Les politiques sont incapables de penser l’avenir. La “structure mentale” de leur cerveau les en empêche

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Écrire sur la politique est devenu vraiment trop éprouvant. Tant à Gauche qu’à Droite, ils s’avèrent tous désespérément incapables d’inventer un avenir différent de ce à quoi ils ont été habitués depuis des décennies. Enfermés dans des structures mentales d’un autre âge, ils sont dans l’incapacité d’imaginer autre chose que ce qu’ils ont toujours connu : l’alternance désespérante soit de ronds de Gauche, soit de carrés de Droite, mais toujours enfermés dans la même grille qui a fait faillite. L’indispensable reconfiguration des structures — politique, institutionnelles, sociales, démocratiques ou numériques — est carrément hors de portée de leur cerveaux formatés par des idéologies datant du XIXe siècle ou déformés par l’ENA. Ils sont en fait incapables de penser “en dehors de la boite” — de leur petite boite crânienne étriquée, verrouillée et impuissante à concevoir autre chose que l’existant et le répétitif. Et donc je ne vais même pas essayer d’expliquer avec des mots (ils ne comprendraient pas) mais avec des images qui disent plus que mille mots…

L’image du dessous, c’est ce qu’ils tolèrent à peine : une fois tous les cinq ans environ — lors de scrutins qu’ils redoutent comme la peste — ils ont un petit tressaillement existentiel : des élections s’annoncent, les lignes Maginot qu’ils ont construites risquent de bouger et ils ont une peur panique. Et puis les gens votent, les lignes traditionnelles se remettent en place. Ils poussent un grand ouf de soulagement : tout se stabilise à nouveau et ils peuvent continuer leur petit train-train habituel. Le vent du boulet électoral est passé. Ils sont assurés de leurs petits fours pendant au moins quatre ans.

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Vous avez aussi une autre représentation de ce à quoi ils veulent bien se prêter : juste changer quelques têtes. Untel remplace untel, tu me remplaces ici et je te remplace là, on se tient tous par la barbichette et l’électeur n’y verra que du feu. On fait des remaniements ministériels qui ne sont qu’un jeu de chaises musicales, on donne l’illusion du changement et, hop, on peut continuer à danser en rond jusqu’au prochaines élections (avant lesquelles on changera sans doute encore quelques têtes pour donner encore l’illusion d’un changement fort ! Et ils s’étonnent que les Français en aient carrément par-dessus la tête de ces petits jeux stériles.

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Incapables de concevoir des structures dynamiques différentes

Ces “représentations” mentales” — qui font sauter les configurations classiques et exploser le cerveau comme les marrons chauds en hiver – paf! fonctionnent évidemment dans bien d’autres domaines que la politique. Celui du web en particulier. Je lisais ce matin un article passionnant d’Amaelle Guiton intitulé “L’Internet et le politique, en un (vieux) schéma” où sont présentés les trois shémas ci-dessous que je trouve tout simplement lumineux. Si nos politiciens pouvaient comprendre enfin la différence entre la configuration (A) — dans laquelle ils sont mentalement enfermés ; la (B) — qui serait déjà un progrès ; et surtout la (C), on aurait évidemment fait un immense bond en avant. Je vous laisse les regarder attentivement…

graphique-web

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Et tenez, pour que ce soit encore plus clair, je vous recopie carrément ci-après ce qu’en dit Amaelle Guiton dans son article : “… ce schéma est de la main de l’ingénieur américain Paul Baran, qui a rejoint en 1959 la RAND Corporation, un think tank californien originellement créé à la fin des années quarante pour conseiller les forces armées américaines. Au sein de la RAND, Baran a travaillé à concevoir un système de communication capable de résister à une attaque nucléaire. Ces travaux ont donné lieu à la parution, en 1964, d’une série de rapports intitulée “On Distributed Communications” . Ce schéma  est tiré du premier de la série ”Introduction to Distributed Communications Networks”.

C’est à la fois clair, d’une absolue simplicité, et incroyablement évocateur. Ce que propose Baran — de manière très audacieuse pour l’époque — c’est une infrastructure de communication sans centre névralgique, sans « point unique de défaillance » (single point of failure), et dont le maillage assure la résilience : même si l’un des points du réseau disparaît, l’information continue à circuler entre les autres. Mais on peut aussi, évidemment, voir dans cette structure distribuée une « forme politique » — l’effacement des points d’entrée, des gatekeepers, au profit de liens égalitaires entre les nœuds du réseau”.

Voilà, maintenant si vous écoutez des politiques parler à la radio ou à la télévision, demandez-vous quelle est la configuration exacte de leur cerveau (A), (B) ou (C) ! Et faites comme moi : éteignez le poste immédiatement. Ils n’en valent pas la peine.

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L’article d’Amaelle Guiton
Les configurations de Max Escher
Pour un big bang Copernicien en politique

Source des animations : ©David Whyte
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9 responses to “Les politiques sont incapables de penser l’avenir. La “structure mentale” de leur cerveau les en empêche

  1. On ne choisit pas d’être élu pour faire une partie de plaisir
    La confiance en certains élus est rompue.
    Le temps que la justice réagisse, toutes traces de preuves de forfaitures ont disparu.
    Quant un élu est souffrant rien ne l’oblige à consulter un psychiatre.
    Personne n’a envie de voter pour un candidat qui le lendemain de son élection fait le contraire de ce qu’il a promis.
    Quand on vote, le plus souvent c’est plutôt un moyen d’éliminer plutôt que d’adhérer.
    Les pressions (ou chantages) obligent certains élus à se renier.
    Les élus font de l’absenteïsme leur seconde nature.
    Être élu n’implique pas obligatoirement d’avoir la science infuse ni celle du discernement.
    La cacophonie qui règne dans certaines assemblées montre à l’évidence un nombre pléthorique de participants.
    … et ainsi de suite …

    Si nous voulons conserver un semblant de démocratie, il faut en arriver au contrôle de ces élus “on line”, aujourd’hui certains d’entre eux disposant de pouvoirs discrétionnaires inconvenants . . . et puis ceux qui ne seraient pas contents n’auraient qu’à ne pas se présenter.

  2. Pingback: Le cerveau archaïque des politiques | Contrepoints

  3. Qu’ajouter aux précédents commentaires ?
    Que nos élus et leurs cercles ne pensent qu’à eux et surtout qu’ils ne voient qu’à court terme.

    Structure de leur cerveau ? En ont-ils seulement un en état de fonctionner ?
    Je crois les politiques dépourvus de cœur, de cerveau, de conscience ; juste des portefeuilles.

  4. Skwal

    Lumineux comme tu dit ! Ces gens sont incapables de penser en 3D…
    Tout juste réseaux (les leurs hein, faut pas déconner non plus !)

  5. Luz

    De même que les dindes ne votent pas pour Noël, nos élus ne saborderont jamais une structure aussi avantageuse à titre individuel, pour eux et pour leurs copains. Champions de l’optimisation fiscale, passant leur temps à pérorer et à FAIRE DE LA PÉDAGOGIE auprès du bon peuple – car oui, ils osent, et personne ne bronche, il y a même des amis journalistes à eux qui proclament qu’ils n’en font pas assez), toujours entre avions, coktails, interviews, déclarations et réunions publiques, ils confient à leurs larbins, à peine sortis de l’école et jamais passés par l’entreprise, sinon comme stagiaires, le soin de réfléchir au sein de commissions et de pondre des rapports sur l’économie qu’ils font lire et analyser par d’autres sous-fiffres un peu plus gradés que les précédents. Ils parlent en notre nom, assurent crânement par exemple que “les Français sont très attachés à leur système social”, “Les Français préfèrent que le pays s’endette plutôt que de diminuer le train de vie de l’état”, “l’austérité est dangereuse économiquement” et c. Eux et leurs camarades journalistes posent des diagnostics psychiâtriques sur la population quand elle rechigne, évoquant des problèmes d’hystérie ou de psychose si le peuple prétend éprouver parfois un sentiment d’insécurité. Et tout ça bien sûr au nom des bons sentiments, de la morale, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Et pendant ce temps là l’Élysée, à nos frais, se transforme en Hôtel des Menus Plaisirs. Quel bonheur pour nous de voir la mine épanouie du plus haut personnage de l’état, heu-reux.

  6. Le fait d’être élu démocratiquement, comme celui d’être oint, ne confèrent aucune quelconque qualité automatique d’intelligence; exemple au hasard … hollandouille et bien d’autres.
    Quelle chance ! nous ne sommes ni élus, ni oints

  7. Orage

    L’accumulation de leurs diplômes (Sciences Po, l’ENA) a longtemps fait illusion. Mais on ne sait pas ce qu’on y apprend…ou comment leurs cerveaux y sont formatés, comme dans l’Ecole de la Magistrature.
    On pouvait penser naïvement que cette accumulation de diplômes leur donnerait une vision d’ensemble des problèmes actuels et une appréhension lucide de l’avenir par rapport au présent. Mais que constate-t-on?
    Ils sont peut-être lucides mais ne les intéressent que leur propre avenir, leur carrière et les magouilles possibles dont ils peuvent tirer parti. Aucun sens du bien du pays dont ils n’ont strictement rien à faire,
    Ils passent d’un ministère à l’autre, comme si on demandait à un prof d’anglais d’enseigner les maths puis la géographie puis l’éducation physique.
    Compétents en tout? Non, habiles à se faire valoir dans leur camp au prix de compromissions et probablement de chantages masqués dont nous ne savons rien.
    Pourquoi Taubira est-elle toujours en poste? Elle doit avoir des dossiers sur qui nous savons.
    Ces gens-là me dégoûutent.

  8. Christian54

    Le troupeau bêlant des abonnés du 13 heures

  9. Orage

    Qui les écoute encore, à part le troupeau bêlant des habitués du 20 heures?

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