce et les oeuvres de l’esprit. Le financier et l’humaniste, l’armateur et le peintre, le négociant

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“Je me souviens…” des plumes d’acier : “un peu de feu, un peu d’amour” …

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Dans son Journal II, 1943-1945, (que j’ai lu – contrairement au lecteur précédent — au-delà de la page 137), Ernst Jünger note ceci :

Paris, 16 octobre 1943

“Mes plumes d’acier. Quand elles sont trop dures, je les chauffe à blanc à l’aide d’une allumette, comme m’avait appris à le faire le maître d’école, lorsque j’étais enfant, et je les trempe enuite dans l’encre où elles refroidissent avec un bref sifflement. Celle avec je suis en train d’écrire s’est ornée, en refroidissant, d’une ceinture de belles couleurs semblables à celles qui parent la cétoine dorée :
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Nostalgie des machines à écrire…

Je me rappelle bien les machines à écrire d’avant le web… Avec leurs rubans à bandes rouge et noir dont l’encre séchait progressivement mais qu’on faisait durer le plus longtemps possible jusqu’à ce que ça devienne vraiment trop pâle… Et le fin papier pelure jaune qui permettait – en intercalant des pages de papier carbone qui encrassaient les doigts – de faire quelques copies de moins en moins lisibles … Et aussi les points en fin de phrases qui trouaient carrément la page en emportant un petit confetti de papier… Et leur beau cliquetis … Et aussi le plaisir, en bout de ligne, de pousser le chariot d’un geste vif avec la petite clochette… On appelait cela faire un “retour-charriot”… Cette petite clochette me manque elle aussi. Ils auraient pu conserver ce bruit, ce n’était pas plus difficile que d’ajouter le ridicule bruitage de papier froissé quand on jette un fichier dans la corbeille. Mais bon, c’est le prix à payer pour leur “monde moderne”…

La nostalgie du temps où les caractères s’incrustaient dans le papier…
Nostalgie des plumes d’acier d’Ernst Jünger…

Nostalgie de l’odeur des foins juste fauchés…

“Après la fin du monde, j’aimerais, dans la liquidation du stock, être chargé simplement de me souvenir de l’odeur des foins juste fauchés, cinq heures du matin, en juin”.

Claude Roy

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Hier j’ai entendu Martin Shaw parler de son penchant pour la nostalgie et dire quelque chose que je n’avais jusque là jamais entendu :

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Des villes sans voitures ?

En regardant cette photo du Panthéon et de la Rue Valette à Paris (en 1910 et 2023), je me dis qu’il suffirait en fait d’enlever les bagnoles et que ce serait gagné ! Attention : on ne les enlèverait que dans les petites “rues” mais on pourrait les laisser dans les “boulevards” et les “avenues” ! Juste PAS DANS LES RUES)… Et les villes seraient sauvées…

Si on regarde les plans de l’urbanisme contemporain, on voit très bien que tout a été conçu et organisé autour de la voiture (les ronds-points, les parkings, les centres commerciaux à l’extérieur etc). Si on

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Nostalgie des temps heureux…

Nostalgie de ma vie d’avant…

“The purpose of art is not the release of a momentary ejection of adrenalin, but rather the gradual, lifelong construction of a state of wonder and serenity”. (Glenn Gould)

“Le but de l’art n’est pas de libérer une soudaine éjection d’adrénaline, mais plutôt la construction progressive, sur la durée d’une vie, d’un état d’émerveillement et de sérénité”

Comme un vieux poilu de la Guerre de 14, j’ai des “sensations fantômes” …

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On raconte toujours que les poilus de Verdun — bien qu’ils aient été amputés d’une jambe ou d’un bras — continuaient à avoir l’impression que leur membre manquant était encore là, relié à leur corps, et qu’ils le ressentaient toujours de façon réelle et douloureuse… Continue reading

L’incroyable élégance des poissons rouges des années 1950

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Il n’y a pas que les poissons rouges qui étaient élégants à cette époque Continue reading

Un jour, j’irai passer mes vacances dans ces petites îles…

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Ce matin, j’étais – encore – au Val de Grâce pour des trucs cardio (Holter etc). Et il y avait cette affiche accrochée au mur, avec des petits îles que je ne connaissais pas mais qui me paraissent sympatiques …

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Une ligne décochée sur le mur et qui claque sur la pierre dans un petit poudroiement bleu…

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Parfois, dans l’agitation dérisoire de la vie, on oublie complètement une impression ancienne qui, tout à coup, après des années d’oubli, remonte brusquement à la surface de la mémoire avec une présence stupéfiante. Comme si une petite boite du cerveau s’était ouverte pour laisser s’échapper un souvenir qui étonne par sa fraîcheur et son frétillement … Continue reading

Baudelaire avait raison…

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J’aimais bien ce vieux mur et cette vieille porte en bois de la rue d’Assas, à deux pas du Luco. J’y suis repassé aujourd’hui, et voilà ce que ces abrutis en ont fait :
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Et si je cassais carrément les aiguilles ?

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Dans la course à la montre contre Alzheimer, c’est évidemment Alzheimer qui va gagner. C’est une course terrible où, avec chaque jour qui passe, le temps devient de plus en plus court, de plus en plus serré, de plus en plus stressant. Du coup je repense souvent au temps où j’avais le TEMPS de profiter de la vie, au temps où la vie s’écoulait lentement… Au temps où j’étais heureux en fait.

À Sienne, dans cette sublime petite ville italienne où j’aimais tant aller, il y a sur l’inoubliable Piazza del Campo, l’imposante Torre de la Mangia. Et, à mi-hauteur, une horloge qui a la particularité rare de ne pas avoir d’aiguille pour les minutes. Juste celle des heures, qui ne bouge donc pratiquement pas. Le temps sans les minutes s’écoule lentement et vous donne le temps de vivre : on se lève le matin pour prendre un premier café à un bout de la place ovale, le soleil est doux et doré comme un croissant; dès qu’il tourne, on change de café pour suivre ses rayons et on prend un autre capuccino. Vers l’heure de l’apéritif…
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Et d’après vous, pourquoi les gens ne dansent-ils plus ?

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En regardant ce dessin de Hansi tout à l’heure en prenant mon café, je me suis posé une question toute simple :
est ce qu’aujourd’hui les gens ne dansent plus sur les places parce qu’ils sont tristes et n’ont plus envie de danser ? Ou bien parce qu’on leur a carrément détruit ces petites places où ils dansaient précisément, dans leurs petits villages fleuris où ils vivaient tranquilles, sans voitures, sans feux rouges, où ils mangeaient tous ensemble d’énormes choucroutes sur de grands tréteaux en bois en cognant leur chopes de bière et en trinquant au Riesling ?

Là, ça sent bon la saucisse qu’on trempe dans la moutarde et j’entend le claquement des sabots sur les planches en bois… S’ils faisaient ça au coin de ma rue, juste là en bas, à l’angle de l’église, les flics arriveraient avec leurs gyrophares et hop, circulez ou au poste ! Bon, OK j’arrête sinon vous allez encore dire que je suis nostalgique (vous n’auriez pas tort d’ailleurs) !

Et puis il parait qu’on a des jours pour danser, quand l’Etat le décide : le 14 juillet ou la fête de la musique. Hors de ces dates fixées par l’Etat, circulez citoyens, y a rien à voir ! Manquerait plus que ça qu’on se mette à danser sur les places hein ! Non mais ! Mais peut-être qu’ils dansent sur Facebook et que je ne les sais même pas ?

La fête ou la vie parfois, c’est comme un mât de cocagne…
L’Alsace, un tout petit copeau de France…

Quand on a raison trente ans avant les autres on passe pour avoir tort pendant trente ans

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A la radio, je les entend jacasser [on est en 2007] sur le Grenelle de l’Environnement et je pense avec nostalgie aux petits villages qu’il y avait quand j’étais haut comme trois pommes.

Des petits villages alsaciens pas plus grands que des maisons de poupées et où il faisait bon vivre. Il n’y avait pas de pollution, pas d’OGM, pas de pesticides et pas de centrales nucléaires. Mais il y avait des coquelicots et des bleuets dans les champs de blé. Et il y avait des oiseaux et des abeilles, des renards et des hérissons et aussi des hannetons dans les marronniers. La vie était douce et ça sentait bon le vignoble ensoleillé et les animaux dans les cours de ferme. Le pain ne séchait pas en une journée et il n’y avait pas de date de fraîcheur sur les oeufs. Les poulets qu’on mangeait n’étaient pas élevés hors sol, il y avait des cigognes sur le toit de l’église et il faisait beau et chaud en juin.

Il n’y avait pas de RER, pas de banlieues, pas de tag, pas de violence et pas de chômeurs. L’hiver, tout était recouvert de neige, mais il n’y avait pas de Plan grand froid ni de SDF. Il y avait des corbeaux noirs sur le blanc des champs comme dans les toiles de Breughel et on faisait des bonshommes de neige avec deux charbons pour les yeux et une carotte pour le nez. C’étaient des petits villages qui tenaient dans la paume de la main, il n’y avait pas de grands médias mais les enfants pouvaient faire de la luge et nos oncles jouaient des quatuors à corde dans des pièces qui sentaient bon la cire d’abeille et la colophane. Le dimanche il y avait des kugelhopf, à Pâques on cachait des oeufs peints dans les arbres, à Noël les gens chantaient minuit chrétien dans des petites églises où on se les gelait.

C’était avant que n’arrivent ceux qui ont tout détraqué. Ceux-là même qui, quarante ans après, nous font le coup du Grenelle de l’Environnement avec des trémolos écologistes dans la voix. La vraie question est : si c’est pour dire maintenant que ce n’était pas bien de le faire, pourquoi est ce qu’ils l’ont fait ? J’aurais pu leur dire, s’ils me l’avaient demandé, qu’ils abimaient la planète de façon irrémédiable. Mais ils ricanaient en se moquant des petits villages fleuris et ont tout recouvert de supermarchés, d’hypermarchés, de conforama, de pompes à essences et de centres commerciaux hideux. Ils ont construit des tours qui sont de vrais clapiers où ils ont entassé les gens en défigurant les villes jusqu’à avoir envie de vomir tellement c’est laid. Maintenant quand on quitte une banlieue de merde on rentre sans transition dans la banlieue de merde de la ville suivante. Et les cigognes n’ont plus de grenouilles à manger et comme les églises ne sont plus chauffées, elles se gèlent les fesses.

Voilà, c’était mon petit couplet nostalgique et réactionnaire. Vous me connaissez maintenant : vous savez que j’exagère toujours un peu ! Mais eux aussi ont éxagéré en massacrant la planète. Vous savez quoi ? Je les hais !


Quelques bouts de nostalgie

Nostalgie des coquelicots et du sourire de la petite boulangère
Mesurer le temps et sa vie en matins
Nostalgie des temps heureux
Remonter le temps en rentrant dans les tableaux
Quand les caractères s’incrustaient dans le papier

“Et l’ombre recula de dix degrés”…

ombre2.jpg Maman parle de moins en moins à cause d’alzheimer mais on continue à se ballader main dans la main sous les platanes de l’avenue. En rentrant, j’écoute l’Historia di Ezechia de Giaccomo Carissimi (1605-1674), tirée du livre d’Isaïe (ch. 38). Le prophète vient annoncer sa mort prochaine au roi Ezechias qui implore Dieu pour obtenir sa guérison ; ce qui lui est promis par la bouche d’Isaïe. Le roi sollicite alors un signe de Dieu qui lui accorde un prodige, témoin de sa toute puissance : l’ombre projetée sur la cadran solaire du palais recula de dix marches sur celles qu’il venait de descendre, comme si le temps remontait en arrière… Moi aussi j’aimerais bien que le temps remonte de quelques marches !

Ésaïe 38
4 – Puis la parole de l’Éternel fut adressée à Ésaïe, en ces mots:
5 – Va, et dis à Ézéchias: Ainsi parle l’Éternel, le Dieu de David, ton père: J’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes. Voici, j’ajouterai à tes jours quinze années.
6 – Je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d’Assyrie; je protégerai cette ville.
7 – Et voici, de la part de l’Éternel, le signe auquel tu connaîtras que l’Éternel accomplira la parole qu’il a prononcée.
8 – Je ferai reculer de dix degrés en arrière avec le soleil l’ombre des degrés qui est descendue sur les degrés d’Achaz. Et le soleil recula de dix degrés sur les degrés où il était descendu.

Nostalgie des temps heureux…

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Quand j’étais petit, pendant les grandes vacances, je me balladais dans les chemins… il y avait d’immenses gerbes dans les champs de blés, des bleuets, des coquelicots… on taillait des branches de noisetiers, ça sentait bon les soirs d’été. On croisait des troupeaux de vaches et de moutons dont les clochettes tintaient. L’air était chaud et plein du crissement des sauterelles et des cigales…Aujourd’hui, [ce post date d’août 2004] je suis à Paris avec maman qui ne dit presque plus rien à cause d’alzheimer, il y a des manifestations dans l’avenue et les seules petites bêtes des champs que je vois sont celles qui se balladent dans les assiettes en porcelaine qu’on utilise tous les jours pour le déjeuner et le dîner… En fait, ça me fait plaisir de les voir : elles me rappellent les soirées d’août où on s’étendait sur le dos dans l’herbe fraîche, un épi entre les dents ; cherchant les étoiles filantes pour faire un voeu… Tous les jours, en quelques secondes, cette minuscule petite bête se promenant sur une assiette m’ouvre sur l’infini : je pense à Rimbaud, je pense aux champs d’orge de Boaz dans la Bible, dans le livre de Ruth… et aussi à ce haïku de Osaki Hôsai :

Sur la pointe d’une herbe
devant l’infini du ciel
une fourmi

— Bonheurs…
Je ne voyage pas seulement dans les assiettes mais aussi dans mon plat à oeuf et aussi dans le temps


Quelques bouts de nostalgie :

Nostalgie des coquelicots et du sourire de la petite boulangère
Mesurer le temps et sa vie en matins
Nostalgie des temps heureux
Nostalgie des petits villages
Quand les caractères s’incrustaient dans le papier

Ah, la “vieille europe” avait du bon !

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C’est marrant, partout en Europe, les gens se rendent compte que c’est moins bien qu’avant : qu’il n’y a plus d’argent et qu’il n’y a plus d’emplois. Et moi je suis en train de lire un livre sur Holbein qui décrit l’Europe de l’époque et l’effervescence des centres artistiques et commerciaux. On mesure, en négatif, tout ce qu’ils nous ont fait perdre en nous imposant leur tragique bureaucratie de Bruxelles L’auteur parle d’Anvers, Londres, Venise, Augsbourg, Florence, et Venise… “où la richesse et l’opulence stimulait le travail, le commerce et les oeuvres de l’esprit. Le financier et l’humaniste, l’armateur et le peintre, le négociant

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“Merci d’avancer vers l’arrière !”

retrodor33.jpg “La qualité retrouvée des années 30” c’est le slogan de Rétrodor chez mon boulanger. Pourquoi cette précision bizarre “des années 30” ? Partout, c’est carrément “en arrière toute” : Patrick Bruel a du succès avec ces années-là… Dans le Monde d’avant-hier, le délégué à l’enseignement scolaire évoquait le “retour d’un uniforme” à l’école”.. Même dans le bus j’entends de plus en plus : “merci d’avancer vers l’arrière”. S’il continuent tous à avancer vers l’arrière, chouette, je vais vite retrouver mon train électrique ! Mais bon, faudrait tout de même s’arrêter au bon moment : la fin des années trente ça n’a pas été si marrant. Je n’y étais pas mais, bon, j’en ai entendu parler ! Brrrrrrr.

Nostalgie du temps où les caractères s’incrustaient dans le papier…

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Je suis en train de lire Baltiques, des poèmes de Tomas Tranströmer et tombe sur cette phrase :

“Je regardai le ciel et le sol et tout droit ; et j’écris depuis lors une longue lettre aux morts sur une machine qui n’a pas de ruban, seule une ligne d’horizon ; ainsi, les mots cognent en vain et rien ne reste”.

Du coup je me relève et sors ma vieille Corona que je n’avais pas utilisée depuis des siècles. J’enlève la poussière, le ruban est complètement usé, je tape un mot. Merveille oubliée : dans une splendide claque métallique, les caractères viennent s’enfoncer profondément dans le papier comme des pattes d’oiseaux sur la neige…
C’est ce qui me manque le plus sur mon Mac : que ce soit une machine qui n’ait pas de ruban… Que les lettres ne puissent pas s’incruster dans le papier, qu’on ne sente pas que ça s’enfonce dans quelque chose… Rien : un pauvre cliquetis sans profondeur sur un écran RVB. C’était mieux avant, non ? Et ce qui manque aussi c’est le “retour-charriot”, le plaisir de pousser le chariot d’un geste vif en bout de ligne, avec la petite clochette…Allez, faut arrêter la nostalgie… Je vais aller me faire un café.

Quelques bouts de nostalgie

Nostalgie des coquelicots et du sourire de la petite boulangère
Mesurer le temps et sa vie en matins
Nostalgie des temps heureux
Remonter le temps en rentrant dans les tableaux
Nostalgie des petits villages
Nostalgie des plumes d’acier d’Ernst Jünger…
Quand les caractères s’incrustaient dans le papier

Tout est devenu trop compliqué !

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C’est trop compliqué. La vie, tout… Tout est devenu beaucoup trop compliqué. Je trouve que c’était beaucoup mieux avant. Quand je dis ça à mes amis, ils me demandent : “avant quoi ?” et là je ne sais plus très bien quoi répondre parce que je crois que je remonte assez haut dans le temps et que si je leur disais la date exacte ils prendraient peut-être peur. Heureusement l’automne arrive : c’est l’époque des marrons par terre, des belles feuilles qui tombent, des rudbeckias jaunes, des noix fraîches avec du bon pain et du vin, des omelettes aux champignons et des feux dans la cheminée… L’automne est ma deuxième saison favorite !

La chambre jaune

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Il y a quelques temps, quelqu’un vivait dans cette pièce… il devait y avoir une table, un lit, des tableaux ? peut-être des jouets ou bien était-ce une salle de bain ? Combien d’histoires dans cette chambre jaune, suspendues pour quelques heures encore dans le grand nuage de poussière des démolisseurs : des jours, des nuits, des jeux, des larmes, des rencontres, des séparations, des rires… Un jour peut-être, la pièce dans lequelle je suis en ce moment sera suspendue en l’air au quatrième étage. Le type du bulldozer ne pourra pas savoir que j’y ai joué du luth, que des hirondelles jouaient dans la cour, que ma petite chienne jouait sur le tapis et que mes yeux me jouaient des tours et que la vie n’était pas un jeu d’enfant…

Les chevaux c’était bien mieux !

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Commentant le défilé du 14 juillet, un abruti de TF1 (qui lit un prospectus fournit de toute évidence par GIAT industries) s’époumone à vanter les mérites du char Leclerc : “ses 56 tonnes, sa grande modernité, son agilité (de 0 à 30 km/h en moins de 6 secondes) son caractère évolutif, sa puissance de feu” … etc.
Maman regarde et dit : “moi je trouve que les chevaux c’était bien mieux !”.