Les nouveaux “socio-démagogues” et le syndrome de la “barbe à papa” …

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Ce qui est cool avec la propagande gouvernementale, c’est qu’elle est terriblement rassurante. Comme de la barbe-à-papa agréablement sucrée et gentiment rose bonbon, elle a tout pour plaire et surtout désamorcer les appréhensions. Avant-hier, par exemple, le Président affirmait aux Français qu’il avait “entendu leur message”. Certains ont aussitôt cru qu’il avait pris conscience de la gravité de la situation de la France, qu’il allait annoncer des efforts et des économies historiques pour réduire le poids de l’État. Mais pas du tout : Hollande a aussitôt précisé qu’il n’était pas question de “faire des économies pour des économies” (sic) mais au contraire de “rendre l’État plus efficace et plus solide”. Donc rien ne changera vraiment : toujours pas d’économies massives pour réduire la gabegie d’un État qui ne se réformera décidément jamais. L’habileté politicienne et la communication politique c’est tout un art vous savez …

Ils s’occupent de “l’ornemental” — jamais du “fondamental”

Avec des politiciens de carrière accrochés à leurs strapontins et leurs avantages, tout n’est qu’une question de communication. D’ailleurs s’ils échouent ce n’est jamais parce qu’ils ont tout faux, mais parce qu’ils ont “mal communiqué”. Avec eux, rien n’est jamais fondamental : tout est ornemental. Tout est dans le choix des mots : il suffit d’écouter un Porte-parole du Gouvernement pour comprendre. Tout est question d’habillage comme le choix des couleurs des robes ou des vestes des femmes du Gouvernement. Ça n’a l’air de rien la Com’, mais c’est un gros boulot vous savez !

Tout est dans le choix des formules qui rendront l’effort inutile en brouillant les pistes. Hollande n’a pas dit, en installant son “Gouvernement de combat”, qu’il allait tailler courageusement dans les dépenses (ça aurait fait peur) mais qu’il allait “combattre le fatalisme” (ça c’est du courage !). Il n’a pas dit qu’il allait réduire la dette (comment tous ces politiciens vivraient-ils), mais qu’il allait “combattre la résignation”… Il n’a pas dit qu’il allait réduire les impôts … mais qu’il y aurait “une baisse programmée” des prélèvements (notez le mot “programmée” – c’est comme au Moyen-Orient avec le “processus de paix” : ça fait plus de trente ans qu’on est dans le processus et que c’est toujours la guerre !). Il n’a pas dit qu’il allait s’occuper enfin des 6 millions de chômeurs, mais qu’il allait “mener un combat pour l’avenir, l’espoir, la confiance….” Ça a tout de même plus de panache, non ? A la télé en tout cas, quand — pour indiquer la gravité des mesures prises — il a brandi sans trembler la barbe-à-papa, on a vraiment senti le courage du grand homme d’État quand il annonce de grandes décisions qui marqueront l’histoire !

De la com’, encore de la com’, toujours de la com’…

S’il faut parler d’efforts, ils le feront à demi-mots. Et surtout ils “feront de la Com'” pour enrouler tout ça dans un maximum de barbe à papa. Valls l’a d’ailleurs clairement indiqué lors de son premier Conseil des ministres : “Les membres du gouvernement devront veiller à la bonne intégration des contraintes de la communication dans la démarche de réforme”. Tout est dit de leur obsession. Clemenceau déclarait : «Je fais la guerre !». Hollande, Valls et Le Foll eux font de la Com’. Comme disait ma Grand-Mère : on a les hommes politiques qu’on mérite … A quoi bon se crever à agir vraiment quand ça risque de mécontenter des électeurs et qu’il suffit de “communiquer” pour apaiser ?

Agir ? Hollande qui ne sort jamais de son bureau n’a de toute évidence jamais compris le slogan de Nike :
Nike-HollandeB
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Just do it ? Mais ils sont fous ces gens du privé ! Si la Com’ prend une telle place au plus haut niveau de l’État, c’est que le but n’est évidemment pas de faire , mais de “dire” qu’on va faire. Pas d’obtenir des résultats mais de fixer sans cesse de nouveaux “objectifs” ! Pas d’agir pour sauver la France (quelle idée mon Dieu) mais de “rassurer” l’opinion ! C’est leur grand truc ça : redonner confiance et rassurer ! (leur façon à eux de dire “anesthésier l’opinion”). Dans une interview accordée au JDD, le nouveau Premier ministre vient d’ailleurs de tracer les grandes lignes de sa future politique :“Mon état d’esprit, c’est d’apaiser.”. Bingo. Vous imaginez le capitaine du Titanic se rendant sur le pont arrière pour vous “apaiser” en demandant à l’orchestre de jouer une musique plus douce ? Vous auriez plutôt envie de lui tapez sur la figure en voyant qu’il n’y a pas assez de chaloupes de sauvetage pour tout le monde !

Démocratie et démagogie…

Le problème de la démocratie c’est qu’il faut se faire élire. Les démagogues adorent. Imaginez, par exemple, qu’on ait à Droite des responsables qui, soucieux de sauver le pays, (j’invente évidemment) appellent à la rigueur, à la maîtrise des dépenses publiques, à la réduction de la dette, à un État réduit… À Gauche, immédiatement, les gens hurleraient à “l’austérité”, à la “casse des services publics”, à “l’ultra-libéralisme sauvage” ! Et, à l’inverse, ils proposeraient l’antidote démagogique à la rigueur : davantage de “solidarité”, de “justice sociale”, de droit-z-aquis, de statuts protecteurs, d’aides, de subventions, d’avantages, de dépenses, d’allocations, de garanties …

Si vous aviez à choisir entre la cuiller d’huîle de foie de morue (pouah) et une barbe à papa bien rose, sincèrement, ne me dites pas que vous hésiteriez. Et qui d’après vous gagnerait le plus de voix aux élections suivantes ? (le méchant médecin prescrivant un remède qui vous sauverait, ou le marchand sympa qui vous tuera en vous alléchant avec son cholestérol badigeonné en rose ?).

L’homme qui refusera la démagogie et dira “je vais réduire les déficit publics” aura peu de chances d’être élu ou réélu. Pour gagner les suffrages, il devra plutôt proposer (genre Hollande), des “pactes” de solidarité et de justice sociale… Ou, (genre Sapin) dire : “nous allons demander à l’Europe un nouveau délai pour réduire le déficit”. Ou, (genre Montebourg) dénoncer “L’Europe austéritaire”… En fait, ils n’ont qu’un seul but : rester en poste, tenir le plus longtemps possible — et donc repousser à tout prix les “efforts” (suicidaires politiquement) aux calendes grecques. Ministres du Gouvernement et Parlementaires même combat : édulcorer, apaiser, rassurer, ne surtout pas prendre les décisions difficiles et audacieuses que demande le Pays. Ça a un nom en politique : ça s’appelle le renoncement. (renoncement au courage évidemment, pas renoncement aux postes !).

La dette ? mais sous le tapis voyons !

Dissimuler la vérité, mais ils font ça depuis des décennies, et ça a marché : personne n’a rien dit. Et c’est pour cela que la France va de plus en plus mal. Si vous ne les appelez pas à l’effort, les Français sont d’ailleurs très contents. Ils poussent un grand Ouf de soulagement totalement indigne comme à l’époque de Munich ! Vous vous rappelez Daladier ?

En 1933, après avoir signé les accords de Munich, Daladier atterrissait au Bourget : à sa sortie de l’avion, il est à sa grande surprise acclamé comme le sauveur de la paix. Selon Alexis Leger, il se serait exclamé, : « Ah les cons ! S’ils savaient ! » Dans ses Mémoires, il dira : « Je m’attendais à recevoir des tomates et j’ai reçu des fleurs ».

C’est exactement ce qui s’est passé avec nos hommes politiques, l’absence de rigueur et la dette. On aurait du leur lancer des tomates et les virer. On les a réélus !

C’est ainsi que rien n’a jamais été remis en cause et que les politiciens de carrière ont pu continuer à dépenser massivement sans rien changer aux politiques qui conduisaient le pays à la faillite : en empruntant et en vivant à crédit ! Mais attention, ils sont experts en dissimulation : ils n’ont jamais avoué que la dette ce n’était pas bien ou que les générations suivantes devraient payer leurs ardoises. Ils l’ont juste fait en douce sans le clamer sur les toits : Chut ! D’un geste rapide du pied, Parlementaires et ministres de tous bords ont tout mis sous le tapis et hop, ni vu ni connu, ils ont pu continuer à rouler dans leurs limousines et distribuer leurs subventions à leurs clientèles électorales … et, magique, ils ont été réélus. Cool hein !

Gorgias vendait déjà de la barbe-à-papa !

Je ne sais pas si vous avez lu le Gorgias de Platon, mais il explique très bien ce problème de la rhétorique mensongère qui permet à la parole sucrée d’emberlificoter les gens en leur faisant prendre des vessies pour des lanternes (pensez “Porte-parole du Gouvernement” et barbe-à-papa ici). Dire la vérité — surtout si elle est dure — c’est évidemment autre chose que chercher simplement à flatter et séduire les citoyens pour obtenir leur vote. Quand il y a des décisions graves, vous avez le choix entre “le sang et les larmes” (Churchill) et la barbe-à-papa dérisoire (Hollande)… Deux sortes d’hommes politiques : soit des géants soit des nains, votre choix.

Dans le Gorgias, Socrate dénonce cette pratique des sophistes qui consiste à manipuler l’opinion en ne cherchant pas à apporter la Vérité ou le savoir rationnel mais à répandre des discours mensongers (des “éléments de langages” ministériels) qui faussent le jugement des citoyens.

Rechercher le Bien et la Vérité n’est manifestement pas la préoccupation des politiciens qui gouvernent la France. Sinon ça se saurait et ils ne seraient pas méprisés à ce point et aussi bas dans les sondages ou dans les urnes. Mais le plus terrible, c’est qu’on pourrait s’attendre à ce que — sur certains sujets gravissimes — ils essayent au moins de rechercher un peu de vérité. Mais non, ils continuent à dissimuler et mentir honteusement, comme par exemple sur la nécessité de faire des économies ou sur la bombe à retardement d’une dette de 2000 milliards d’euros qu’ils ont allumée dans notre dos et que, depuis des décennies, ils dissimulent lâchement sous le tapis !

Le règne des “socio-démagogues”

Nos dirigeants ne sont pas des “démocrates” ni même des “socio-démocrates”, mais des socio-démagogues qui traitent leurs peuples et les électeurs comme des enfants à qui il ne faut pas dire la vérité, et à qui il faut distribuer promesses et mensonges.

Entre un médecin qui dit que le sucre est très mauvais pour la santé, et un pâtissier qui leur propose de la barbe à papa si délicieusement rose, qui est, d’après vous, celui qui dit la vérité pour la santé des enfants ? Le médecin ou le pâtissier ? Le Porte parole du Gouvernement ou quelqu’un comme, disons, Didier Migaud qui, imperturbablement, depuis des années, aligne ses rapports de la Cour des Comptes et alerte — en vain — les Pouvoirs publics sur les dérives financières d’un État en faillite ?

Pour Hollande — dont le courage politique n’est à l’évidence pas la qualité fondamentale — la réponse est évidente : continuons à distribuer de la barbe-à-papa et des friandises roses et sucrées. Ne parlons pas d’effort car il ne faut pas stresser les électeurs. “Communiquons”, continuons à ne surtout pas dire la vérité sur la dette qui sert à financer la gabegie. Ne réformons pas l’État, continuons à dépenser et à multiplier les “pactes” et les annonces sans lendemain. Tout cela mettra évidemment le pays à plat, continuera de remplir Pôle emploi, avant de dégénérer inévitablement en émeutes urbaines … Mais bon, après nous le déluge…

Le Gouvernement vous ment. C’est pour ça qu’on dit le Gouvernement

Tragique ce divorce entre la réalité qui crève les yeux et le discours anesthésiant des politiciens. C’est précisément pour pulvériser l’influence néfaste de la Parole Gouvernementale qu’il faut lire le Gorgias de Platon. Vous voyez qu’il y a tout de même parfois un peu de logique dans mes pauvres posts :-)

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L’arme à 3 coups de Valls
Tralali tralalère ils ne manquent pas d’air

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8 responses to “Les nouveaux “socio-démagogues” et le syndrome de la “barbe à papa” …

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  2. NP

    “Le problème de la démocratie c’est qu’il faut se faire élire.”

    Ce n’est pas le problème de la démocratie par nature.

    Des régimes démocratiques peuvent ne pas s’appuyer sur des gouvernants élus (monarchie parlementaire par exemple). Par ailleurs, et comme vous le mettez en avant si pertinemment, les votations suisses assurent une dose de démocratie tout à fait efficace sans que cela n’implique des élections.

    En revanche, le besoin de se faire élire, introduit naturellement une perversité qui se traduit par clientélisme, démagogie et immobilisme. Et par là, la mort de la démocratie.

    • ” clientélisme, démagogie et immobilisme…”

      Je propose juste de garder la démocratie et de refuser la démagogie. Ça ne me gène pas qu’il y ait des démagogues — il y en aura hélas toujours — à condition que le Peuple, lui, rejette la démagogie ! Ce serait son honneur. Mais, pour cela, il faut évidemment être éduqué (notamment en économie), informé (pas par des médias sss serviles soumis et subventionnés) et, bien sûr, ne pas prendre au sérieux la poudre de perlinpinpin des démagogues !

  3. Loupi

    Socialo in caviardo veritas.
    Pedalo et mergitur.
    De profundis…

  4. Christian

    Ces politiciens sont réellement à vomir…
    Imperturbables dans leur sectarisme, figés dans leurs postures ridicules, ils mentent, trompent, volent leurs électeurs sans vergogne et osent toujours donner des leçons de morale.
    La cubomeduse qui nous gouverne agite fiévreusement ses tentacules pour faire croire qu’elle agit, mais elle ne fait bouger que les molécules d’eau. C’est à la fois ridicule, pitoyable et à le limite de la forfaiture.

  5. =*_*=

    S’il n’y avait que les politiciens, on pourrait encore s’en débarrasser… mais le peuple français qu’en fait-on ? lui aussi me fait peur… il y a 2-3 ans lors de la votation en Suisse pour une 6ème semaine de vacances (l’initiative avait été lancée évidemment par les socialistes, qui avaient recueilli assez de signatures pour qu’un référendum ait lieu), à une immense majorité le peuple suisse avait dit NON ! wahouuu les sarcasmes que j’ai entendus autour de moi (en France), qui peuvent se résumer ainsi : ils sont cons ces suisses ! Il est clair que les français auraient voté OUI ! oui, le peuple français préfère, quitte à en crever, la barbe à papa quelle que soit sa couleur!

    • NP

      Il n’y a pas de comparaison possible entre deux situations dont la base de départ est différente. Les suisses, s’ils n’ont pas 6 semaines de CP, n’en éprouvent naturellement pas le besoin et ce, d’autant mois que le contexte n’y est pas favorable.
      Les Français ont déjà 6 semaines et jugent le vote suisse comme une renonciation à cet avantage qu’ils ont déjà. C’est à dire avec un biais.

      Pour comparer, il faudrait analyser un vote où les Français devraient se décider pour avoir ou pas une 7ème semaine. Pas sûr que leur vote soit différent de celui des Suisses…

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