Il y a des sites web que je trouve totalement renversants. Celui-là par exemple qui nous montre les échelles de temps sur la terre et les durées respectives d’un jour, d’un mois, d’un siècle, d’un millénaire, d’une époque, d’une ère etc… Il est super bien fait (pas en flash mais en HTML5) et me laisse sans voix tellement il est intelligent. Par exemple, là, en vous en parlant, j’essayais de me situer par rapport aux oiseaux du jurassique : immense et jubilatoire impression d’être un Archaeopteryx et de voler au-dessus des temps géologiques…
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Tag Archives: temps
Les échelles de temps : un jour, un mois, un siècle, un millénaire et plus encore. Carrément vertigineux…
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J’aimerais bien que Dieu m’accorde 3 secondes !
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J’aimerais bien que Dieu m’accorde 3 secondes ! Juste trois secondes pour remonter le temps. 3 secondes pas plus, mais à répétition. Et qu’il me confie la mission, comme à un ange, de parcourir le monde pour intervenir trois secondes avant les erreurs que les hommes peuvent commettre. Arrêter le bras des gens pile au moment où ils vont commettre l’erreur fatale, ce genre de truc…
Ça ne me ferait pas seulement une belle carte de visite “d’envoyé spécial ailé” ; ça me ferait surtout du bien de remettre un peu d’ordre dans toute cette détresse du monde. Oui, je sais, il y a du boulot.. Et moi-même, pour vous dire, je ne me sens pas très bien, mais bon, je veux bien essayer… Continue reading
Bonnes résolutions : si nous voulons faire quelque chose de notre vie : dépêchons-nous !
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En cette période de “bonnes résolutions” de début d’année, chacun sait qu’on a deux vies. Et que la deuxième commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une ! Où que nous soyons sur cette grille d’une vie calculée en mois jusqu’à 90 ans, il faut vraiment nous dépêcher car il y a finalement très peu de petites billes d’unité de temps où on peut agir dans une vie. Le temps nous est compté … Continue reading
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Heureusement que les yaourts me donnent la notion du temps !
Le Temps m’est devenu très relatif désormais… Et, s’il n’y avait pas de date sur mes yaourts, je crois bien que je ne saurais même plus quel mois on est – ou même l’année… Je ne sais pas si c’est à cause de ma manie de passer des heures à regarder les toiles des musées en agrandissant les détails à 200%, mais je perds complètement la notion du temps qui explose comme les marrons au feu en hiver. Christian Bobin disait : “quand je veux prendre l’air, je vais au douzième siècle”. Je fais exactement pareil : il me suffit de regarder une toile de van der Weyden et – pof – j’atterris direct au XVe siècle…
Continue readingPeut-être faudrait-il songer sérieusement à accélérer les horloges ?
Bon, juste une petite réflexion sur le temps — et quelques courtes lignes de “politique” (sujet que j’évite désormais comme la peste)… Dans la vie des peuples, il y a des moment où le temps passe à des vitesses très différentes : tantôt ça traine (on dit que le pays s’ennuie), tantôt ça s’accélère (on dit que la société est explosive). Aujourd’hui, tout le monde voit bien qu’on peut difficilement attendre
Continue reading“Quand on marche le soir à la lisière du temps”…
J’aime beaucoup Claude Roy et je me rends compte que, moi aussi, je me promène de plus en plus… “à la lisière du temps”…
Continue reading“Quand on marche le soir à la lisière du temps
il monte soudain une bouffée d’enfance
les cris des hirondelles folles d’un préau d’école
Le doigt de Marie. Quand le temps se fige (2)
Il faut imaginer la Vierge lisant tranquillement lorsque — tout à coup, dans un grand bruissement de plumes — un messager surgit dans la pièce sans même prévenir. Pour ne pas oublier où elle en était dans sa lecture, Marie met aussitôt son index entre les pages du livre — comme un signet ou un marque-page — pour pouvoir reprendre sa lecture dès que le messager importun sera reparti…
Continue reading« 0. A. D. »
Les années après 1300 c’est le 14e siècle. Bon, OK, j’ai bien compris, mais ça m’énerve depuis que je suis petit car je trouve qu’on devrait dire qu’après 1300 c’est 13e et qu’après 1400 c’est le 14e. Ce serait tellement plus simple et on arrêterait de se faire chier avec les intervalles des siècles !
Continue readingL’avancée inéluctable des racines…
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“Les affaires de ce monde ne sont pas différentes”
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Je relis des tonnes de Claude Roy en ce moment. C’est ma façon de partir en vacances et de voyager joyeusement dans ma tête fatiguée.
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“Un lettré chinois reçoit un jour d’un Immortel le don d’un oreiller magique. Il venait de mettre à cuire une marmite de riz. Il pose sa tête sur le coussin et s’endort. Il rêve pendant des années, il rêve qu’il voyage, est amoureux, devient ministre de l’Empereur, se marie, a dix enfants, accumule le savoir, les expériences, la sagesse. Quand il se réveille, il est blanchi, chenu, très vieux, approche les cent années. Il se lève, va goûter le riz, qui n’est pas encore cuit. L’Immortel est sur le pas de sa porte, qui lui dit : “Les affaires de ce monde ne sont pas différentes”.
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Claude Roy, Temps, Septembre 1977.
— Quelques textes de Claude Roy : Continue reading
Cette jeune femme remet le temps en marche
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Tous les jours, je passe devant cette vitrine où une jeune femme, penchée sur de vieilles montres, regarde à travers une loupe d’infimes et minuscules petits rouages qu’elle remet d’aplomb pour les faire redémarrer. Quand le tic tac repart ça doit faire comme dans la tête d’un chirurgien dans un bloc opératoire quand le coeur recommence à battre… doucement, régulièrement, comme le rassurant petit tic tac des montres Suisses … Avec précision, en bougeant délicatement de minuscules petits ressorts,cette jeune femme remet le temps en marche et ça me touche beaucoup.
– Se dépêcher de prendre son temps…
– J’ai vraiment un problème avec le temps qui passe
– Et si je cassais carrément les aiguilles ?
– Quand on marche le soir à la lisière du temps…
– Un moment égale 90 secondes
– Si Dieu me donnait juste 3 petites secondes
Mon cerveau doit être celui d’un enfant Islandais en décembre !
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J’ai vraiment un problème avec le temps en ce moment, (et pas seulement le temps de la météo qui donne l’impression qu’on est en décembre). Je dois vivre mentalement en Islande tellement j’ai le sentiment que certains jours n’en finissent pas et durent carrément 22 heures comme en été en Islande ; et que d’autres passent à toute vitesse comme une journée de décembre à Reykjavik ! Mais il y a longtemps que mon horloge biologique est détraquée et donc je ne m’étonne plus de rien… Mais du coup ça m’a fait repenser à une veille émission où Laure Adler interrogeait Audur Ava Olafsdottir sur son livre L’Embellie …
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Vichnou était nettement moins impatient que moi :-)
Pour donner une idée de la lenteur, et la mesure d’une année de Brahmma (qui en a vu des milliers), Vichnou dit que c’est
le temps que mettrait une plume attachée à un balancier à user une montagne de bronze qu’elle effleurerait une fois par siècle…
Il y a une petite fontaine au Luco qui me fait toujours penser à cette montagne spirituelle qu’on trouve chez les grands maîtres tibétains – Milarépa notamment – mais aussi dans le zen japonais ou le tchan chinois… J’ai fait ce petit montage pour vous montrer la montagne que je vois immédiatement quand je passe devant, avec le petit robinet de cuivre qui devient l’aura dorée-orangée de Milarépa penchant la tête… Je n’ai pas mis la plume parce qu’elle bougeait trop lentement :-)
– Mon impatience relève de la pédiaterie
– Se repérer sur l’échelle des siècles
– Mesurer sa vie en matins…
– Et si on cassait carrément les aiguilles ?
— Éloge de la lenteur (l’escargot)
La fontaine en vrai ci-dessous :
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Se dépêcher de prendre son temps…
Avec les horloges atomiques à jet de césium, la seconde est définie comme “9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre deux niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de césium 133”.
Bon…
J’ai vraiment un problème avec le XXIe siècle… et avec le temps qui passe
Les euros, je m’y suis fait. L’heure d’été, pas vraiment. Mais l’expression “au siècle dernier” quand je parle de ce qui s’est passé il y a moins d’une dizaine d’année, je n’y arrive carrément pas. Dire “je l’ai rencontrée au siècle dernier” ou bien “j’ai lu ce livre le siècle dernier” ou bien “ma petite chienne est morte au siècle dernier” ça me semble si loin ! Si loin !
Ou alors j’ai beaucoup vieilli ces derniers temps ….
“j’étais heureux …au siècle dernier” !
Le pire c’est quand on retrouve des vieilles photos en classant ses fichiers. Et qu’on voit le temps qui s’est écoulé entre les deux colonnes ! … une trentaine d’années… peut-être même quarante. C’est à se tirer une balle.
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Décidément j’ai vraiment un problème avec le temps qui passe ! …
et avec mon horloge biologique qui est détraquée.
et avec ma petite chienne morte “au siècle dernier”..
Et avec le “temps-alzheimer” aussi :
La montre-baromètre ;
Explosion de la logique temporelle ;
Une boite pour savoir quel jour on est
Si Dieu me donnait juste 3 petites secondes
Et si je cassais carrément les aiguilles ?
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Dans la course à la montre contre Alzheimer, c’est évidemment Alzheimer qui va gagner. C’est une course terrible où, avec chaque jour qui passe, le temps devient de plus en plus court, de plus en plus serré, de plus en plus stressant. Du coup je repense souvent au temps où j’avais le TEMPS de profiter de la vie, au temps où la vie s’écoulait lentement… Au temps où j’étais heureux en fait.
À Sienne, dans cette sublime petite ville italienne où j’aimais tant aller, il y a sur l’inoubliable Piazza del Campo, l’imposante Torre de la Mangia. Et, à mi-hauteur, une horloge qui a la particularité rare de ne pas avoir d’aiguille pour les minutes. Juste celle des heures, qui ne bouge donc pratiquement pas. Le temps sans les minutes s’écoule lentement et vous donne le temps de vivre : on se lève le matin pour prendre un premier café à un bout de la place ovale, le soleil est doux et doré comme un croissant; dès qu’il tourne, on change de café pour suivre ses rayons et on prend un autre capuccino. Vers l’heure de l’apéritif…
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Agrandir à 200% et sauter dans une autre dimension du temps
Bon, je sais bien que ce n’est pas normal et que je dois être un peu cinglé mais grâce aux musées virtuels, je me ballade de plus en plus dans les peintures des vieux maîtres des XIV ou XVe siècles. J’agrandis à 200% sur un petit point au fin fond de l’arrière-plan qu’on ne voit généralement pas à l’oeil nu, je zoome sur une petit zone de peinture lumineuse, je vise ce détail en me concentrant avec ce qui me reste de neurones cérébraux, et tout à coup, pof, ça bascule et je me retrouve de l’autre-côté du tableau, carrément DANS la toile…
Je glisse sur quelques aplats de lumière, et pof, j’atterris pile sur le petit pont où je me stabilise sur une écaille de peinture. Ensuite, fastoche, je me joins à la foule des badauds et je me ballade incognito avec les autres petits personnages qui passent d’une rive à l’autre… J’entends la rumeur de la foule qui va au marché (parfois j’ai du mal avec la langue), les sabots des chevaux, les cris des marins, les clapotis des barques sur l’eau, les cloches qui sonnent joyeusement dans l’air argenté du matin… C’est midi, j’ai faim, je vais traverser le pont et me trouver une bonne rôtisserie dans la première ruelle à droite après la place de l’Eglise… Vous savez quoi ? Je peux rester des heures à me promener comme ça, à errer sur des particules de peinture zoomées à 200%… Parfois je pars entre deux cyprès sur un petit chemin de terre qui se perd au loin dans un sfumato vaporeux de la renaissance italienne. Parfois – comme avant hier – c’est
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Mesurer sa vie en matins…
Alzheimer ne pulvérise pas seulement la mémoire mais le temps aussi ; le temps et sa mesure qui fait que j’ai du vieillir de dix ans ces deux dernières années et que je n’ai plus jamais eu les longues plages de temps que j’avais auparavant pour faire ce que je faisais et qui était tout simplement … ma vie.
Dans un entretien, Balthus parle quelque part du temps et de sa mesure. Il dit qu’autrefois on mesurait les prés en matins. Un matin c’était la surface de pré que pouvait couvrir un homme avec sa faux en une matinée.
Je trouve cette expression tout simplement magnifique et sans doute suis-je un faucheur de ces époques révolues où le temps s’écoulait lentement au clocher des villages. Je rêve, le champ fauché, de pouvoir m’allonger sur le dos un jour d’été, avec de la paille dans les cheveux, écoutant le crissement des sauterelles dans l’herbe jaunie ; attendant avec les autres moissonneurs transpirant sous le soleil de midi que les femmes du village voisin nous apportent pour le repas les énormes miches de pain et la soupe de lard… Comme disait ma grand-mère : on a les rêves qu’on mérite.
Parlez des foins me fait toujours penser à cette belle phrase de Claude Roy… Et aussi ce magnifique texte de C.F. Ramuz sur “Ces hommes qu’on ne peut pas ne pas entendre”……
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Quelques bouts de nostalgie
– Nostalgie des coquelicots et du sourire de la petite boulangère
– Nostalgie des temps heureux…
– Remonter le temps en rentrant dans les tableaux
– Nostalgie des petits villages
– Quand les caractères s’incrustaient dans le papier
“Et l’ombre recula de dix degrés”…
Maman parle de moins en moins à cause d’alzheimer mais on continue à se ballader main dans la main sous les platanes de l’avenue. En rentrant, j’écoute l’Historia di Ezechia de Giaccomo Carissimi (1605-1674), tirée du livre d’Isaïe (ch. 38). Le prophète vient annoncer sa mort prochaine au roi Ezechias qui implore Dieu pour obtenir sa guérison ; ce qui lui est promis par la bouche d’Isaïe. Le roi sollicite alors un signe de Dieu qui lui accorde un prodige, témoin de sa toute puissance : l’ombre projetée sur la cadran solaire du palais recula de dix marches sur celles qu’il venait de descendre, comme si le temps remontait en arrière… Moi aussi j’aimerais bien que le temps remonte de quelques marches !
Ésaïe 38
4 – Puis la parole de l’Éternel fut adressée à Ésaïe, en ces mots:
5 – Va, et dis à Ézéchias: Ainsi parle l’Éternel, le Dieu de David, ton père: J’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes. Voici, j’ajouterai à tes jours quinze années.
6 – Je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d’Assyrie; je protégerai cette ville.
7 – Et voici, de la part de l’Éternel, le signe auquel tu connaîtras que l’Éternel accomplira la parole qu’il a prononcée.
8 – Je ferai reculer de dix degrés en arrière avec le soleil l’ombre des degrés qui est descendue sur les degrés d’Achaz. Et le soleil recula de dix degrés sur les degrés où il était descendu.
Ma chute d’Icare…
La chute d’Icare de Brueghel est une toile étonnante. Outre la pathétique épopée de Dédale et Icare, elle traduit l’indifférence qui isole les hommes. Pendant qu’Icare se casse la figure et coule en agitant les jambes, un laboureur continue à labourer son champ, un berger continue à regarder le ciel, un pêcheur de dos continue à pêcher… On aimerait bien qu’ils abandonnent un moment leur charrue, leurs moutons, leurs poissons pour venir donner un petit coup de main, ou mieux un peu de leur temps…
Mais bon, c’est comme ça : il faut que le grain soit semé, que la vie continue pendant que d’autres disparaissent… Je regardais cette toile en pensant à la maladie d’alzheimer et à l’attitude des gens de ma famille : certains font comme si ils ne voyaient rien, d’autres ignorent délibérément et s’occupent d’autre chose, d’autres se rassurent en assurant qu’ils “pensent à nous”…. C’est sympa, ça de penser et ça ne prend pas trop de temps. Heureusement il y en a qui aident vraiment. Ceux-là savent que je leur en suis infiniment reconnaissant. Je sais maintenant ce que vaut le temps passé, le temps qu’on donne.
La chute d’Icare, 1555 – Pieter Brueghel l’Ancien, (1525/30-1569).
Musée Boymans-van Beuningen, Rotterdam.
Icare voulait voler. J’aurais l’air de quoi si j’étais un oiseau ?
Comme on voudrait que le fassent le temps, notre pensée, nos vies
Il y a sur la cheminée du salon un énorme bouquet de pivoines. Et, curieusement, ces derniers jours, je lisais un texte de Philippe Jaccottet qui exprime ce que je pense des pivoines et dont je laisse tomber ici quelques pétales (dans un désordre qui n’est pas le sien et en coupant quelques tiges qui dénaturent évidemment son bouquet).
Parce qu’elles s’inclinent sous leur propre poids, certaines jusqu’à terre, on dirait qu’elles vous saluent, quand on voudrait les avoir soi-même, le premier, saluées”.
“Opulentes et légères, ainsi que certains nuages…”
“Une explosion relativement lente et parfaitement silencieuse”.
“Elles s’ouvrent, elles se déploient, comme on voudrait que le fassent le temps, notre pensée, nos vies”.
J’aime cette phrase et la répète pour ceux qui lisent trop vite : “Elles s’ouvrent, elles se déploient, comme on voudrait que le fassent le temps, notre pensée, nos vies”.
“Je ne sais quoi, qui n’est pas seulement un souvenir d’enfance, les accorde avec la pluie. Avec une voûte, une arche de verdure. Elles vont ensemble : est-ce à cause des nuages ?”
“Avant que n’approche la pluie, je vais à la rencontre des pivoines”.
“Elles n’auront pas duré”.
(Extraits) Philippe Jaccottet – Cahier de verdure, Gallimard.
Photo : Domi F.
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“… oh mais c’est trop bête, j’aurais tellement aimé vous aider !”
Je ne sais pas si vous connaîssez cet homme de Cyrène appelé Simon, dont on parle dans les Evangiles ? Un jour qu’il rentrait tranquillement des champs, en remontant au Golgotha, il trouve un attroupement. Il y a des cris, une foule qui se presse, il se demande ce qui se passe, pousse un peu les autres pour voir par dessus leur épaules et découvre Jésus souffrant, courbé sous sa croix, avançant sous les colibets… Bon, je croyais bien connaître ma Bible et j’étais carrément, mais alors absolument persuadé que Simon de Cyrène s’était proposé d’aider à porter la croix. Eh bien pas du tout. Je viens de relire Matthieu, Marc et Luc et ils disent tous les trois qu’il a fallu le forcer. Les gens n’aident pas spontanément et c’est finalement plutôt normal, [surtout quand le type aidé n’est pas – ou n’a pas toujours été – vraiment commode – je parle de moi, évidemment, pas du Christ]. Sauf des exceptions remarquables et donc particulièrement précieuses : Marielle, Marlène, Muriel, Julia, Isabelle, Michèle et Franck, Jean-Louis et Monique, Benoît et quelques autres que j’oublie injustement … Un immense merci à tous ceux qui m’auront donné un peu de leur amitié et surtout, surtout, un peu de leur TEMPS… Et honte à ceux qui ont disparu quand la maladie est arrivée…
Post scriptum 1 : A propos de Simon de Cyrène, je ne me prends évidemment pas pour le Christ ! Je cite cette histoire, a contrario, pour rendre hommage à ceux qui – spontanément – auront proposé d’aider. J’ai donc moins de valeur – mais plus de chance – que le Christ. Alleluia !
Post scriptum 2 : ce que j’ai appris au fil des ans avec alzheimer c’est que la seule aide, vraiment LA SEULE, c’est le TEMPS. Le temps que les gens donnent pour vous aider à respirer ! Le temps qu’ils offrent en disant : “tiens, je viens pendant deux heures tenir compagnie à ta mère et tu sors te changer la tête” ! C’est ça la seule aide véritable pour ceux qui portent une personne qui a la maladie d’Alzheimer. Mais pour donner du temps il faut être de la famille ou des amis, assez proches en tout cas pour que l’heure passée soit familière et pas celle d’une “personne-de-la-Mairie-très-professionnelle-et-dévouée-tu sais Eric”. C’est ça l’aide.
Le reste ce sont des mots. Quand on est dans une tranchée avec de la boue partout, ceux qui aident ne sont pas ceux qui disent : “tu sais mon cher, tu devrais vraiment essayer de voir les choses autrement” ! Non, on est dans la boue avec des obus qui tirent dans tous les sens et il faut écoper et continuer à “vider les pots de chambre”. Et ça c’est du temps (pour ne pas dire plus) et une patience infinie…
Il y a la tête ; il y a le coeur ; et il y a le corps.
Alzheimer c’est beaucoup le corps : on ne vide pas les pots de chambre (et le reste) avec sa tête. C’est le corps qui s’occupe de ça. Le corps s’en occupe parce que le coeur le lui dit. Mais si la tête s’en mèle, le pot de chambre n’est pas vidé. Ou la croix n’est pas portée (si Simon de Sirène ne la prend pas sur ses propres épaules). Voilà ce que c’est alzheimer pour les gens qui décident de n’avoir recours que le plus tard possible au “placement” dans une… “jolie et très agréable maison tenue par des gens très professionnels tu sais Eric et qui sont très dévoués”…
Ma chute d’Icare
Mensonges par omission
—
bible ©Volker Moehrke
Faire trou dans le temps…
> Le temps est une drôle d’invention. Quand tout va bien, il coule tranquillement. Mais quand on réalise qu’on compte chaque petit grain de sable, alors c’est qu’il y a quelque chose qui cloche dans la vie. Ou que son temps est désormais compté. On dit qu’un peintre qui peint – ou un artiste qui écrit ou compose – se trouve dans la situation de voir le temps suspendu… Exactement comme un couple qui fait l’amour se trouve dans un temps qui est hors du temps (et en effet, il ne pense plus aux impôts ou au linge qui sèche !). Le propre de l’œuvre d’art est qu’elle fasse trou dans le temps. Et ce trou ne relève pas de chronos, il n’est pas chronologique, c’est du présent pur, un temps qui n’existe pas… On arrive parfois à s’y réfugier pendant un temps plus ou moins long. Quand je me concentre fortement – sur du graphisme web, un texte littéraire ou en écoutant des quatuor à cordes – j’arrive parfois à faire ce trou dans le temps et à m’abstraire quasi complètement du monde alentour. Mais à mon bureau, quand ils arrivent dans mon dos pendant que je travaille ainsi, je sursaute et ils se moquent de moi. Je ne peux pas leur expliquer ce qui se passe. Ils mettent ça sur le compte de la nervosité. Bon, s’ils le disent….
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Sept ans qui défilent en trois secondes…
Parfois il existe un abîme entre le lundi et le mardi. Mais sept ans peuvent défiler en trois secondes : le temps qu’il faut pour déplacer le coffre de l’entrée et trouver une lettre arrivée il y a sept ans, tombée derrière le meuble le jour même de son arrivée, couverte de poussière, jamais ouverte… et à laquelle on n’a donc évidemment pas répondu. L’expéditeur ne pouvait pas savoir que nos vies dépendent d’un détail aussi imprévu mais le cachet de la poste fait foi : le compte à rebours du destin y est tamponné de façon irréfutable ! Pardon à l’expéditeur.
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Dormir la nuit …
Jean-Louis t’as raison, ces derniers temps j’ai sans doute mis trop d’histoires à dominante “spirituelle” : anges, moines etc. Mais bon, il y a sans doute des raisons qui l’expliquent même si je ne peux pas trop en parler pour ne pas écrire le mot alzheimer trop souvent … En tout cas, j’étais content de ce bol d’oxygène avec toi et de ce petit vent frais de révolte que tu fais souffler (j’ai dans ma bibliothèque “La désobéissance civile” de H.D. Thoreau et vais le relire). Merci aussi pour l’histoire de ta montre ! Pour ceux qui n’étaient pas là : Jean-Louis a acheté très cher une belle montre, avec sonnerie et tout. Et comme il a perdu le mode d’emploi qui était d’ailleurs incompréhensible (genre japonais traduit du suisse en passant par le coréen du nord) il ne savait pas comment la règler. Et la montre sonnait toutes les heures. Toutes les heures du jour ça va encore mais toutes les heures de la nuit ! Tu as bien fait de t’en débarrasser Jean-Louis : t’as pas la vocation d’un moine appliquant la Règle de Saint Benoît et célébrant la louange de Dieu pendant les vigiles noctures ! (et encore la Règle de S.Benoit est moins dure que celle de S.Pacôme qui prévoyait un minimum de 36 psaumes par nuit !).
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