Notre Civilisation était mortelle mais, comme des ânes, on l’avait oublié !

J’avais lu Kenneth Clark à l’époque — tout comme Paul Valéry qui nous avait pourtant mis en garde (“Nous autres, civilisations savons maintenant que nous sommes mortelles”)… Mais, à l’époque, je n’imaginais pas que cela puisse vraiment arriver : les “barbares” ne me semblaient pas d’actualité, et la vieille “civilisation” occidentale me semblait plutôt bien assurée sur ses bases… Et pourtant — en quelques décennies à peine, et surtout de mon vivant ! — j’ai vu la civilisation commencer à trembler sur elle-même et menacer de s’effondrer comme une maison infestée de termites …

Au début on ne voit rien, et lorsqu’on s’en rend compte, il est trop tard car les poutres maîtresses sont complètement rongées de l’intérieur. Et ensuite l’effondrement peut survenir d’un coup, un peu à l’image des tours du 11 septembre : quelques “explosifs idéologiques” bien placés, et hop, en un instant, tout s’effondre dans un amas de débris et de poussière… On en est là je pense…

Mais bon, revenons à Kenneth Clark et au thread qu’a fait ThinkingWest, que je remercie et que je reprends ci-dessous.

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Une civilisation. aussi complexe, puissante et solide soit-elle, est en réalité assez fragile. Trois “ennemis” peuvent la renverser …

Le premier ennemi est la peur : la peur de la guerre, la peur de l’invasion, la peur de la peste et de la famine, qui font que cela ne vaut tout simplement plus la peine de construire des choses, de faire des enfants, de planter des arbres ou même de planifier les récoltes de l’année prochaine. La peur paralyse un peuple et étouffe son sens de l’aventure, de l’invention et les grands projets … La peur mène à la stagnation et au décourageant “à quoi bon”… ?

Le deuxième ennemi est le manque de confiance en soi. Kenneth Clark considérait la fin de l’Empire romain comme un excellent exemple d’une culture qui ne croyait plus en elle-même. Or la civilisation nécessite et requiert la confiance : la confiance dans la société dans laquelle on vit, la confiance en sa philosophie, la confiance en ses lois ou la confiance en ses propres capacités mentales. Les cultures doivent croire en quelque chose sinon elles s’effondrent…

Dernier ennemi : l’épuisement. Même avec un degré élevé de prospérité matérielle, les gens peuvent se sentir exténuées et être terrassés par un sentiment de désespoir. Clark établit une distinction entre les “agréments” de la civilisation et les facteurs profonds qui l’ont amenée à prospérer en premier lieu. Une société peut être morte et rigide même si elle jouit d’une grande richesse : les gens pensent parfois que la civilisation consiste en de belles sensibilités et de bonnes conversations… Ces “agréments” comptent parmi les signes agréables de la civilisation, mais ils ne sont pas ce qui fait et construit une civilisation. Donc, si l’on se demande pourquoi la civilisation grecque et romaine s’est effondrée, la vraie réponse est qu’elle était épuisée.

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En fin de compte, pour Kenneth Clark, les civilisations florissantes ont deux choses au-delà d’un niveau de base de prospérité matérielle : la confiance et la croyance. Mais il y a autre chose que les grandes civilisations partagent :

« Vigueur, énergie, vitalité : toutes les civilisations – ou époques civilisatrices – ont eu un poids d’énergie derrière elles », dit Clark. Où sont aujourd’hui l’énergie, la vigueur et la vitalité de l’Occident ?

Les réflexions de Clark sur les civilisations devraient inspirer une réflexion sur la nôtre : l’Occident croit-il encore en ses principes fondateurs, ses lois, sa philosophie, ses représentants ? L’Occident a-t-il finalement encore confiance en lui-même ? Et a-t-il même encore quelque chose à dire au monde ?

Ou est-il craintif, timide et pour tout dire épuisé et exténué ?

Je crois, malheureusement, qu’on a déjà la réponse …

Il aura fallu six volumes à Edward Gibbon pour décrire le déclin et la chute de l’Empire romain. Pour la chute de l’Occident, peut-être un simple tweet suffira ?

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« Les civilisations meurent par suicide, et non par meurtre. »
Arnold J. Toynbee

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« Chaque génération se croit vouée à refaire le monde.
La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est plus grande.
Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »

Albert Camus.

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PS. Finalement les Civilisations sont peut-être comme l’organisme humain : pour rester en bonne santé, elles doivent rester vigoureuses, ne pas se laisser aller et avoir de bonnes “défenses immunitaires” contre les idées qui veulent la détruire ; et si elles tombent malades, elles doivent immédiatement réagir pour guérir et rétablir leur dynamisme et leur vitalité… Maintenant comparez la récente pandémie et l’état de la Civilisation : depuis des décennies, les défenses immunitaires de la Société s’étaient affaiblies ; les “traitements précoces” pour redresser les choses ont été discrédités ; les “médecins de la civilisation” ont été ridiculisés et traités de réactionnaires. Ils n’ont pas pu prescrire à temps les mesures salutaires ; des “injections idéologiques expérimentales” ont été diffusées inlassablement dans tous les médias et à l’école ; même les effets secondaires dommageables à la Société ont été niés.. etc etc…
Maintenant repensez à la “Civilisation” et demandez vous pourquoi elle est en train de tomber en poussière. C’est exactement la même chose. Mais chut ! ne le dites surtout pas car ce serait du complotisme qui tomberait sous le coup de la censure d’État…

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Le commencement de la décadence…
Ah, la “vieille Europe” avait du bon !
Mais qui pense encore à la caverne de Platon ?


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