Ils ne tondront jamais les fleurs que j’ai dans la tête !

Hier, les cantonniers sont passés avec leurs tondeuses : plus une pâquerette et un bouton d’or le long de la route… Heureusement, j’ai dans la tête des “fleurs de poche” que je peux appeler à l’aide mentalement, même quand elles ont été coupées. J’ai une sorte de petit kit de survie s’ils viennent tondre mon jardin-de-Paradis… C’est comme tout le reste : ils ne tondront rien de ce que j’ai dans la tête : la musique de Bach et Byrd, les toiles de Giotto et Fra Anfelico, le vent qui fait se courber les herbes etc (vous voyez ce que je veux dire, la liste est longue de ce que j’ai mis en sécurité dans ma tête)…

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Il ne faut pas éprouver de “mépris de classe” pour les branches de persil…

Je trouve qu’il n’y a pas de raison — quand on fait des bouquets — de ne mettre dans les vases que de belles “fleurs”… Comme il pleut en ce moment, les fleurs des chemins sont, n’importe comment, un peu flétries… Et donc aujourd’hui, j’ai carrément mis mon persil dans un vase ! Parce qu’il n’y a pas de raison d’être snob, de manifester du “mépris de classe” pour ces plantes de la cuisine, et de ne pas les inviter cordialement au salon ! Donc j’expérimente le persil … Je sais pas ce que je mettrai après dans mes vases, mais pour l’instant j’en suis là et je trouve que c’est très bien !

Bon effectivement ça change un peu :

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Chic c’est le retour des fleurs… et des tables de montage…

À chaque promenade, des fleurs cueillies sur les chemins… Et hop, dans des petits vases…

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Début de la sénilité ?

Tous les matin je change l’eau des fleurs et nettoie les vases avec une sorte de petit balais brosse … Là, sans réfléchir, j’ai pris l’ensemble et je vois que le bouquet est assez inattendu ! C’est terrible de se sentir devenir sénile…

Une immensité de boutons d’or…

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Bon, on peut dire ce qu’on veut de la Création et penser ce qu’on veut du Paradis, mais pour moi, dans le Jardin d’Eden, on devait pouvoir y marcher pieds nus sur des immensités de boutons d’or… . Forcément !

D’ailleurs je dois y être déjà car, même si je ne les ai pas comptées, les fleurs qui s’étendaient à perte de vue sous mes yeux ce week-end était vraiment une immensité… Aussi nombreuses que les étoiles dans le ciel…

L’Inventaire de la Voie Lactée et le petit ange voleur d’étoiles
Rêve devant la Porte du Paradis

Je relève de la pédiatrie !

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Depuis toujours, je suis impatient : je veux que tout aille vite ou plutôt qu’on ne tergiverse pas et ne perde pas de temps. Quand les choses demandent du temps (planter des chênes par exemple) je sais bien sûr attendre et être patient. Mais pour le reste, je n’aime pas que les gens traînent.

J’ai appris que ce syndrome (qui exaspèrait les gens de mon bureau) ne relevait pas de la psychiatrie mais de la pédiatrie : mon comportement est en effet typiquement celui des enfants qui ne savent pas différer leurs impatiences (“je veux ma glace à la vanille tout de suite !”). Voilà, c’est exactement ça : je n’arrive pas à différer mes impatiences !

Mais avec les jacinthes, c’est différent :
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Les étoiles en haut, les fleurs en bas, et la loi morale à l’intérieur…

Muriel m’envoie ce vitrail de Notre Dame en Vaux
Les étoiles en haut, les fleurs en bas…
La loi morale à l’intérieur de soi et le ciel étoilé à l’extérieur, juste au-dessus…

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« Deux choses remplissent le coeur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. » Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, 1788.
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a riveder le stelle !
et la vie serait belle !

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Les petits bouquets de Maman…

Tout les jours que Dieu faisait, Maman faisait des petits bouquets… Dans des minuscules petits vases… Avec trois fois rien, quelques pâquerettes parfois. … Quelques exemples parmi des milliers…
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Les curés n’osent plus sonner les cloches mais on a les clochettes autour de l’église !


Pas de doute, on est début mai : les Paulownia sont à nouveau en fleurs autour de l’église Saint François Xavier : magnifiques grappes de clochettes mauve clair et bleu héliotrope à gorge crème tachetées de pourpre… Dieu est grand ! Comme chacun sait (et si vous ne le saviez pas je vous le dis, ce qui est un des modestes avantage de ce blog) le Paulownia tient son nom d’Anna Paulowna, fille du tsar Paul Petrovitch Ier. L’espèce, originaire de Chine, parut en angleterre en 1823 puis à Paris en 1834 (jardins du Muséum d’histoire naturelle) et maintenant au coin de la rue, juste en bas de chez maman. Tous les ans à la même époque, les Paulownia (il y en a bien une cinquantaine et je donnerais la Légion d’honneur et le nom de la place à celui qui les a plantés pour le bonheur des générations futures au lieu de cet obscur abruti qui n’a rien fait d’autre qu’être président du Conseil municipal de Paris) je disais donc que ces cinquante Paulownias sont, pour maman et moi, une source d’enchantement, un but de ballade et un prétexte à faire, tous les jours que Dieu fait, un pélerinage émerveillé autour de l’église. On tourne autour comme en procession, on regarde les enfants jouer dans le bac à sable… C’est notre façon de rendre grâce à la beauté et à la diversité de la Création. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper et in saecula saeculorum. Amen !

(Oui, je sais, j’en avais déjà parlé à l’époque mais je viens de refaire la photo alors je reposte. Tant pis pour ceux qui ont de la mémoire. Moi je n’en ai plus et Maman non plus (Alzheimer nous a détruits et dévastés l’un et l’autre). Et puis ce blog tourne en rond alors il est normal que tous les ans à la même époque je parle de la même chose : les paulownia fin avril, les calendriers de l’Avent à Noël… Normal finalement : ça s’appelle radoter. Je pourrais même tenir toute l’année rien qu’avec leurs fameuses “Journées” bidons et si totalement débiles-mentales que la seule liste me rend totalement fou. S’ils voyaient mes journées à moi !

Giboulées de mars

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On dit “fleuriste” mais on devrait dire “galerie d’art”…

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Pendant que je suis enfermé à m’occuper d’Alzheimer, mes amis visitent des musées ou vont voir des expos… Pendant qu’ils regardent les Jardins de Babylone au Louvre, je contemple des renoncules qui se déploient et s’épanouissent dans un vase sur la cheminée du salon… C’est carrément sublime et mon cerveau tourne en spirale comme celui d’un derviche tourneur… Je suis atteint d’une maladie bizarreContinue reading

Habiter carrément dans le garde-manger !

>magnolia_abeilles.jpg Il y a, au coin de l’avenue, un immense magnolia grandiflora qui fleurit en ce moment : fleurs immenses et magnifiques dessinant une coupe arrondie dans lesquelles se régalent les abeilles. Je les ai observées un long moment : à l’abri de la pluie sous d’énormes pétales d’un blanc épais et crémeux, elles se roulent dans le pollen, carrément installées dans le garde-manger ! Mon rêve : être dans une maison comme dans les livres de mon enfance, en massepin ou en sucre d’orge et que je pourrais manger quand j’en aurais envie : manger les tables et les canapés en caramel, avaler les tableaux et les oreillers en sucre, peut-être même manger une ou deux porte ? (pourquoi pas si elles sont en chocolat blanc ?). Peut-être que je deviens cinglé ? Bon, à part cet aveu d’ogre boulimique (parait que c’est pour me calmer les nefs que je mange comme un malade en ce moment et vais devenir obèse) j’ai découvert que le nom de magnolia avait été créé en l’honneur d’un certain Pierre Magnol (1638-1715), médecin botaniste, directeur du jardin botanique de Montpellier et créateur du classement des plantes par familles généralisé ensuite par Linné (comme les magnolias existaient de toute évidence en Chine avant Monsieur Magnol, je ne sais pas comment on les appelait avant). Pendant que j’y suis, je vous signale également que j’ai appris par Jacques Brosse que le camélia devait son nom à Georg Joseph Kamel à qui Linné le dédia; que le Forsythya jaune fut créé en l’honneur de l’horticulteur William Forsyth, surintendant du Jardin des Apothicaires à Chelsea puis des Jardins royaux de Kensington et de Saint-James ; et que le fuchsia a été nommé en hommage au botaniste suisse Leonard Fuchs mort en 1565. Je n’ai jamais su comment écrire fuchsia; Maintenant que je sais que ça vient de Fuchs, je saurais désormais où mettre le “s” ! On en apprend des choses tout de même en regardant les abeilles, non ?

Comme on voudrait que le fassent le temps, notre pensée, nos vies


Il y a sur la cheminée du salon un énorme bouquet de pivoines. Et, curieusement, ces derniers jours, je lisais un texte de Philippe Jaccottet qui exprime ce que je pense des pivoines et dont je laisse tomber ici quelques pétales (dans un désordre qui n’est pas le sien et en coupant quelques tiges qui dénaturent évidemment son bouquet).

Parce qu’elles s’inclinent sous leur propre poids, certaines jusqu’à terre, on dirait qu’elles vous saluent, quand on voudrait les avoir soi-même, le premier, saluées”.
“Opulentes et légères, ainsi que certains nuages…”
“Une explosion relativement lente et parfaitement silencieuse”.
“Elles s’ouvrent, elles se déploient, comme on voudrait que le fassent le temps, notre pensée, nos vies”.
J’aime cette phrase et la répète pour ceux qui lisent trop vite : “Elles s’ouvrent, elles se déploient, comme on voudrait que le fassent le temps, notre pensée, nos vies”.
“Je ne sais quoi, qui n’est pas seulement un souvenir d’enfance, les accorde avec la pluie. Avec une voûte, une arche de verdure. Elles vont ensemble : est-ce à cause des nuages ?”
“Avant que n’approche la pluie, je vais à la rencontre des pivoines”.
“Elles n’auront pas duré”.

(Extraits) Philippe Jaccottet – Cahier de verdure, Gallimard.
Photo : Domi F.

On dit “fleuriste” mais on devrait dire “galerie d’art”

Mort de fatigue…

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Ce week-end, temps absolument radieux. Dans l’après-midi, carrément crevé par maman et alzheimer, je m’allonge un moment sur l’herbe au pied du Dôme, la tête entre les pâquerettes, le ciel bleu à la verticale de mes soucis, ne pensant plus à rien…

Et tout à coup, drôle d’impression : j’ai la perspective que doit avoir un gisant, je veux dire que c’est ce que doivent voir les morts quand ils sont allongés dans l’herbe, avec un petit vent frais, les fleurs qui bougent sur leurs tiges et les nuages qui passent tout là haut. On a parait-il les ongles qui continuent à pousser… Je n’ai pas osé regarder et je me suis levé ! Vite, avant qu’ils ne referment le couvercle !

Fatigue

La beauté de la nature me stupéfiera toujours

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Ce matin, comme tous les dimanches matins, je vais avec maman me ballader au Luxembourg. Histoire de voir où en sont la saison, les fleurs, les arbres, les ânes,les poneys… Le printemps est pile à l’heure, Dieu est toujours aussi grand et plein d’imagination. Le plus bel arbre en cette saison est celui dont la petite étiquette précise : “Malus floribunda, Sieb. ex Van Houtte. Pommier à fleurs, rosacées, hémisphère nord tempéré”. Je suis resté dix bonnes minutes à le contempler. Et à regarder le printemps passer dans la fraîcheur de ce dimanche matin des rameaux. Au Japon, ce sont les cerisiers qui remuent le coeur des hommes. Leur floraison les transforme en une caresse rose tendre aussi douce qu’un nuage du matin quand le ciel est à l’orient tout rose et le reste orné de bel azur limpide. Leurs fleurs sont d’une déchirante délicatesse et leurs pétales une fine pluie qui vient rappeler le caractère éphémère de la vie. De sorte que leur beauté n’est plus vraiment de ce monde : durant la courte période où les cerisiers sont en fleurs, une passerelle se crée entre la terre et l’au-delà, permettant aux âmes de circuler de l’une à l’autre. Comme l’écrit Aragon, dont j’ai en ce moment Le paysan de Paris dans la poche, j’en étais là de mes pensées, lorsque, sans que rien en eût décelé les approches, le printemps entra subitement dans le monde”…

Dieu est grand

Les fleurs en soins palliatifs …

fleurs_chirurgie2.jpg > Maman me tue : elle ne supporte pas de voir une fleur abîmée ou cassée. Alors elle passe des matinées entières à faire de la chirurgie lourde sur la table de la cuisine, avec des ciseaux, des rouleaux de scotch et des bouts d’allumettes pour faire des petites attelles en bois à l’endroit de la fracture … Et hop, les fleurs se retrouvent à nouveau avec leurs copines dans des vases. Au début ça m’ennervait un maximum. Surtout qu’il lui arrivait de le faire avec de minuscules fleurs qui rendaient l’opération extrêmement délicate et longue. Mais maintenant, je dois me rendre à l’évidence : les fleurs sauvées ont l’air parfaitement heureuses et durent encore plusieurs semaines après l’accident. Je retiens cette belle leçon de soins palliatifs !

Virgile, reviens, ils sont devenus fous !

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Je lis, dans le Monde de ce soir, que le Parlement européen allait (enfin) soutenir les apiculteurs dans leur combat contre l’insecticide Gaucho, responsable depuis des mois d’une véritable hécatombe de milliers d’abeilles. Le Régent – autre insecticide concurrent du Gaucho – décime également les abeilles (des analyses ont montré la présence en grande quantité, dans le tube digestif des abeilles mortes, de fipronil, la mollécule active du Régent). Des milliers d’abeilles meurent donc mais je n’entends pas parler d’un moratoire, ni même d’un refus explicite d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Pire, j’apprends que, pour traiter 25 000 décisions d’AMM par an, il n’y a que trois fonctionnaires, ce qui fait donc par fonctionnaire – je prends ma calculette – 32 décisions par jour ! Quand toutes les abeilles seront mortes les politiques auront des trémolos dans la voix et ils nous feront un “grand plan de sauvetage des abeilles” ! Mais il ne restera plus que des bourdons, des rats et des pigeons… Il n’y a déjà presque plus de moineaux….

13/10/2003 :: 13:57 – A propos de la disparition des abeilles au Nepal ou au Tibet, Anne-Marie Ducroux me parle d’une photo qui l’a touchée – et sa description me touche à mon tour – montrant des habitants qui, tous les jours, n’ont plus d’autre solution que … de pollenniser eux-mêmes toutes les fleurs, une par une, à la main, avec leur petit sac de pollen en bandoulière … Chaque fleur, de fleur en fleur, comme des papillons… Le coeur se serre.

J’irai le dire aux abeilles du luxembourg

Ruches en février – Les très riches heures du Duc de Berry
1412-16 Frères Limbourg, Musée Condé, Chantilly


Autres disparitions…
Disparition existentielle de Rilke
Disparitions des boites aux lettres…
et aussi
The Alphabet Fades Away
La disparition de l’écureuil
Disparition du peintre

Rendre à César ce qui appartient à César

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Rien à dire ce soir (comme depuis le début d’ailleurs). Juste ceci en vitesse : en rentrant, je passe devant le Dôme des Invalides. Au second plan, la création du Roi Soleil (le magnifique Dôme). Au premier plan : la Création de Dieu : des petits trèfles… J’ai bien regardé sous les feuilles : pas la moindre signature sur les tiges, rien… Humilité absolue de l’artiste : Dieu n’a pas jugé nécessaire de signer son oeuvre ; La classe !

Ça me fait plaisir et je me rappelle que quand la sonde Pioneer était passée entre les anneaux de Saturne, la NASA avait pris des clichés, et que, là aussi, on avait pu voir que Dieu n’avait pas mis son nom à l’intérieur des anneaux. Pas de © ! Les vrais artistes ne signent pas leurs oeuvres. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper et in saecula saeculorum. Amen.

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Juste pour se ballader…
Peut-être que Dieu en a marre
j’aimerai bien que Dieu m’accorde 3 secondes
Dieu surveille les pommes depuis le début de la Création ?