Des ultra-rayonnements de détresse que seuls les anges entendent…

J’ai regardé pendant longtemps ces yeux étonnants de l’autoportrait de Rembrandt, et pensé à cette phrase de René Char (Feuillets d’Hypnos, 1943-1944) :

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Les yeux seuls sont encore capables de pousser un cri

Mais qui serait à même d’entendre ce cri ? Seuls les anges du ciel sans doute… Mais pour l’instant, ils ont beaucoup trop à faire sur la bordure de la galaxie… Comment leur en vouloir de ne pas toujours être à notre écoute ?

Rilke parle de cette détresse dans sa Correspondance :

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Enfin, il y a sûrement un degré de détresse qu’entendent les anges, des ultra-rayonnements de détresse que les humains ne perçoivent pas, qui traversent leur monde épais et ne peuvent faire retentir qu’au-delà, dans la lumière d’un ange, un violet sourd, douloureux, comme l’améthyste dans sa géode.

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Je ne peux pas m’empêcher de voir une correspondance entre les yeux hagards de Rembrandt et les “yeux” des planches en bois d’une palissade que j’avais photographiée à l’époque où la Mairie de Paris avait décidé de saccager la vieille Pagode, rue de Babylone …

Les planches en bois de la palissade de la rue de Babylone, le long de la Pagode :

Rembrandt, Autoportrait, 1630, eau-forte et burin, 50 × 43 mm
Rijksmuseum Amsterdam, British Museum, Nationalmuseum (Stockholm)

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Sur cette même palissade, je me rappelle qu’il y avait également une planche qui me faisait penser à l’avant d’une petite barque !

voilà la planche :

et voilà ce que je voyais dans ma tête (un pétale de fleur de soleil que j’avais dans un vase)

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La petite barque-pétale de fleur de soleil …
Dante et Virgile entrent dans la barque de Phlégyas…
La détresse que seuls quelques anges pourraient entendre…

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