Comme ma grand-Mère pendant la guerre, je mange des topinambours !

Quand j’étais petit, j’étais toujours étonné d’entendre ma grand-Mère dire qu’ils avaient terriblement souffert pendant la guerre à Lyon parce qu’il n’y avait “ni beurre, ni chocolat et qu’ils étaient condamnés à manger des topinambour et des rutabagas”… Contrairement à la pomme de terre, les topinambours et les rutabagas n’avaient en effet pas été réquisitionnés au titre des indemnités de guerre à verser à l’Allemagne. Donc ma grand-Mère en mangeait et moi, bonne poire, je la plaignait en me disant : “Mon Dieu, manger des topinambours, mais quelle horreur ! Ça a dû être terrible”…

Depuis des décennies heureusement (depuis que j’ai lu le Dr Kousmine* en fait), je ne mange pas le moindre gramme de beurre. Et, depuis que je vis à la campagne, je me bourre littéralement de topinambours que je trouve absolument excellentissimes car ils ont carrément le goût d’artichaut sans qu’on ait à les faire cuire quarante minutes, à se racler les dents sur les feuilles et à s’emmerder avec le foin qu’il y a dans le coeur. En tout cas je ne sais pas pourquoi ma grand-Mère se plaignait (de la guerre bien sûr et je la comprends) mais manger des topinambours est pour moi un “ravishing delight” comme aurait dit Shakespeare ! Voilà avec quoi je revenais du marché ces dernières semaines : les topinambours ce sont les tubercules genre pomme de pain, malheureusement la saison se termine :

Je cuis tout à la vapeur (avec des betteraves rouges, des carottes, des pommes de terre etc) et cela me donne un truc comme ça :

Autre avantage du topinambour : étant une espèce du même genre que le tournesol, ses grandes fleurs jaunes sont très belles :

Mais ce que j’aime dans les topinambours — je dois être un gueux du Moyen-âge — ce ne sont pas les fleurs mais les tubercules. Régine Pernoud, la grande historienne du Moyen-âge, avait stigmatisé notre méconnaissance profonde de ces immenses siècles qu’on qualifiait alors — de façon méprisante — de “sombres”, “d’obscurs”, de “noirs” ou de “ténébreux”… La bêtise de l’enseignement général sur cette période était tellement crasse que l’opinion publique était persuadée — et elle l’est sans doute encore — que les gens du Moyen-Age n’étaient qu’un ramassis de gueux obscurs, tellement indigents et miséreux, qu’ils en étaient réduits à gratter la terre et à …”manger des racines”…

Eh bien figurez-vous que moi c’est ce que je fais : comme un gueux du Moyen-âge, je mange des racines : des radis noirs, des navets, et surtout des … topinambours. Elle n’est pas belle la vie ?

*

Ah, ces gueux du Moyen-âge !

Le livre du Dr Kousmine qui a changé ma vie

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